Côte d'Ivoire: Crise ivoirienne, l’illusoire travestissement de la réalité

Le 26 septembre 2011 par Correspondance particulière - La Côte d’Ivoire a été pendant plusieurs mois, au plus fort de la crise sociopolitique qui la secoue, sous le feu des projecteurs des

Alassane Dramane Ouattara.

Le 26 septembre 2011 par Correspondance particulière - La Côte d’Ivoire a été pendant plusieurs mois, au plus fort de la crise sociopolitique qui la secoue, sous le feu des projecteurs des

média internationaux. La guerre engendrée par cette crise a connu un dénouement des plus tragiques. A la faveur de la prise du pouvoir par Ouattara Alassane, ces média semblent ne plus s’y intéresser, partis sous d’autres cieux, à la recherche d’évènements plus ‘’croustillants’’. On pourrait alors penser que la page Gbagbo est complètement tournée et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dans ce pays. C’est du moins ce que tentent de faire croire, ces derniers temps, Ouattara et ses complices, à l’opinion nationale et internationale. Or, cette guerre qui ne se justifie d’ailleurs pas, a sans conteste, contribué à déstabiliser la société ivoirienne et à mettre à mal l’unité nationale. Elle a aussi et surtout remis en cause des acquis de démocratie, de libertés individuelles et de souveraineté de la Côte d’Ivoire.
Comment les récentes manœuvres du régime en place, visent-elles à nier cette évidence, mais aussi comment ce régime cherche, de manière désespérée, à falsifier les tristes réalités que vit le peuple ivoirien. Analyse des faits.
Pour ceux qui ne le sauraient pas, Alassane Ouattara, sur avis de ses complices occidentaux, a engagé une vaste opération de charme médiatique aux yeux de l’opinion publique. Eu égard les conditions funestes dans lesquelles il s’est accaparé le pouvoir d’Etat en Côte d’Ivoire. En effet, nul n’ignore le scénario rocambolesque dans lequel, acteurs français et américains se sont tristement illustrés: les forces armées françaises et onusiennes, arment les rebelles. Bombardent tout. Capturent le Président des ivoiriens et installent leur poulain, Alassane Ouattara. Figurez-vous, chers lecteurs que cette version des faits de l’histoire, au demeurant juste, est a été censurée par le CNP (conseil national de la presse). Un organe pourtant chargé de garantir et promouvoir la diversité des opinions dans la presse, conformément aux dispositions de la loi. Nous y reviendrons.
Aujourd’hui, plus que jamais, il faut donc à Alassane Ouattara, dorer son blason et celui de son régime. Pour ce faire, Ouattara et son gouvernement se livrent, sur tous les fronts, à des mises en scènes qui se veulent très médiatiques. Au plan international, les entretiens et discours de l’homme sur les chaînes de télé se succèdent. Ses propos sur TF1, sonnent encore aux oreilles des ivoiriens: « La Côte d’Ivoire va mieux. Les moments difficiles sont passés ». Son récent discours à la tribune de la 66ème assemblée de L’ONU, diffusé, rediffusé, commenté et relayé dans la presse proche du pouvoir… RTI 1, la télévision nationale, joue aussi sa partition : au menu, des reportages sur la participation de la Côte d’Ivoire à divers salons d’échanges culturels. A la suite de ces reportages on peut écouter le commentaire suivant : « La Côte d’Ivoire reprends sa place de choix dans le concert des nations ». Au plan national, les théâtrales cérémonies de réconciliations, dans certaines localités, constituent pour leur part, l’un les points clé de l’actualité. Inlassablement présentées, au cours des journaux télévisés. L’opération de charme politico-médiatique ne s’arrête pas là, elle concerne aussi les grands chantiers entamés, en passant par les opérations d’éclats telles que le déguerpissement pour la salubrité, l’encasernement des combattants FRCI, le tout couronné par l’annonce tonitruante, sur le pays, de pluies de milliards, à la une des journaux acquis à la cause du pouvoir en place. Le message est sans équivoque: pour le régime de Ouattara, la crise ivoirienne est pratiquement finie, suite à l’accession de celui-ci au pouvoir. Toute autre version, relatant l’actualité du pays et n’allant pas dans ce sens, est passible de représailles. Pour preuve, la presse locale d’opposition est continuellement menacée et plusieurs fois censurée, bien entendu, avec la bienveillance du régime d’Alassane Ouattara.
De la confiscation des libertés individuelles et collectives, de l’insécurité permanente et grandissante, des exactions des éléments des FRCI, de la cherté de la vie... Aucun mot. C’est le black-out total. Les média proche du pouvoir restent tous muets. Et pourtant…
La réalité en Côte d’Ivoire est tout autre. Face au RHDP (famille politique de Ouattara), il n’existe pratiquement aucun parti d’opposition. Les leaders de la LMP (groupements de partis politiques proches de Gbagbo), étant soit en exils, soit emprisonnés ou contraints à la fuite. Le FPI, parti leader de la LMP, n’a-t-il récemment pas été l’objet de menaces, suite à son premier meeting à Koumassi, depuis l’arrestation de Laurent Gbagbo et à son refus de cautionner des élections législatives où les dés sont pipés d’avance ? On pouvait lire dans un quotidien proche de Ouattara : « Le FPI provoque Ouattara » et Hamadou Soumahoro, secrétaire par intérim du RDR (parti politique de Ouattara), visiblement vexé, de menacer et de verser dans l’outrancier : « Nous allons mater toute manifestation arrogante qui ne respecte pas les règles républicaines. (…), nous ne permettrons à personne de semer la chienlit dans ce pays. Alassane Ouattara est-là jusqu’en 2020 au moins. Si son mandat finit, les enfants d’Houphouët-Boigny vont se choisir un autre président pour dix ans ». Non satisfait de vouloir réduire au silence ses opposants, Ouattara actionne le CNP, pour annihiler les efforts des journaux proches du Président Gbagbo. Dans un communiqué en date du 21 septembre 2011, on peut lire: « Le CNP met en garde les auteurs de tous écrits de presse qui travestissent les faits et leur rappelle que pareilles dérives les exposent, eux et leurs organes de presse, à la rigueur de la Loi ». Conséquences, les quotidiens ‘’Notre Voie’’ et ‘’Aujourd’hui’’ viennent d’être suspendus. Que dire de l’insécurité permanente dans le pays ? L’on se souvient du rapport de Freedom House, une ONG indépendante qui soutient l'expansion des libertés dans le monde. Selon ce rapport, la Côte d’Ivoire, après la chute du Président Laurent Gbagbo, occupe, dans un classement des 20 pays du monde où les droits de l’Homme et la démocratie sont bafoués, la 15ème place ! L’ouest du pays est en proie à des affrontements armés. On assiste chaque jour, à des descentes musclées, des FRCI de Ouattara, dans les villes et villages du pays, des arrestations arbitraires, des enlèvements récurrents, des rackets…, qui ne se comptent plus. Les populations victimes, certes en ont marre, mais restent impuissantes face aux armes et surtout au laxisme du pouvoir de Ouattara. De l’encasernement de sa troupe de mercenaires et de miliciens armés, incontrôlés et indisciplinés, rien, nada. Que de la poudre aux yeux ! On peut remarquer ces tueurs se pavaner à longueur de journée à travers villes et villages, comme si le pays était en état d’urgence.
A la lumière de ce qui précède, des politologues, à raison d’ailleurs, ont vite fait d’assimiler cette terreur et cette psychose permanentes, à une démarche politique, visant à décourager toute velléité de contestation populaire du régime de Ouattara. Or, les ivoiriens en adoptant la Constitution de 2000, avaient souhaité voir leurs droits et libertés se consolider. Mais hélas, sous Ouattara, ils doivent se désillusionner ! Au sujet des libertés collectives, Kouakou Edmond, Docteur en droit et Consultant déclare: « … des organisations proches de la majorité Présidentielle (…), lorsque la répression détruit tout leur patrimoine, qu’elles soient associative, syndicale ou politique et réussit à les décapiter par l’embastillement ou l’exil de leurs leaders, leur fonctionnement ne peut que se trouver gravement hypothéqué. De même, il n’est pas possible de soutenir que la liberté de manifester subsiste lorsque des autorités préfectorales sont destituées parce qu’elles n’ont pas empêché une manifestation qui exigeait la libération du Président Laurent Gbagbo (…) ». Sur les libertés individuelles, il explique : « La justice des vainqueurs instaurée par M. Ouattara a fini de nous convaincre (…) et que des détentions arbitraires peuvent se faire à la suite d’arrestations tout aussi fantaisistes. Combien de personnes sont-elles actuellement contraintes à l’exil, contrairement aux prescriptions de l’article 12 de la Constitution? Exit aussi l’égalité d’accès à l’emploi (art. 17) lorsque le renvoi et le recrutement dans les institutions de l’Etat et les entreprises parapubliques sont justifiés par les opinions politiques, religieuses et ethniques. La personne humaine n’est plus sacrée (art. 2). Le droit à la vie et à la dignité existent-ils encore lorsque les adversaires politiques de M. Ouattara sont soumis à des traitements inhumains, cruels, dégradants et humiliants ainsi qu’à des tortures physiques et morales ? Les domiciles ne sont plus inviolables (art. 4) lorsque les FRCI les occupent ou y pénètrent selon leur volonté. Y a –t-il encore un droit de propriété lorsque les combattants de M. Ouattara occupent hôtels et plantations dont ils exploitent les produits ou lorsque le Procureur de la République gèle les comptes des citoyens sans aucune justification ? » Et de poursuivre : « En niant ces droits aux ivoiriens, M. Ouattara tire un trait sur des générations de lutte. Il nous fait reculer de plus de 50 ans. Il nous ramène à l’ère coloniale… ». Que dire de la cherté de la vie qui a atteint des proportions jamais égalées, avec l’arrivée au pouvoir de M. Ouattara ? Les prix anarchiques se pratiquent sur tous les marchés. Le gouvernement Ouattara ne contrôle rien. C’est l’amer constat que font les ivoiriens depuis bientôt 6 mois.
Voici sommairement dépeint la triste réalité que traverse ce pays. Que l’on essaye de la couvrir avec un ramassis de mensonges à travers des déclarations et des actions d’éclats très médiatisées, c’est faire preuve de mauvaise foi !
Jusqu’à quand Ouattara et ses affidés pensent-ils, selon un proverbe africain : « cacher le soleil avec leurs mains ?» Que personne ne s’y trompe. Ouattara et la France ne pourront pas réussir à tromper le monde entier en lui servant des mensonges, en embastillant les ivoiriens, les terrorisant, car tôt ou tard le temps de la justice, celui où le faible et l’opprimé se révoltera, mû par une force, celle de son courage, de sa volonté, de sa dignité pour faire front et terrasser l’oppresseur, malgré toute sa puissance de feu, arrivera.
Au-delà de toutes ces turpitudes ayant pour but de donner de la Côte d’Ivoire une image très reluisante, Ouattara et ses associés, en effet, se fourvoient. Leurs stratagèmes ne feront pas perdre de vue, l’évidence, aux ivoiriens. Car l’avenir de ce pays passe d’abord par un rétablissement de la vérité et des faits, n’en déplaise à Ouattara et au CNP :
- Laurent Gbagbo a été élu par les ivoiriens et proclamé comme tel par le Conseil Constitutionnel selon la Constitution de la Côte d’Ivoire
- Il a été kidnappé, par les forces françaises et remis à la bande armée pro-Ouattara, pour être emprisonné, lui, sa famille et ses proches collaborateurs
- Alassane Ouattara a accédé au pouvoir grâce à la guerre remportée par l’armée française sur les ivoiriens
- Et que des milliers d’ivoiriens sont contraints à l’exil dans plusieurs autres pays
Qu’une simple enquête auprès des populations montrera que :
- les ivoiriens dans leur grande majorité reprouvent le pouvoir illégitime de Ouattara
- que ce n’est point des forums de réconciliation, fussent-ils grandioses, qui souderont le tissu social ivoirien
- les procès annoncés et l’intransigeance affichée par Ouattara ne lui donneront pas la quiétude qu’il espère.
A tous les ivoiriens et africains qui aiment la Côte d’Ivoire, nous pouvons dire: « Vous avez le devoir moral et historique de restaurer la vérité, face à ceux qui veulent à tout prix, la travestir. Levez-vous donc et ne vous laissez point mystifier !
Marc Micael