Soulèvement militaire à Bouaké, Korhogo et Daloa: Le gouvernement appelle au calme. Les mutins réclament 10 millions de Fcfa et une villa ou rien

Par Ivoirebusiness - Soulèvement militaire à Bouaké, Korhogo et Daloa. Le gouvernement appelle au calme. Les mutins réclament 10 millions de Fcfa (15000 €) et une villa chacun ou rien.

Le ministre auprès du président de la République en charge de la défense, Alain Richard Donwahi.

"Dans la nuit du jeudi au vendredi, aux environs de 0h30, un groupe de militaires a fait irruption à l'état-major de la troisième région militaire [de Bouaké] en faisant usage d'armes à feu", a déclaré le ministre de la Défense, Alain-Richard Donwahi, dans un communiqué lu à la télévision nationale vendredi à la mi-journée.

Selon ce communiqué du gouvernement ivoirien et suite à la contagion de la mutinerie dans plusieurs villes du pays, « il est demandé à tous les soldats de garder leur calme et de rentrer dans les casernes en vue de permettre la recherche de solutions durables pour l’ensemble des composantes des Forces armées de Côte d’Ivoire». Le communiqué a été lu à la télévision nationale RTI1 au journal de 13h (locales et GMT).

Selon le ministre Donwahi, le gouvernement a pris des mesures, notamment, la « mise en alerte de l’ensemble des troupes » et le « renforcement de la sécurité des emprises militaires ».

Il a également indiqué que le Commandant en Second de la troisième Région Militaire de Bouaké et le Commandant du Bataillon d’Artillerie Sol-Sol présents à l’Etat-Major de région de Bouaké, sont rentrés en discussions avec le groupe d’insurgés. Au nombre des revendications, le paiement de primes, l’augmentation de salaires, la réduction du temps à passer dans les grades et l’éclaircissements à propos d’une supposée prime « ECOMOG ». Alain Richard Donwahi a appelé les populations au calme.
« Il est demandé aux populations de garder leur calme. Toutes les dispositions sont prises pour assurer la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national», a-t-il insisté.

Pour rappel, un soulèvement militaire a éclaté tôt ce vendredi matin en Côte d’Ivoire avec une mutinerie de soldats dans la ville de Bouaké, laquelle s’est vite répandue à Korhogo et à Daloa. Le camp militaire d’Akouedo serait rentré dans la danse selon une source sans plus de précision. Mais le calme règne pour l’heure à Abidjan. Aucun soldat de visible dans les rues d’Abidjan.
Alors que dans les villes de Bouaké, Daloa, et Korhogo, les soldats étaient visibles dans les rues effectuant des tirs sporadiques à l’arme lourde et à l’arme automatique, bloquant les différents corridors d’entrée et de sortie des villes. Les populations apeurées se terraient chez elles tandis que les banques, les commerces, les administrations, restaient fermées. Des rumeurs faisait également état dans la journée de soulèvements militaires à Man et à San-Pedro, sans plus de précision.
Selon une source militaire jointe sur place, les soldats mutins de Bouaké ont pris le contrôle de deux camps militaires au lieu d'un: le 3e bataillon et le Groupement des sapeurs pompiers militaires (GSPM). Ils ont aussi pris des armes et des munitions après avoir pris le contrôle de poudrières et de postes de police de la ville, cassant le camp pénal de Bouaké.

Le corridor sud, l’une des quatre entrées de la ville, était également jusqu’à 08H30 sous le contrôle des mutins.

Les militaires mutins réclament 10 millions de Fcfa (15000€) et une villa chacun ou rien, sinon ils ne retournent pas dans les casernes.

"Nous réclamons 10 millions chacun plus une villa. Le cas échéant, nous ne regagnerons pas les casernes", a précisé un militaire mutin sous couvert d'anonymat pour qui il s'agit d'une mutinerie des ex-combattants rebelles des forces nouvelles intégrés dans l'armée FRCI, et à qui on a fait des promesses non tenues depuis la crise post-électorale de 2011.

Eric Lassale