TRIBUNE: LA CPI CONCÈDE-T-ELLE LE GOUVERNEMENT DES PEUPLES AUX ÉTATS OU AUX AMIS?

Le 09 février 2013 par Correspondance particulière - LA CPI décryptée.

Le ministre des affaires étrangères Hervine Guillet, dans sa tentative de mettre
fin, sur France 24, aux débats sur la françAfrique, nous aide plutôt à mieux
appréhender ce système politique conçu par la droite française, lorsqu'il fait allusion à
un groupe de personnes, d'amis à la tête d'une organisation. Le contentieux électoral
entre Copé et Fillon au sein de l'UMP n'est que la conséquence logique d'une lutte
interne entre les différents courants politiques de ce parti, dans le simple but d'avoir
une mainmise sur cette organisation qui n'a fait que connaître, sous Sarkosy, une
mutation, afin de s'adapter aux réalités de notre Histoire. La Françafrique serait née
du désir des présidents Senghor et Houphouët d'avoir en Afrique de l'Ouest des bases
militaires françaises capables d'éviter des coups de force qui auraient déstabilisé leur
régime. Étrangement, l'on vit apparaître durant cette même période, la figure d'un
mercenaire français Bob Denard né Robert Denard (1929-2007) impliqué dans de
nombreux bouleversements politiques en Afrique. Si vous refusez d'installer sur votre
ordinateur un virus on l'infecte, c'est un principe qui régit jusqu'à ce jour la
FrançAfrique fondée principalement sur des amitiés, sur des relations privées entre
les hommes politiques de la droite française et des leaders africains. Tout président
africain qui refuse la protection de cette organisation court le risque d'être victime
d'un coup d'État. Nous voyons justement Alassane Ouattara s'empresser de soutenir à
l'Élysée un Sarkosy vaincu, au lieu d'adresser sur-le-champ des messages de
félicitation au nouvel élu Hollande. Un chef d'État est une personne chargée de
conduire, de manière anonyme, les affaires administratives et politiques d'une nation,
indépendamment de ses émotions, de ses opinions personnelles, malheureusement,
avec la FrançAfrique, nous assistons à la tête de la nation française dirigée par les
gouvernements de droite et des nations africaines, des conflits d'intérêts; une
confusion entre les orientations politiques, administratives des nos "États respectifs"
et les sentiments personnels de nos autorités. Que dire en effet des faits suivants qui
démontrent que toutes les personnalités politiques proches de Sarkosy gravitent
autour de l'affaire : "La France de Sarkosy contre Gbagbo à la Haye"? A Neuilly, en
1990, un jeune maire Nicolas Sarkosy célèbre le mariage d'Alassane Ouattara et de
Dominique Nouvian, une femme d'affaires dont le fils est le directeur Afrique de la
société Armajaro Trading Limited exportatrice de cacao. Le 17/07/2009, Sarkosy
accueille vendredi à déjeuner le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon au
consulat français, à la veille de la participation de Carla Bruni à un grand concert à
l'honneur de Mandela. Christine Madeleine Odette Lagarde ministre de l'économie de
2007 à 2011 sous Sarkosy devient, après la chute de Strauss Kahn, directrice générale
du FMI. Alassane Ouattara, Ban-KiMoon, Lagarde sont installés respectivement à la
tête de la Côte d'Ivoire (malgré un contentieux électoral), de l'ONU, et du FMI grâce
au soutien sans faille du président français Sarkosy. Lagarde demande évidemment
aux parlementaires de notre pays de soutenir Alassane Ouattara prêt à être le premier
élève du FMI, en appauvrissant les Ivoiriens, Ban Ki-Moon ne fait que produire des
rapports pour incriminer les partisans de Gbagbo ou menacer, de manière voilée, le
Ghana, terre d'exil des réfugiés ivoiriens, une réaction que n'adopta pas l'ONU quand
le Burkina-Faso servit de base aux soldats rebelles d'Alassane Ouattara. Les crimes
contre l'humanité, les tortures, les emprisonnements politiques sous Alassane
Ouattara semblent même être justifiés par les rapports de l'ONU, puisque les
massacres de Nahibly seraient les conséquences d'un vol, ce qui signifierait que des
crimes contre l'humanité commis à la suite d'un vol ne sont pas pris en compte par la
Cour de la Haye qui est en fait l'un des six organes du système des Nations unies.
Nous comprenons mieux ces rapports de Ban Ki-Moon lorsque nous étudions le
Chapitre XII de la Charte des Nations unies intitulé : "Régime international de
tutelle". L'Article 75 indique que l'Organisation des Nations unies établira, sous son
autorité, un régime international de tutelle pour l'administration et la surveillance des
territoires qui pourront être placés sous ce régime en vertu d'accords particuliers
ultérieurs. Ces territoires sont désignés ci-après par l'expression « territoire sous
tutelle ». L'article 77 précise les territoires qui entrent dans les catégories du régime
de tutelle, ils sont volontairement placés sous ce régime par les États responsables de
leur administration. La France, conformément à l'article 55 de la Constitution
française de 1958 et à des accords secrets signés avec les différents présidents
ivoiriens à l'exception de Gbagbo, est responsable de l'administration de la Côte
d'Ivoire, bien que notre pays soit Membre des Nations unies (article 78 de la Charte).
La lutte du président Laurent Gbagbo en vue de la souveraineté de la Côte d'Ivoire est
légitime, conformément à l'article 79 de la Charte qui stipule que les termes du
régime de tutelle, pour chacun des territoires à placer sous ce régime, de même que
les modifications et amendements qui peuvent y être apportés, feront l'objet d'un
accord entre les États directement intéressés, y compris la Puissance mandataire dans
le cas de territoires sous mandat d'un Membre des Nations unies, et seront approuvés
conformément aux Articles 83 et 85. Pour éviter que l'on arrive à ces amendements,
la nouvelle Françafrique de Sarkosy, avocat d'affaires, ne se sert plus de Bob Denard
pour des coups de force mais d'une interprétation des lois à des fins politiques. De
nombreuses critiques ont été formulées à cet effet à l'endroit de la CPI par des pays
sur sa capacité à entreprendre une enquête de sa propre initiative puisque l'exercice de
ce pouvoir est soumis à des restrictions et contrôles importants. Un Procureur pourrait
cependant entreprendre des procédures de son propre chef pour des motifs politiques
puisqu'il a ses propres opinions sur les enjeux politiques, économiques. La CPI
inquiéterait aussi les soldats qui n'agiraient pas pour protéger leur nation, leurs
institutions, les droits de leurs peuples de peur d'être la cible d'éventuelles poursuites
judiciaires. Retenons surtout cette critique concernant la Côte d'Ivoire, elle a trait à
cette attitude du Procureur de la CPI qui finit par devenir un obstacle à la paix et à la
réconciliation entre les peuples car le rejet d'une amnistie supprime les raisons de
rechercher un règlement pacifique aux conflits (Critiques tirées des publications du
Parlement du Canada). Pour de nombreuses raisons, des pays comme la Chine et
l'Inde n'ont pas signé le Statut de Rome, trente-deux États dont la Russie et les États-
Unis d'Amérique l'ont signé mais ne l'ont pas ratifié. La réconciliation des Ivoiriens
conduirait à leur union autour de Laurent Gbagbo devenue une figure de proue des
Africains qui aspirent à la souveraineté de leur nation. Sarkosy et ses amis, pour leurs
intérêts personnels, et non pour la France ou pour la Côte d'Ivoire n'en veulent pas
puisque cela conduirait inévitablement aux amendements du Régime de tutelle. Une
chose est de tenir des discours sur notre indépendance dans nos salons feutrés, une
chose est d'être un témoin de cette lutte en acceptant de subir les affres de la torture,
de l'emprisonnement, de l'humiliation. Les Ivoiriens, les Africains se doivent de s'unir
autour du président Laurent Gbagbo pour que l'Afrique entre dans une ère nouvelle
car il est malséant prétendre se servir de l'injustice pour lutter en faveur des Droits de
l'Homme. La CPI, l'ONU doivent s'inspirer de ces paroles du président français
prononcées au Mali afin que nos peuples soient gouvernés par des États, et non par
des amis car en Côte d'Ivoire (chasse gardée de Sarkosy) les partisans d'Alassane
Ouattara coupables, sous son autorité, de crimes contre l'humanité sont en liberté
alors que ceux du président Laurent Gbagbo sont emprisonnés, torturés, humiliés,
assassinés. On ne peut entrer dans une ère de paix si les institutions chargées de
maintenir la paix dans le monde favorisent un climat de guerre, de tensions entre les
peuples, et les nations.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivains)