Transfèrement de Blé Goudé à la CPI: Entre Blé et Soro, la Cpi se trompe de cible

Par Notre Voie - Entre Blé et Soro, la Cpi se trompe de cible.

Ainsi donc Charles Blé Goudé est livré à la Cpi par Alassane Ouattara. Le ministre de la Justice, Coulibaly Gnénéma, justifie la décision du gouvernement Ouattara.
D’une part, ce ministre, de surcroît magistrat, fait remarquer que Blé Goudé aurait introduit la machette à l’université et qu’il incarnerait la violence.
D’autre part, Gnénéma soutient que Blé Goudé se serait attaqué aux biens de la communauté internationale.
Pour cela, il peut être jugé par cette communauté.
Si nous suivons ce ministre, Ouattara a livré Blé Goudé pour avoir introduit la machette à l’université et pour s’être attaqué aux biens des Français et l’Onuci. Or, on nous a toujours fait croire
que la Cpi engage des poursuites contre des personnes ayant commis des crimes contre l’humanité. Par la démarche
du ministre Gnénéma, nous arrivons à la conclusion qu’introduire la machette à l’université et
s’en prendre aux entreprises françaises sont des crimes contre l’humanité. Ce que nous ne savions pas jusquelà. Admettons alors que Blé
Goudé a introduit la machette à l’université. En quoi ce fait a-t-il un lien avec la crise postélectorale ?
Puisque comme il est connu de tous, la CPI travaille sur les actes commis au cours de la crise postélectorale. Il est donc difficile de concevoir que le ministre de la
Justice évoque ce passé lointain pour justifier la décision du gouvernement de livrer Blé Goudé. Si nous en venons aux
supposées attaques de 2004 qui lui sont imputées, comme le soutient Coulibaly Gnénéma, là encore, le ministre de la Justice se plante.
Parce qu’il faut prouver que Blé Goudé a effectivement donné des ordres aux Ivoiriens
pour perpétrer ce type d’attaques. Toutes les images existent. Les vidéos à travers lesquelles Charles Blé Goudé
a lancé ses appels aux Ivoiriens pour protéger la résidence du président Gbagbo sont disponibles, donc vérifiables.
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Si, pour l’usage d’une machette à l’université, Blé Goudé doit aller à La Haye, alors il y a lieu de demander à la Cpi le sort qu’elle réserve à Guillaume Soro. Lui qui, en lieu et place d’une machette,
a acheté et distribué des tonnes d’armes de guerre et des munitions pour faire la rébellion du 19 septembre 2002. Soro a même eu l’audace de revendiquer la rébellion en écrivant un livre
intitulé : «Pourquoi je suis devenu rebelle». Le livre publié depuis la France se trouve encore dans les rayons des librairies.
Cette rébellion dont il assume la paternité a fait des morts au nombre incalculable. On peut citer feu le ministre Me Emile Boga Doudou, les colonels Dagrou Loula, Yodé Gnoléba, Dali Oblé. Il faut se souvenir du
musicien Marcellin Yacé, du général Robert Guéi et son épouse Rose, des danseuses d’adjanou de Kpatanou, à Sakassou, des milliers d’anonymes,
des bébés, des femmes enceintes, des militaires et des gendarmes égorgés à Bouaké. De Korhogo à Odiénné, de Vavoua à Man, de Bouaké à Bouna, en passant par
Séguéla, Ouangolo, Tengréla, Dabakala, Mankono, Katiola, Tafiré et Ferké, la rébellion, conduite par Guillaume Soro, a été meurtrière.
Elle a semé la désolation sur tout son passage et endeuillé des familles, et même disloqué l’Etat de Côte d’Ivoire.
C’est ce que l’ancien ministre Apiah Kabran qualifie de déplanification de l’Etat. Le corps social a été totalement désorganisé. De nombreuses personnes emprisonnées, des élèves et enseignants contraints d’abandonner les cours pour surcharger les classes dans les régions épargnées par la guerre. Si les forces onusiennes et la force Licorne sont aujourd’hui installées en Côte d’Ivoire, c’est parce que Guillaume Soro a fait la rébellion armée.
Au moment où l’actuel président de l’Assemblée nationale abandonnait les amphis pour la rébellion armée avec Zaga Zaga, Wattao, Koné Zakaria, adjudant Beugré (l’actuel ministre Alain Lobognon), Fofié Kouakou, feu Ibrahim Coulibaly dit IB, Chérif Ousmane et les autres, Blé Goudé faisait calmement ses études en Angleterre. C’est pour défendre son pays les mains nues contre la rébellion qu’il a quitté l’Angleterre pour Abidjan. Il n’a donc fait que défendre la mère patrie devant l’agresseur.
Nous sommes donc surpris que l’agresseur soit adulé et que la victime croupisse en prison. Quelle est alors la logique de la Cpi qui s’acharne
sur les seuls innocents en laissant libres les criminels ?

Benjamin Koré

A quand les mandats d’arrêt dans le camp Ouattara ?

Au-delà de l’indignation qu’il suscite dans l’opinion publique nationale, le transfèrement annoncé de Charles Blé Goudé à La Haye relance le débat sur la crédibilité et l’impartialité de la Cpi. Une juridiction qui se révèle chaque jour par ses actes comme un instrument de répression aux ordres des puissances occidentales impérialistes. Ces dernières s’en servent pour punir tous les dirigeants africains qui refusent de se soumettre. Malgré les dénégations de ses défenseurs, la Cpi n’a pas encore convaincu sur son indépendance et son impartialité.
Bien au contraire, le tribunal de La Haye continue de se discréditer. Et le dossier ivoirien apparaît comme un baromètre important pour prendre toute la mesure de l’injustice et de la partialité de la Cpi. Comment comprendre que, dans un conflit qui a opposé deux camps dont les acteurs ont été formellement identifiés, cette juridiction internationale s’acharne seulement sur un seul camp ? Tous les mandats d’arrêt émis jusque-là ne
visent que Laurent Gbagbo et ses partisans pendant que les vrais criminels se prélassent en Côte d’Ivoire. La question qui pend aujourd’hui sur toutes les lèvres est de savoir quand l’on aura enfin des mandats d’arrêt dans le camp Ouattara. Vivement que la Cpi apporte une réponse concrète à cette question essentielle pour rassurer le monde entier sur sa capacité à gérer de façon équitable et impartiale le dossier ivoirien. Il suffira simplement au procureur Fatou Bensouda de dépoussiérer la liste des criminels du camp Ouattara déjà élaborée par son prédécesseur Luis Moreno Ocampo.

JKS