Le Président Gbagbo: De sa prison de Scheveningen…ou d’ailleurs! Par Alain CAPPEAU
Le 16 novembre 2012 par Correspondance particulière - Un politologue disait dernièrement que le principal obstacle à l’initiative de chacun, était cette lourde masse des autres qu’il fallait remuer. A
Le 16 novembre 2012 par Correspondance particulière - Un politologue disait dernièrement que le principal obstacle à l’initiative de chacun, était cette lourde masse des autres qu’il fallait remuer. A
l’évidence, pour le commun des mortels que nous sommes chacun d’entre nous, cette masse est une chape qui nous broie d’autant plus qu’elle retourne d’une mécanique administrative ou d’une institution judiciaire. En revanche pour un individu d’exception ce n’est que cette lourde masse des autres, cette vox populi, qui une fois lancée offrira la plus grande énergie cinétique pour tout bouleverser sur son passage, et ainsi libérer son initiative.
Cette dichotomie est aujourd’hui tout ce qui fait la différence, entre le comportement de ce commun des mortels et celui de Laurent GBAGBO, entre des êtres prisonniers de leur liberté et un homme libre dans une prison, car c’est bien des feux d’une auto sédition que naît sa liberté, celle qui ni ne s’échange ni se négocie !
De sa prison de Scheveningen Laurent GBAGBO observe, il prend des notes, il enregistre les faits et gestes de chacun, il apprécie les jeux de rôles des uns et des autres, il sait que la liberté meurt si elle n’agit point, il agit donc car il est libre, libre dans sa tête, et libre dans sa conscience. La liberté n’étant pas qu’un bien extérieur, de derrière ses barreaux, il la conquiert en lui-même et pour lui-même.
De sa prison de Scheveningen, les 26 et 30 octobre dernier, quand Laurent GBAGBO relisait le procès des templiers, il aurait dû penser à des choses plus pressantes, mais il ne se laissait point presser car il savait que se jouait en son absence, d’une manière mécanique, un remake de ce qu’il était en train de relire.
De sa prison de Scheveningen, Laurent GBAGBO sait qui est ce culbuto au fort petit crâne qui tire grossièrement les ficelles de son perchoir, il sait qui se laisse abuser et qui ira à la soupe le moment venu. L’homme pense en solitude et en silence, car si son corps est mis aux fers, son jugement reste libre.
Qu’elle sérénité ressort de ce personnage exceptionnel dès qu’il apparait devant la lourde porte de son parloir ! On dirait même que le prisonnier est celui qui vient lui rendre visite, tellement celui-ci dégage une aura mystique. Laurent GBAGBO, paradoxalement apaise son visiteur dans une philosophie de mots, rien n’est plus docile que le pouvoir, me disait-il, il abdique, il s’en va, on le rappelle ! Il s’agit de bien savoir, au temps T, où l’on se trouve car toute politique est faite à la fois de ralliements et de trahisons.
Lorsqu’on aborde justement la trahison de nombre de ses ex collaborateurs, il baisse légèrement la tête, il reste un temps silencieux, puis la redresse et là on est surpris de la réaction, car il n’y a pas de réaction si ce n’est un petit rictus qu’il nous est impossible d’interpréter. Son timbre de voix est constant, rassurant, il vient probablement de cet océan de hasards programmé par quelque divinité ! Laurent GBAGBO est au-delà de nous, de nos pensées, de nos jugements, il écoute religieusement son visiteur, il n’objecte jamais, on a l’impression de l’informer de quelque chose alors qu’il sait déjà tout ! Mais jamais il ne vous en fait la remarque. Quand son visiteur sort de son parloir, il est comme soulagé d’un poids, il est rentré, voûté et tendu, il en sort léger et purifié de tous miasmes. Laurent GBAGBO debout dans l’embrasure de la lourde porte, dans sa tenue de détenu, l’aura accompagné de son regard bienveillant jusqu’au bout du couloir et d’un dernier geste de la main lui aura souhaité bonne route. Cette simplicité et cette grandeur d’âme n’appartiennent qu’à lui, n’en déplaise à tous ses détracteurs, fanfarons du vice qui n’ont rien compris et ne comprendrons jamais rien à la supériorité, à la fois spirituelle et intellectuelle de cet homme.
UN ROI NE CHOISIT PAS, IL EST CHOISI
De sa prison de Scheveningen, Laurent GBAGBO est maître de son temps, il décide de décider car il sait que nul pouvoir, à fortiori un pouvoir imposé, n’a jamais bravé l’opinion, ce n’est qu’une question de temps ! L’exil, en terre Néerlandaise n’efface pas Laurent GBAGBO de la mémoire de notre terre, bien au contraire, il conforte et exalte la grandeur du personnage, quand l’exécutif ivoirien en ferraillant dans la tyrannie et l’insalubrité mentale pour exister, s’enfonce dans les intrigues abyssales de l’animalité.
Nous, les fidèles, les inconditionnels de Laurent GBAGBO, qui vomissons une justice boiteuse qui vient toujours trop tard, comprenons difficilement un professeur GBAGBO qui nous dit, alors qu’il est derrière les barreaux, que le grand tribunal instruit lentement, parce qu’il s’instruit lentement. Nous qui savons que nous ne savons pas, sommes interpellés par le niveau d’abnégation et de résilience que cet homme debout cultive humblement sans jamais se mettre lui-même au-dessus des autres, alors qu’il y est naturellement.
De sa prison de Scheveningen Laurent GBAGBO est en paix avec lui-même, s’il souffre pour les autres, pour sa famille, pour ses amis, pour son peuple, il souffre cependant dans l’honneur car il sait que ce qui était qualifié de crime hier deviendra vertu demain. GBAGBO est dans la lignée de ce grand ramage de génies africains qui ne furent jamais soumis, ni à la peur ni à la contrainte, ni à la compromission et surtout pas à l’angoisse du temps qui passe, parce que c’est justement ce temps le meilleur des avocats ! Vous avez dit MANDELA !
De sa prison de Scheveningen Laurent GBAGBO vit pleinement un sacerdoce qui le transcende, rien ne lui échappe ni l’anarchie au pays qui détruit toute obéissance d’un peuple pour ses gouvernants, ni la tyrannie gangréneuse des analphabètes, qui favorise la résistance, ni même celui qui « court comme un lutin par toute la demeure », ce Léviathan de l’extrême qui piaffe d’impatience sur le perron du palais.
En d’autres temps et en d’autres lieux tout ça aurait pu amuser Laurent GBAGBO mais aujourd’hui de sa retraite juridico-spirituelle, l’homme a pris de la hauteur, il a pris une épaisseur qui le place bien au-dessus d’un microcosme politicien putride, il a une vision claire de ce que doit être l’architecture socio-démocratique de la Côte d’Ivoire de demain… et avec ou sans lui, car pour lui là n’est pas le problème !
Si les méandres de la justice des hommes ramènent bientôt Laurent GBAGBO sur ses terres, entendons par là, si un pouvoir discrétionnaire le ramène en Afrique, il va devenir l’intellectuel à consulter, le stratège à questionner, le visionnaire à courtiser, car au-delà d’une autorité charismatique dont dispose cet homme de bienséance, c’est bien une autorité supérieure qui le place aujourd’hui parmi les plus hauts dignitaires de ce continent, une autorité messianique !
Précisons quand même, à toutes fins utiles, pour les esprits mal tournés ou autres procurateurs mal pensants qui tenteraient de tirer quelque aubaine de ces propos, que Laurent GBAGBO d’où qu’il puisse se trouver ne s’exonèrera jamais de ses responsabilités à l’égard de la société des hommes. Ne pas respecter une parole donnée pour lui serait une offense à son intégrité d’intellectuel citoyen du monde. Si en société, en audience ou en réunion, d’après l’opinion supposée du voisin chacun change un peu la sienne, ça n’est pas le cas pour Laurent GBAGBO qui aujourd’hui conduit seul ses réflexions sur les inévitables évolutions socio-politiques à venir des Nations africaines, dans un monde globalisé en dangereuse effervescence.
Alors ! Que Laurent GBAGBO de sa prison de Scheveningen ou d’ailleurs nous trace de nouvelles voies, qu’il nous renvoie à une autre hiérarchie des valeurs, à un nouvel ordre moral, semble plutôt salutaire pour le bien être des peuples africains asservis. Acceptons-en l’augure sans blasphémer, car l’inférieur suppose le supérieur, qu’on le veuille ou non !
Laurent GBAGBO est un révélateur qui nous enseigne une vérité qui est en dedans de nous. Chaque fois qu’il a dit « asseyons-nous et parlons » c’était pour que chacun découvre un moyen de mieux se connaitre soi-même. Son expérience, ses postures pour le droit, son sens de l’abnégation, sont des savoirs, des références, des exemples à suivre pour tout individu épris de justice et de liberté. Acceptons-en l’augure sans blasphémer, car le supérieur suppose aussi le divin, qu’on le veuille ou non !
Par Alain CAPPEAU, Conseiller Spécial du Président Laurent GBAGBO