Racket des Frci dans le District d’Abidjan : Propriétaires de maquis et bars, résidents, transporteurs... soumis à des «impôts»
Le 05 juillet 2011 par le Temps - Malgré les nombreux appels des nouvelles autorités ivoiriennes, le racket a pris une autre forme. Ici, ce sont les propriétaires des
Le 05 juillet 2011 par le Temps - Malgré les nombreux appels des nouvelles autorités ivoiriennes, le racket a pris une autre forme. Ici, ce sont les propriétaires des
maquis bars, les résidents des quartiers qui sont obligés de se cotiser pour payer les éléments des Frci.
«On nous a dit qu’ils sont venus nous sauver. Mais, ils nous font subir beaucoup de méchancetés. Ils m’ont pris mes pièces et me demandent 10 000 Fcfa pour les récupérer. Au temps de Gbagbo, c’est la somme de 500 Fcfa qu’ils nous prenaient». Cette grogne à l’encontre des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) est de Youssouf Traoré, chauffeur de taxi communément appelé “woro-woro”, faisant la ligne gare de Saint Jean-Riviera 2. C’était jeudi dernier devant le Commissariat du 8e arrondissement de police de Cocody. Ce dernier ne comprend pas pourquoi, ces éléments Frci basés dans ces locaux de la police qu’ils n’ont pas encore libérés lui exige cette somme. Il se demande dans quelle régie cette forte somme atterrit. A l’en croire, autrefois, lorsque les policiers de Gbagbo les arrêtent pour une infraction, ils leur donnent des papillons pour aller payer la somme de 2000 Fcfa au Trésor public. Comme Youssouf Traoré, plusieurs de ses collègues subissent les mêmes traitements par les forces loyales aux nouvelles autorités du pays. En effet, fait remarquer Abou F. un autre chauffeur de taxi woro woro assurant la ligne Riviera 2-Cocody Saint Jean, les nouveaux locataires abusent de leur pouvoir. Il explique qu’ils sont victimes de rackets par ces éléments. «Ils ne viennent pas sur la route. Mais, ils sont postés devant la cabine téléphonique à quelques mètres du commissariat pour opérer», dit-il. Tout en ajoutant que ces éléments refusent de prendre la somme de 500 Fcfa. «Leur taux est compris entre 2000 Fcfa et 10000 Fcfa. Si tu as le malheur de leur dire que tu sors du garage, ils bloquent tes pièces jusqu’à ce que tu viennes leur donner ce qu’ils t’ont exigé comme taxes», fait-il remarquer. Un autre chauffeur, Mohamed F. qui assure la ligne Cocody Saint Jean-Lycée Mahou se dit un peu déçu du mauvais comportement «des sauveurs» des Ivoiriens. «Ils (les éléments des Frci), peuvent surgir de nulle part et vous demander de leur donner 2000 Fcfa ou même 5000 Fcfa pour une infraction dont ils sont seuls à connaître le contenu. Dans la soirée du 28 juin, aux environs de 18 heures, explique-t-il, deux éléments des Frci, lui ont soutiré sans qu’ils ne lui disent l’infraction, la somme de 5000 Fcfa, sur la voie qui mène du 22e arrondissement au Lycée le Mahou”. Autre lieu, même situation. C’est dans la grande commune de Côte d’Ivoire, Yopougon. Ici, le racket se fait très souvent aux alentours des Commissariats du 16e à la Sicogi, au 17e arrondissement dans le quartier Niangon, au 19e, au Toit-rouge et au 23e arrondissement dans le quartier Andokoi. Cette technique est également utilisée dans la commune cher au Maire Adama Tounkara, par ailleurs ministre des Mines, de l’Energie et du pétrole. Comme à Yopougon, le racket est développé autour des commissariats du 14e, 15, derrière rail, au camp commando de la gendarmerie et de la cité universitaire. Où, sont basés les éléments des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Germain Koffi, un taximan de cette commune indique que, le racket est toujours vivace malgré les nombreux appels du Premier ministre, ministre de la Défense, Guillaume Soro et de son ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko. Les chauffeurs des autres communes du District d’Abidjan sont aussi dans le collimateur des nouveaux maîtres en armes. A Bingerville par exemple, le seul barrage qui était érigé dans les environs de la cité Cnps a été sauté. Mais, juste à la sortie de la ville, un autre est fièrement tenu à quelques mètres seulement du village de Adjamé Bingerville. Tous les véhicules (Renault 12) qui font office de camions de transport et qui désertent les villages, tels que Elokaté (où est implantée l’usine Palmci), Agban, Gbrebo, Koffikro… doivent payer à chaque passage la somme de 500 Fcfa. Les camions qui ramassent l’argile (Kaolin) ne sont pas en reste. Ils paient la somme de 2000 Fcfa voire 5000 Fcfa par jour à ces éléments comme frais de «traverse» avant de travailler.
Propriétaires de maquis, populations et autres : commerçants… extorqués aussi
Les automobilistes ne sont pas les seuls à payer des sommes aux éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci). Les propriétaires de maquis ou de bars, les populations et autres commerçants sont soumis au payement des taxes par ces éléments. Dans la commune de Cocody, notamment dans le quartier de la Riviera palmeraie, dans les environs de la cité dite de la presse, les éléments des Frci, sous prétexte qu’ils assurent la sécurité du quartier demandent aux riverains de payer la somme de 5000 Fcfa tous les quinze jours. Selon un riverain qui a requis l’anonymat, cette somme, selon les responsables des Frci de la zone sert à entretenir leurs éléments. Les propriétaires de maquis et autres bars situés au carrefour dit « Faya », sur la route de Bingerville sont également soumis au paiement de cette taxe. Ici, la somme à payée est comprise entre 3000 Fcfa et 5000 Fcfa. Cette même somme est exigée aux commerçants des marchés de la commune de Port-Bouet et aux bouchers de l’abattoir. Vendredi dernier, un détachement des Frci de la zone a rencontré ces acteurs pour leur imposer cette «taxe». Malheureusement, les différentes parties se sont séparées sans qu’aucun accord ne soit trouvé. Pour les commerçants et autres bouchers, ils ne voient pas à quoi répond cette taxe. Alors qu’ils en payent d’autres à la mairie de cette commune et à l’Etat de Côte d’Ivoire. Ces derniers ont estimé que s’ils doivent verser de l’argent à ces éléments, la somme ne doit pas excéder 1000 Fcfa. Ce geste, selon les commerçants et les bouchers de la commune de Hortense Aka Anghui, serait peut-être, une aide, pas plus. Non contents de cette proposition, les éléments Frci envoyés par leur «Commandant» de zone ont promis revenir dans les jours à venir pour une autre séance de travail. En tout cas, en attendant que les autorités trouvent une solution idoine, les Frci continuent de racketter les populations et autres opérateurs du grand Abidjan.
Joseph Atoumgbré