Sénégal : Youssou N’dour assène ses vérités à Wade. « Dites à Wade qu'il doit partir »

Le 09 janvier 2012 par IvoireBusiness – Au Sénégal, la campagne présidentielle bat actuellement son plein et les candidats déterrent tous la hache de guerre.

Youssou N'Dour. De afp.

Le 09 janvier 2012 par IvoireBusiness – Au Sénégal, la campagne présidentielle bat actuellement son plein et les candidats déterrent tous la hache de guerre.

C’est à qui poignardera le plus profondément l’autre. Sur ce terrain là, la star internationale du M’Balax, Youssou N’Dour, nouveau venu dans l’arène politique, n’a rien à envier aux politiciens rompus.
Il ne s’est pas gêné pour demander aux dirigeants du monde, Nicolas Sarkozy et Barack Obama en tête, de dire "clairement" au président Abdoulaye Wade, qui se représente à ce scrutin, de partir, dans un entretien accordé à l'AFP, dont IvoireBusiness a eu copie.
Il qualifie le Président sortant de « Violeur de la constitution ».

"Je ne considère même pas Wade comme candidat, parce que si on reste dans le cadre de la Constitution, il n'a pas le droit", a affirmé Youssou Ndour à propos de la nouvelle candidature du chef de l'Etat, 85 ans, élu une première fois en 2000 et qui brigue un nouveau mandat après sa réélection en 2007.
"Et là j'interpelle le monde entier qui n'est pas encore clair par rapport à ça: il faut qu'on lui dise la vérité", a-t-il ajouté, s'adressant aux présidents américain Barack Obama et français Nicolas Sarkozy, au Premier ministre britannique David Cameron, à la Chancelière allemande Angela Merkel.
"Dites lui clairement, Obama, Sarko, Cameron, Merkel, etc, dites lui que la loi fondamentale, ce qui régit les Sénégalais, ne lui permet pas de se présenter. Qu'il ne force pas, parce qu'il vaut mieux prévenir que guérir".
"Et ça je le dis, parce que généralement ils (ces dirigeants) sont là jusqu'à ce qu'il y ait des problèmes. On a pas besoin de ça au Sénégal, c'est un pays de paix", a affirmé Youssou Ndour, craignant que le simple fait que M. Wade dépose sa candidature devant le Conseil constitutionnel ne provoque des violences.
"Le président Wade n'a même pas le droit d'aller là-bas" au Conseil constitutionnel, selon le chanteur, également patron de presse très impliqué dans la vie sociale de son pays depuis des années.
"Moi je suis non violent, mais on ne maîtrise pas les Sénégalais. A partir du moment où il n'y a pas de justice, la paix n'est pas possible. Justice rime avec paix, paix avec justice", a-t-il affirmé, ajoutant que le président Wade n'est pas un "roi".
"Je vais créer la surprise"
C'est un président qui a été élu démocratiquement, réélu et la Constitution ne lui permet pas" de déposer à nouveau sa candidature.
"Même moralement, comment va-t-il regarder les gens? Il va les regarder en disant +j'ai bafoué la Constitution+?", s'est-il interrogé. "Il faut qu'il revienne à la raison et on peut l'aider à sortir par la grande porte, je le lui ai dit face à face".
Selon lui, Wade "n'est plus majoritaire dans ce pays, il n'est plus populaire, il utilise aujourd'hui l'appareil de l'Etat qu'on lui a délégué pour essayer de dire qu'il est populaire". "Il a fait des choses", reconnaît-il, mais "il a fini aujourd'hui ce qu'il devait faire. Il a échoué. Merci".
A propos de sa candidature, "You" comme l'appellent ses compatriotes, a affirmé "venir avec une nouvelle démarche, une nouvelle vision".
"Je pense que je vais créer la surprise, je pense qu'il y a une évolution silencieuse, les gens vont voter Youssou Ndour", a-t-il déclaré, se disant certain de l'emporter dès le premier tour du 26 février.
"Je vois le désespoir des populations, je fais partie de ces populations. Je vois la situation se détériorer", a-t-il dit, affirmant que s'il est élu, ses priorités - santé, éducation, agriculture - n'auront que pour but d'aider "le Sénégal d'en bas" en dégageant des fonds, en particulier par la réduction du "train de vie exubérant de l'Etat".

Dans un entretien à Africa N°1, Youssou N’dour, l’enfant de la Medina, 52 ans aujourd'hui, et qui n’a pas fait d’études supérieures, s’est dit confiant que sa candidature sera acceptée par le Conseil constitutionnel, se disant entouré d’une batterie de cadres compétents pour sa campagne.
Pour lui, il créera la surprise à la présidentielle, car sa candidature n'est absolument pas artificielle ou cosmétique. Elle ne répond pas à un souçi de mode, comme disent ses détracteurs.

Christian Vabé