Tremblement de terre au Fpi - Léon Monnet recadre Affi: "On ne peut pas tourner la page Gbagbo"
Par IVOIREBUSINESS - Léon Monnet recadre Affi "On ne peut pas tourner la page Gbagbo".
Pourquoi ne peut-on ne pas tourner la page Laurent Gbagbo à l’heure actuelle ?
La situation actuelle que traverse la Haute Direction du FPI interpelle tous les militants. Cette crise est née de la restructuration entreprise par Pascal Affi Nguessan, Président du FPI en ce mois de Juillet 2014. L’ampleur, l’opportunité et la composition de cette restructuration font l’objet de débat au sein des instances du FPI et sur les réseaux sociaux. Pour notre part nous nous attacherons à la place que devrait occuper Laurent Gbagbo dans le contexte actuel de la lutte du Front Populaire Ivoirien.
Laurent Gbagbo, un symbole
Laurent Gbagbo est en détention à La Haye. Depuis le 11 Avril 2011, qu’il a été « chassé » du palais présidentiel, il est tout naturellement au cœur de l’actualité sociopolitique. Les différentes sessions de la CPI relatives à son procès, sont suivies par de nombreux africains. Des medias panafricains de grande audience lui consacrent régulièrement d’importantes éditions de leurs parutions ou émissions. De nombreux ouvrages lui sont consacrés. Des personnalités de dimension mondiale continuent de stigmatiser l’injustice criante qui le frappe. Au regard du premier tour des dernières élections présidentielles, son Parti, le FPI est le premier parti en Côte d’Ivoire. Autour de son nom, les consignes successives de boycott des différentes consultations électorales ont été largement suivies; le Front Populaire Ivoirien, son Parti, mobilise en masse les Ivoiriens. Le dernier rassemblement de la Fête de la Liberté à Bongouanou a été l’expression la plus plausible de l’audience du Parti de Laurent Gbagbo, encore aujourd’hui en dépit de toutes les entraves anti-démocratiques. Pourtant les tentatives pour discréditer Laurent Gbagbo et le présenter comme un dirigeant médiocre ont été nombreuses et variées. Au début de son mandat, les dossiers du charnier de Yopougon puis des enfants exploités dans les plantations de cacao ont été brandis. Durant et après la crise de 2002, les accusations de crimes de sang et de crimes économiques ont surgi. Ces machinations n’ont pas résisté à l’épreuve du temps.
La difficulté de la CPI à réunir des charges suffisantes, l’incapacité du pouvoir Ouattara pour soutenir le débat contradictoire sur les plateaux des médias panafricains et même publics, dans le dossier Laurent Gbagbo en sont l’illustration la plus actuelle. Laurent Gbagbo s’est « formaté » dans les esprits de façon positive. De l’exil politique, en passant par l’avènement du multipartisme dont il fut un acteur principal, puis la candidature historique contre Félix Houphouët Boigny, en 1990 ; l’accession à la Magistrature Suprême en 2000, la gestion pendant plus de huit ans dans un environnement international et françafricain hostile à son endroit, de la tentative de coup d’état de 2002, pour finir par son arrestation sous les bombes en Avril 2011, Laurent Gbagbo a parcouru un destin hors du commun, en totale communion avec les Ivoiriens, son peuple. Dans la Côte d’Ivoire de demain, Laurent Gbagbo restera dans les esprits et les cœurs ce symbole qui incarne les valeurs fondatrices de la lutte émancipatrice des peuples africains et même du monde, pour la souveraineté des nations. Gbagbo Laurent, c’est la personnification du courage, de la résistance et de la persévérance. Or, c’est autour de cette lutte émancipatrice que le FPI a pris racine et forgé ses militants avec Laurent Gbagbo comme figure de proue.
Laurent Gbagbo et la communauté dite internationale
Laurent Gbagbo avant d’être au pouvoir a œuvré pour l’appartenance du FPI à l’Internationale Socialiste un groupement qui est loin d’être révolutionnaire. De plus, Laurent Gbagbo une fois au pouvoir, n’a nullement compromis aux intérêts économiques des grands groupes économiques occidentaux; il a entretenu des rapports diplomatiques cordiaux avec l’ensemble de la communauté internationale avant 2002. Ces gages de bonne volonté et de bonne foi n’ont pas été suffisants pour empêcher la crise de l’extérieur qui conduira en définitive à l’éviction de Laurent Gbagbo de la Magistrature Suprême. Laurent Gbagbo a, en effet, été combattu tout au long de son mandat; dès son accession au pouvoir en 2000 par une succession de tentatives de renversement violent, un coup d’Etat mué en rébellion en 2002, la partition de la Côte d’Ivoire et le non désarmement des rebelles de 2002 à 2010, malgré les Accords de Marcoussis, des élections présidentielles truquées par des rebelles en armes, jusqu’aux évènements tragiques du 11 Avril 2011 au cours desquels des forces françaises, onusiennes et rebelles coalisées l’ont violemment extrait du Palais Présidentiel pour le livrer à la rébellion. La crise ivoirienne est une machination de la « communauté internationale occidentale » dite BAO (Bloc Atlantico Occidentale). Cette même communauté intervient en Lybie, en Irak, en Afghanistan, en Centrafrique, au Mali, en Ukraine, etc. …et en beaucoup d’endroits dans le monde après avoir malicieusement crée et entretenu des foyers de tensions. Ce BAO après avoir abouti à l’effondrement du Bloc de L’Est, planifie un Nouvel Ordre Mondial où leur hégémonie dictera les règles des relations internationales et leur donnera un accès à toutes les ressources naturelles disponibles. Laurent Gbagbo s’est retrouvé face à ce bloc tout au long de son mandat. Tout en adoptant un profil modeste, il s’est résolument engagé dans la voie de la démocratie et de la souveraineté nationale. Nous relevons à ce sujet deux postures symptomatiques du leader ivoirien: au cours de la décennie au pouvoir, tous les nouveaux contrats pétroliers et miniers qui ont été signés, l’ont été sur la seule base des intérêts de la Côte d’Ivoire hors toute ingérence extérieure ; ensuite, après les accords de Marcoussis, bien que Laurent Gbagbo en accepte les termes, il s’est gardé de présenter son discours à la Nation ivoirienne pour aval, aux services français du Quai d’Orsay. Ces faits lui ont été reprochés. Laurent Gbagbo n’a eu que peu de soutien aussi bien sur le plan africain qu’international au cours de la décennie 2000 à 2010 qu’a duré son mandat. En effet, au cours de cette période, la domination du BAO sur le monde était sans partage. Aujourd’hui l’influence du BAO est contrebalancée et ce monde unipolaire s’estompe quelque peu, depuis l’affirmation de puissances nouvelles qui se constituent en bloc opposé à l’unilatéralisme. La résistance du Président Assad en Syrie, les postures de la Chine et de la Russie respectivement en Mer de Chine et en Ukraine et dans les institutions de l’ONU, comme les dispositions du groupe BRICS relativement aux transactions financières planétaires, illustrent bien l’évolution du monde. Vivement interpellés par la situation ivoirienne, des médias panafricains satellitaires offrent des tribunes exceptionnelles pour informer l’opinion. Des médias de rayonnement mondial font des éditoriaux consacrés à notre pays, en faveur à Laurent Gbagbo et le FPI.
Les perspectives de lutte autour de Laurent Gbagbo
Nous ne concevons les perspectives que sous l’angle stratégique de la lutte pour la souveraineté de notre pays. Le FPI est engagé dans un processus difficile de négociation avec le pouvoir en place. Tactiquement, le Parti a les ressources pour rassembler la majorité de la population ivoirienne. Elle se reconnait dans le combat mené par Laurent Gbagbo sur le plan national et international. Toutes les occasions doivent être saisies pour rappeler aux Ivoiriens l’injustice qu’il subit; les thèmes des conférences ou assemblées statutaires du FPI peuvent et doivent graviter autour de la situation inique faite à Laurent Gbagbo; des rassemblements et manifestations doivent lui être dédiés jusqu’à sa libération; les interventions dans toutes les tribunes doivent avoir pour objectif l’exigence de sa libération qui seule peut donner une chance à la réconciliation en Côte d’Ivoire. Des séminaires et colloques scientifiques autour de ses œuvres personnelles, et de son action à la tête de l’Etat, sont des occasions entre autres de ressourcement. Le FPI doit rester jusqu’à sa libération, le Parti de Laurent Gbagbo, et même, si le culte de la personnalité n’est pas la règle en son sein, cette exception est politiquement correcte. Laurent Gbagbo peut mobiliser à l’extérieur. Les Partis politiques engagés pour la souveraineté de par le monde, la Diaspora, les Exilés, le Porte Parole de Laurent Gbagbo, des Personnalités de premier plan, des médias à audience planétaire peuvent au nom de Laurent Gbagbo servir à la mobilisation pour la cause du FPI. La Direction du FPI doit émettre, en utilisant des canaux politiques, des signaux clairs notamment en direction des institutions ou pays qui prônent la dignité, la souveraineté et la fin de l’unilatéralisme.
En guise de conclusion
1/ La restructuration de la Direction du FPI comporte des défis (opportunité, ampleur, composition) dont la simultanéité provoque une crise dont la gravité est inédite au FPI. Il est impérieux pour le Président du FPI d’y apporter une solution urgente.
2/ Laurent Gbagbo est le symbole autour duquel la mobilisation interne et externe est réalisable; la lutte pour sa libération est un préalable à tout autre enjeu et un atout au maintien de la cohésion au sein du FPI.
3/ Toute alliance avec le bloc BAO n’est viable que s’il est assimilé à un renoncement à la souveraineté nationale, fondement de la lutte du FPI. Il nous paraît illusoire d’attendre de la prochaine visite du chef de l’Etat français, artisan du bloc BAO, des avancées significatives au plan politique interne.
4/ Les pays engagés dans l’avènement d’un renouveau du Nouvel Ordre Mondial, multipolaire, auront besoin de partenaires. Il revient à la Direction du FPI au travers de canaux politiques appropriés d’en saisir l’opportunité.
Une Contribution du Ministre Léon Emmanuel Monnet
Ex-ministre des Mines et de l'Energie du Président Laurent Gbagbo