Eligibilité de Ouattara et limogeage de Wodié – KKB crache du feu : « Le Conseil constitutionnel doit dire le droit et respecter strictement la Constitution ». « Le peuple et les partis politiques doivent prendre leurs responsabilités »

Par IVOIREBUSINESS - Eligibilité de Ouattara et limogeage de Wodié – KKB crache du feu « Le Conseil constitutionnel doit dire le droit et respecter strictement la Constitution ». « Le peuple et les partis politiques doivent prendre leurs responsabilités et obliger Ouattara à organiser des élections libres démocratiques et transparentes ».

Le Député KKB, candidat à l'investiture du PDCI pour l'élection présidentielle de 2015.

DECLARATION DE KOUADIO KONAN Bertin (KKB), CANDIDAT A LA PRESIDENTIELLE DE 2015

J'ai appris, ce mardi 3 février 2015, dans un communiqué lu par le Secrétaire général de la présidence de la République, la démission du président du conseil constitutionnel, le professeur Francis Wangah WODIE et son remplacement immédiat par Koné Mamadou, jusqu'à la date de sa nomination, Président de la Cour suprême.

Si l'officialisation de la démission du Professeur Wodié met fin aux rumeurs qui se sont emparées du landerneau politico-médiatique depuis quelques jours, elle est source d'une grande inquiétude et alimente le champ des interrogations : pourquoi le juge des élections politiques choisit-il de rendre le tablier à quelques mois de la présidentielle ? Quelle lecture pouvons-nous faire de la réaction de Monsieur Ouattara ? Quelles conséquences sur le processus électoral ?

Tout renoncement volontaire à un poste et aux avantages qui s'y rattachent est toujours un acte de haute portée morale qui rétablit et/ou accroît l'honneur de celui qui le pose. Cet honneur est encore plus noble et l'estime davantage infinie quand le renoncement en question concerne une institution aussi prestigieuse de l'Etat comme le conseil constitutionnel.

En faisant le choix de partir de lui-même du Conseil constitutionnel, l'éminent professeur de droit qui a tant donné à notre pays en formant des générations entières de juristes, montre ainsi à tous que si nous voulons faire avancer la cause de la démocratie dans notre pays, nous devons être prêt, parfois, à sacrifier notre confort matériel personnel à des valeurs.

Dans un pays où la course à toutes les formes de facilité semble devenir la règle, y compris de la part de ceux qui doivent, en toutes circonstances, donner l'exemple, l'acte posé par le professeur WODIE, une première dans notre pays, est à saluer.

En attendant que l'intéressé lui-même fournisse à nos compatriotes les motifs de sa démission, je ne peux m'empêcher de l'interpréter comme la transposition dans l'espace public du débat, jusque-là entre spécialistes, sur les conditions d'éligibilité de monsieur Ouattara à l'élection présidentielle d'octobre 2015.

En tant que candidat à la présidentielle à venir, s'il ne m'appartient pas de choisir mes adversaires, je n'attends pas moins du juge constitutionnel qu'il dise le droit dans le strict respect de notre constitution.

Dans cette attente, je ne peux rester sans réaction face à la nomination de Monsieur Koné Mamadou à la tête de l'organe régulateur des pouvoirs publics de notre pays.

En effet, alors qu'il ne rate aucune occasion pour nous marteler qu'il n'est ni de près ni de loin mêlé à la rébellion, monsieur Ouattara gouverne au grand jour avec ses leaders.

A peine a-t-il pris acte de la démission du professeur WODIE de la présidence du Conseil constitutionnel, qui y nomme-t-il ? Monsieur Koné Mamadou, celui-là même qui avait pris la tête de l'aile politique de la rébellion quand Guillaume SORO a été nommé à la Primature afin, croyait-on, de donner une chance à la normalisation de notre pays.

En appelant à la rescousse cet ancien cadre de la rébellion devenu depuis militant du RDR, et en se repliant exclusivement sur quelques personnes issues du même moule tribal, monsieur Ouattara montre qu'il n'a aucune confiance dans le vote des ivoiriens.

Après l'échec de la candidature unique, il en est désormais au verrouillage du processus électoral et à sa confiscation pure et simple. Jugez-en vous-même :

Pour débrouiller la difficulté de sa candidature et contrôlé de bout en bout le processus électoral, il peut compter sur Koné Mamadou, nouveau Président du conseil constitutionnel ; pour organiser sur le terrain les élections, Youssouf Bakayoko, président de la CEI, et Hamed Bakayoko, ministre en charge de la sécurité et patron du corps préfectoral, sont à la manœuvre ; pour annoncer la victoire via les antennes de la RTI, pas de problème, Ahmadou Bakayoko, DG de la RTI, veille au grain ; pour la "sécurisation" du processus, Soumaïla Bakayoko, chef d'état major des FRCI, peut être d'un très grand secours.

Comme chacun peut aisément s'en rendre compte, les élections de 2015 seront quasiment une affaire des Bakayoko et allié, une connexion RDR-Rebellion, au service exclusif du candidat Alassane Dramane Ouattara.

C'est le lieu de rappeler que la Côte-d'Ivoire, ce sont au moins 60 ethnies et de subtiles équilibres régionaux, garants de notre unité nationale, qu'aucun dirigeant ivoirien avant monsieur Ouattara n'a osé braver avec autant d'aplomb et de provocation.

Il y avait déjà le "rattrapage ethnique", une CEI monocolore et partisane ; il y a maintenant le parachèvement du dispositif qui doit conduire au hold up électoral.

En conséquence, préoccupé par l'obsession du régime Ouattara à s'octroyer la victoire avant toute compétition électorale digne de ce nom et sans le moindre égard pour nos compatriotes qui veulent sortir du cycle des violences électorales,

Moi, Kouadio Konan Bertin (KKB), député à l'Assemblée nationale et candidat à l'élection présidentielle de 2015,

Je dénonce avec la dernière énergie, la confiscation du processus électoral et le passage en force qui s'organise au grand jour au profit de monsieur Alassane Dramane Ouattara.

J'engage la société civile ivoirienne à prendre ses responsabilités, pendant qu'il est encore temps, pour dire stop au déni démocratique et prévenir ainsi la descente aux enfers de notre pays ; pour cela, la première des actions à mener pourrait être d'organiser une pétition sur la confiscation du processus électoral.

J'invite la communauté internationale et nos partenaires bilatéraux et multilatéraux au développement à user de leur influence pour faire prendre la voie de la sagesse à Monsieur Ouattara afin de mettre notre pays à l'abri d'une nième crise électorale.

Je lance un appel à toutes les forces démocratiques de ce pays à nous retrouver rapidement afin de mettre en place une plateforme d'initiatives communes et graduées destinées à contraindre monsieur Ouattara à accepter le jeu démocratique et à organiser un scrutin juste et transparent.

En tout état de cause, le passage en force qui se met en place de manière grotesque et sans le moindre égard pour nos compatriotes est inacceptable. Et il ne sera pas accepté.

Faite à Abidjan, le 7 février 2015
KOUADIO KONAN Bertin (KKB)
Député à l'Assemblée nationale
Candidat à l'élection présidentielle de 2015

NB: Le titre est de la rédaction.