Le Grande Interview exclusive - Affi N'guessan parle: «C’est ridicule de penser qu’on peut tourner la page Gbagbo» (2e partie suite et fin)
Par Notre Voie - Interview exclusive - Affi parle «C’est ridicule de penser qu’on peut tourner la page Gbagbo» (Suite et fin).
N.V : Vos adversaires soutiennent
que cette entrée
est contraire aux recommandations
du comité
central. Qu’en dites-vous ?
p.a.N : Non, au contraire le
comité central du 28 juin
2014 a réaffirmé la nécessité
d’une Cei consensuelle.
Il n’y a pas
au fpi une opposition
de principe à la
participation à la
Cei. Parce que le
fpi est un parti politique
; en tant que
tel sa raison d’être
est de conquérir le
pouvoir démocratiquement,
c’est-à-dire par la
voie des urnes pour appliquer
son programme de
gouvernement. A partir de là,
il est de la responsabilité du
président du parti de veiller à
la sauvegarde des intérêts
du parti et rendre compte
aux instances. C’est ce que
j’ai fait en toute responsabilité.
N.V : Il vous est aussi reproché
d’avoir utilisé l’Alliance
pour contourner le
parti.
p.a.N : Non pour contourner,
mais pour m’assurer de la
pertinence du choix que je
faisais, une décision partagée
par les partis membres
de l’Alliance. on peut dire
que l’Alliance a suppléé l’impossibilité
de réunir les instances
du fPi à ce moment
là. en définitive, ce qui me
parait essentiel, c’est de savoir
si le fPi a intérêt ou non
à être dans la Cei. ma réponse
est oui.
N.V : Quelle garantie avezvous
pour obtenir le
consensus dont vous avez
parlé au niveau du bureau
de la CEI ?
p.a.N : La seule garantie
c’est qu’il y aura des négociations
et que le principe du
consensus doit guider ces
négociations. C’est sur cette
base que nous allons engager
les discussions avec les
autres. Le jeu politique est
fait de batailles politiques.
Ce n’est pas du dehors
qu’on les gagne.
N.V : Si les engagements
pris par le pouvoir ne sont
pas tenus, que ferezvous?
p.a.N : Nous avons été
clairs. si c’est consensuel,
nous y sommes ; si ce n’est pas consensuel, et que ça
ne prend pas en compte nos
préoccupations, que ça ne
nous donne pas la position
que nous estimons nécessaire
pour jouer un rôle,
nous n’y serons pas.
N.V : Le consensus, c’est
obtenir la présidence et les
postes que vous avez demandés
?
p.a.N : C’est ce que nous revendiquons.
Ce qui signifie
aussi que l’Alliance ne siègera
pas dans une Cei présidée
par M. Youssouf
Bakayoko.
N.V : Monsieur le président,
est-ce que cela ne
paraitrait pas incohérent
de rentrer à la CEI et d’en
ressortir ?
p.a.N : Pas du tout. Tous les
actes que nous posons doivent
servir nos objectifs politiques.
C’est d’abord cela le
principe premier. Chaque
fois qu’on pose un acte, on
doit voir quel est le gain politique
; et ne pas poser des
actes par ressentiment, par
colère, par vengeance alors
qu’au bout il n’y a aucun gain
politique. Il y a certainement
une satisfaction morale ou
sentimentale, mais aucun
gain politique. Les émotions,
c’est la première maladie
qu’il faut soigner si on veut
bâtir une stratégie gagnante.
et vis-à-vis des questions de
cette nature, c’est la loi du
gain politique qui prime.
N.V : Personnellement
pensez-vous que le FPI
doit aller aux élections en
2015 ?
p.a.N : C’est un problème
qui relève du Congrès du
fPi et non de moi en tant
qu’individu. Le fPi décidera
sur cette question à son
congrès qui aura lieu du 11
au 14 décembre 2014. En
tout état de cause, il faut savoir
que la participation aux
élections exige de réunir les
conditions de sécurité,
d’égalité des chances, de
transparence, etc. Encasernement
des frCi, démantèlement
des dozos,
réhabilitation de la police et
de la gendarmerie, accès
équitable aux médias d’etat,
dégel des comptes et avoirs
des cadres de l’opposition,
restitution de leurs biens, liberté
d’expression et de réunion
sur l’ensemble du
territoire, financement des
partis politiques, libération
des prisonniers politiques,
retour des exilés, etc.
N.V : Quelle est votre vision
là-dessus ?
p.a.N : Je préfère garder ma
vision pour le congrès (rires)
N.V : Certains estiment
qu’aller aux élections ce
serait légitimer le régime
actuel. Qu’en pensez-vous?
p.a.N : Le congrès appréciera
et décidera si aller aux
élections c’est légitimer
ouattara ou pas.
N.V : Vous avez récemment
déclaré que le FPI
doit faire son autocritique,
est-ce à dire que vous reconnaissez
que le FPI a
une responsabilité dans la
crise que le pays a traversée
?
p.a.N : Le fPi est un parti
critique et autocritique. Cela
fait partie des principes qui
guident le parti. toute organisation,
à un moment
donné, doit faire un bilan
pour situer à la fois ses performances
et ses insuffisances.
Le fPi va le faire et
le Congrès sera l’occasion
de faire ce bilan, de faire un
diagnostic de son fonctionnement,
de son action, et
d’identifier là où il y a eu des
insuffisances et prendre les
mesures pour les corriger.
N.V : D’aucuns estiment
que vous mettez la question
de l’autocritique sur la
table parce qu’ayant été
écarté de la gestion de la
crise survenue en 2002,
vous voulez prendre votre
revanche…
p.a.N : nous devons assumer
collectivement ce qui
s’est passé. nous sommes
tous comptables quelles que
soient nos positions. C’est
pour cela d’ailleurs que nous
nous sommes retrouvés
pour la plupart en prison,
que nos comptes sont gelés
et que nous sommes pour
certains d’entre nous sous
sanctions internationales.
N.V : Alors êtes-vous prêt
à demander pardon
comme le gouvernement
l’exigeait à un moment
donné ?
p.a.N : tous ceux qui ont
une responsabilité établie
doivent demander pardon au
nom de la réconciliation nationale.
C’est pourquoi, je
propose les états Généraux
de la république pour que
ce processus ne soit pas une
opération folklorique, mais
une opération sérieuse, organisée
et structurée pour
apaiser tous les coeurs
meurtris, dédommager les
victimes et promouvoir la réconciliation
nationale.
N.V. : Est-ce que l’Alliance
vous suit dans votre quête
des Etats Généraux de la
République ?
p.a.N : Bien sûr. dans le document
que nous avons
transmis au gouvernement
dans le cadre de l’Alliance,
toutes ces questions y figurent.
L’Alliance est en phase
avec nous sur la question
des etats Généraux de la
république.
N.V : Vous affichez une sérénité
qui contraste avec
l’ambiance générale qui
règne au FPI. Que cachezvous
?
p.a.N : (rires) Quand on est
serein, on ne cache rien.
C’est quand on n’est pas serein
qu’on cache quelque
chose. C’est donc à ceux qui
ne sont pas sereins qu’il faut
poser la question.
N.V : On vous désigne aujourd’hui
comme la tête de file des modérés du FPI,
l’assumez-vous ?
p.a.N : moi, je suis à la tête
du fPi dans toute sa diversité.
Interview réalisée par
Augustin Kouyo
Boga sivori
Guillaume gBato et
César éBroKié
Photos :
Jonas Ouattara