Procès de l’assassinat du colonel Adama Dosso Opération «accabler Dogbo Blé» : la cabale s’effondre ! / Le rôle trouble de l’avocat du RDR
Le 10 octobre 2012 par Nouveau Courrier - Au fur et à mesure que le procès sur l’assassinat du colonel major Adama Dosso avance dans le temps, les choses semblent se préciser quant à l’implication de chacun des prévenus.
Le 10 octobre 2012 par Nouveau Courrier - Au fur et à mesure que le procès sur l’assassinat du colonel major Adama Dosso avance dans le temps, les choses semblent se préciser quant à l’implication de chacun des prévenus.
Prouver la responsabilité de l’ex-commandant de la garde républicaine dans cette affaire d’assassinat. Tel est l’objectif affiché par le trio que constituent le ministère public, la partie civile et le président du tribunal. Mais cet exercice périlleux passe nécessairement par une confrontation des aveux de certains prévenus qui accablent le général Dogbo Blé à ceux du général lui-même mais également à ceux de certains. En effet, au 5e round de cette audience hier mardi 9 octobre, nombreux étaient ceux qui aurait fait le pari de la confirmation
par certains témoins des faits reprochés à cet officier supérieur. Il s’agissait notamment du sergent Zamblé Bi Zamblé, chauffeur du général, qui avait été cité par les sergents Lago Léo et Ferdinand Toh et surtout du sergent Kouadio Kouadio, chef de sécurité du général. Mais que nenni ! En dépit de l’acharnement du commissaire du gouvernement, de son substitut, et de maitre Coulibaly Soungalo, (avocat du Rdr) partie civile, ces sous-officiers n’ont pas balbutié. Ils ont dit leur part de vérité. L’impossible coup de fil au chauffeur de Dogbo Blé Car l’on se souvient qu’au moment de leur interrogatoire, les sergents cités plus haut ont vite fait d’avouer que l’ordre était venu du général Brunot Dogbo Blé par l’entremise de son chef de cabinet, le commandant Kipré Yagba. Aussi, le nommé Noël Toualy avait-il confié avoir passé un appel téléphonique au chauffeur du général qui l’aurait par la suite joint. Interrogé sur la question, le témoin Zamblé Bi Zamblé s’est voulu clair. Il a expliqué être au moment des faits permissionnaire et donc dans son village pour des cérémonies après le décès de sa petite soeur. Avant de confirmer qu’il n’avait jamais reçu d’appel émanant du sergent Noël Toualy en question. Plus, il a fait savoir à la cour que ce sergent n’était même pas en possession de son numéro de téléphone. Alors comment l’aurait-il joint ? Mystère. A sa suite, a été appelé à la barre, un témoin dont la présence aurait pu modifier le cours des choses : le sergent Kouadio Kouadio. Soit ses révélations accablaient le général soit elles contribuaient à le disculper. Et pour cause : cet homme, en plus d’être le chef de sécurité du général, faisait office d’homme de main pour lui. Alors, il pouvait constituer un «sachant» dans cette affaire. En effet, au cours de son interrogatoire, le général Brunot Dogbo Blé avait affirmé que le soir du 12 mars – jour de l’assassinat du colonel Adama Dosso –, il n’était pas sorti et avait même pris le dîner sur place. Sur ce point précis, le sergent Kouadio Kouadio a indiqué qu’il s’était absenté pendant plusieurs heures, de 13 heures à 23 heures et qu’à son retour, il avait trouvé le général et son chef de cabinet sur place. Contrairement aux propos avancés par les sergents qui soutiennent mordicus avoir accompagné le général à son domicile. Sur la question de savoir s’il était informé d’une quelconque mission, le chef de la sécurité du général Dogbo Blé a dit n’être au courant de rien. A partir de ce matin, ce procès qui tient en haleine la République va rentrer dans sa seconde phase. Celle des plaidoiries.
Le rôle trouble de l’avocat du RDR
Y a-t-il des raisons de croire que le droit sera dit au terme de ce procès relatif à l’assassinat du colonel major Adama Dosso ? En effet, depuis l’ouverture de cette audience, un fait intrigue même si l’on tente de le faire passer sous silence. Il s’agit du rôle joué par l’avocat du Rassemblement des républicains, maître Coulibaly Soungalo. L’on se souvient qu’au moment de son interrogatoire au premier jour du procès, le sergent Jean-Noël Lago avait fait certaines révélations qui ont conduit certains avocats de la défense à exiger du président du tribunal la comparution de maitre Soungalo vu qu’il pouvait constituer un sachant dans cette affaire. Et comme par extraordinaire, alors que tout le monde attendait cet instant, c’est vêtu de sa toge que maître Soungalo est apparu dans la salle d’audience où il s’est automatiquement constitué partie civile à l’effet de la défense des intérêts du défunt colonel. Là encore l’on s’interroge. Et personne, même pas les avocats de la défense, ne le relève. Autre fait, c’est que, devant la Cour, le sergent Jean-Noël Lago dit avoir subi un interrogatoire au domicile du général Abdoulaye Coulibaly, ce qui est intrigant. En présence de cet avocat du RDR !
Comment cela s’est-il passé ? S’est-il dénoncé ? Pourquoi ? Au nom du remords ? D’un «arrangement » ? Lago dit que c’est le général Coulibaly himself qui l’a conduit dans un premier temps au commissariat du 18e arrondissement, ensuite au 30e avant qu’il se retrouve à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA). C’est après tout cela que les procédures auraient été ouvertes. L’on s’interroge forcément sur les prérogatives de cet avocat, Coulibaly Soungalo, qui a vite fait de troquer sa toge contre la tenue de détective privé et d’entremetteur spécial. Plus grave encore : l’on découvrira plus tard, bien entendu lors de l’interrogatoire du sergent Lago que tous ses effets personnels (téléphone portable, carte bancaire, moto) sont entre les mains de cet avocat, au nom d’on ne sait quels «pouvoirs» d’officier de police judiciaire. Toujours dans la veine des révélations, l’on apprendra de la bouche de ce sous-officier que maître Coulibaly Soungalo a confié au procureur du gouvernement et ce en sa présence que le colonel, avant d’être assassiné, avait en sa possession
la somme de 4 millions de francs CFA. Alors que le sergent soutient fermement que le colonel major n’avait en sa possession que 77 000 FCFA. Tant de faits qui ont manqué de peu de créer un clash hier mardi après-midi entre l’avocat du prévenu Jean-Noël Lago et l’avocat du Rdr, transformé en partie civile dans ce procès. Le ton est monté d’un cran puisque Maître Raoul Gohi Bi a haussé la voix pour exiger au président du tribunal la restitution des effets personnels de son client. Vu que l’avocat du RDR n’était pas la personne indiquée pour les confisquer. Ce qui a d’ailleurs conduit le président Mathurin Kanga à suspendre pendant une trentaine de minutes l’audience. Autant de coïncidences qui mériteraient une comparution de Maitre Coulibaly Soungalo en tant que sachant vu qu’il est très actif dans cette affaire.
Hermann Djéa