Procès Dogbo Blé et 5 autres militaires Un proche de Koné Zakaria avoue le meurtre du col. Dosso / Dogbo Blé, l’homme à abattre
Le 05 octobre 2012 par Notre voie - Au deuxième jour du procès ministère public contre Dogbo Blé et 5 autres militaires, dans l’affaire de l’assassinat du Colonel-major Dosso, un prévenu,
Le 05 octobre 2012 par Notre voie - Au deuxième jour du procès ministère public contre Dogbo Blé et 5 autres militaires, dans l’affaire de l’assassinat du Colonel-major Dosso, un prévenu,
le sergent chef Lago Léo Jean-Noël, a affirmé, hier, à la barre, avoir exécuté le colonel Dosso, sous ordre de ses supérieurs hiérarchiques. « Je regrette ce qui s’est passé, je demande pardon à la famille du colonel », a-t-il soutenu. A l’ouverture de l’audience le président du tribunal, Kanga Mathurin Penon s’est prononcé sur l’exception d’incompétence soulevée la veille par les avocats. Il a rejeté la requête et ordonné la poursuite des débats au fond. Intervenant en deuxième position après la comparution du sergent Toualy, Lago Léo Jean-Noël a expliqué que le jour des faits, il a été appelé par le commandant Kipré l’adjoint du général Dogbo Blé qui lui a demandé expressément d’aller au niveau du poste de contrôle installé à l’hôtel du Golf, pour aller chercher le colonel major Dosso et l’exécuter « physiquement ». Il a soutenu s’être exécuté aussitôt en se rendant au lieu en compagnie de certains sous-officiers également cités dans l’affaire. Ayant rallié le poste, le sergent chef confie que lui et ses collègues, ont pris le colonel-major à bord d’un véhicule, et l’on conduit sur la route de l’autoroute du nord, où il l’a exécuté lui-même. Le prévenu a indiqué qu’il ne voulait pas commettre le crime, mais, il a agit sous la pression de ses collègues, qui lui ont demandé de faire vite, afin qu’ils quittent les lieux. Le procureur Ange Kessi a voulu savoir si effectivement, l’ordre d’exécuter le colonel major venait du général Dogbo Blé. Là-dessus, le prévenu a soutenu que, dès que le commandant Kipré a parlé, il s’est dit que c’est le général qui a parlé. « C’est le commandant Kipré qui répercute les ordres du général », a-t-il indiqué. Un subordonné est-il obligé d’exécuter un ordre illégal ? A cette question du substitut du procureur, le sergent chef répond qu’à cette époque, il ne pouvait nullement s’opposer aux ordres de ses supérieurs hiérarchiques pour des raisons évidentes de survie, pour lui et sa famille. L’interrogatoire a duré de 14h 48min à 17h 29 min. Avant Lago Léon Jean Noël, le sergent Toualy est passé à la barre. Il a également reconnu avoir joué un rôle dans l’enlèvement, la séquestration et l’assassinat du colonel-major. Chef du poste de contrôle du Golf, il a expliqué que le jour des faits, un homme l’a approché pour dire que quelqu’un voulait le voir. Le colonel-Major dont il est question, s’est fait passer pour un citoyen camerounais. Mais en vérifiant il s’est rendu compte que ce dernier lui mentait. Le sergent Toualy a soutenu que le colonel a demandé à voir le général Dogbo Blé. Requête à laquelle il a accédé. Il aurait joint au téléphone le major Zamblé, qui est le chauffeur du général Dogbo Blé pour lui faire part de cela. Mais le prévenu a indiqué que le major Zamblé a dit qu’il n’était pas lui-même à Abidjan, et qu’il était au village à des funérailles. Quelques minutes après, le général Dogbo Blé lui aurait adressé un coup de fil. « Quelle est ta position ? », aurait demandé le général Dogbo. « Je suis au niveau du blocus du Golf », aurait répondu le sergent Toualy. Plus tard arrivera, selon le soldat, un groupe de militaires au niveau du poste du Golf. Il a expliqué qu’il leur a remis le colonel, et ils sont partis aussitôt. Le procureur et le juge ont cherché à savoir pourquoi, le chef de poste n’a pas cherché à rentrer en contact avec son supérieur hiérarchique direct, et a plutôt cherché à joindre le général Dogbo Blé. Le prévenu a répété à plusieurs reprises qu’il a voulu accéder à la requête de l’officier supérieur qui a insisté pour rencontrer le général Dogbo Blé. L’autre question qui est revenue constamment dans les débats, était de savoir si c’est le général qui a effectivement donné l’ordre. « Après votre coup de fil au major Zamblé, est-ce qu’il vous a rappelé pour dire qu’il a joint le général Dogbo Blé ? » « Non ! » « Comment avez-vous su qu’effectivement c’est le général Dogbo Blé qui a envoyé des hommes ?» « J’ai vu la sécurité rapproché du général ». L’interrogatoire du sergent Toualy a duré de 11h 4 min à 13h 18 min. L’audience se poursuit aujourd’hui mais les avocats ont d’ores et déjà indiqué qu’ils iront en cassation par rapport à leur requête sur l’incompétence du tribunal.
César Ebrokié
Dogbo Blé, l’homme à abattre
La comparution du sergent chef Lago Léo Noël à la barre a suscité plusieurs réactions dans la salle d’audience. Au point que par moment on se croyait à un meeting politique. Le prévenu faisait des développements qui donnaient le sentiment qu’un politique se prononçait sur la situation nationale. « La Côte d’Ivoire a souffert, on doit se regarder droit dans les yeux pour dire la vérité. Il faut dire la vérité plutôt que de rouler le peuple dans la farine ». « Les chefs ont donné un ordre nous avons exécuté, ils doivent l’assumer… Quand c’est gâté, c’est gâté ». Le sergent Lago Léo a décliné sa responsabilité pour charger le général Dogbo Blé, qu’il a désigné comme étant le responsable. Avant de donner sa version des faits, il a plaidé pour que sa sécurité et celle de sa famille soit assurée par l’ONUCI. Il a indiqué à ce chapitre que le général Coulibaly ( ?) et ses responsables politiques et militaires ont demandé qu’il soit exécuté. Mais cela n’a pu se faire à cause du commandant Koné Zakaria, son ancien subordonné, qui s’y serait opposé. Le prévenu a indiqué qu’il a eu la vie sauve également grâce aux affinités de son épouse, qui se trouve être la sœur de Koné Mamadou, le conseilleur d’Alassane Ouattara à la jeunesse. En entendant ces propos certains se sont demandé s’il n’était pas en mission contre le général. Faut-il rappelé que le général Dogbo Blé fait l’objet de poursuite, dans au moins trois autres grandes affaires. Notamment l’assassinat de Yves Lambelin, et la mort de Guéi Robert.
C.E.