Presse: Déclaration n° 3 des Journaux Victimes du 11 avril 2011 (JV11), suite à la suspension du quotidien Le Temps pour 12 parutions

Le 06 août 2011 par IVOIREBUSINESS - I- Les faits Par décision n° 11 du 1er août 2011, le Conseil national de la Presse (CNP) a infligé, à nouveau, au quotidien Le Temps édité par la

César Etou.

Le 06 août 2011 par IVOIREBUSINESS - I- Les faits Par décision n° 11 du 1er août 2011, le Conseil national de la Presse (CNP) a infligé, à nouveau, au quotidien Le Temps édité par la

société Cyclone SARL, une suspension de douze (12) parutions en s’appuyant sur les articles 47 et 70 de la loi du 14 décembre 2004 portant régime juridique de la presse. Le CNP fonde sa décision sur la publication par le quotidien susvisé, en sa parution du 29 juillet 2011, d’un article intitulé « Invasion de l’Afrique/Quatre Daltons aux Etats-Unis pour prendre des instructions », relatif à la visite de quatre chefs d’Etats africains (Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire, Yayi Boni du Bénin, Yssouf Mahamadou du Niger et Alpha Condé de la Guinée) aux Etats-Unis, à l’invitation du président américain Barack Obama.
Le CNP a estimé que « le journal, en identifiant les quatre chefs d’Etat africains aux frères Dalton, les a délibérément assimilés à des hors-la-loi » ; que « le président des USA, M. Barack Obama, est lui, traité de patron de gang » ; que « de telles comparaisons sont gravement injurieuses » ; que « l’article incriminé est un condensé d’injures, d’offenses et d’accusations gratuites inacceptables à l’encontre de chefs d’Etat, proscrit par les articles 68 et 74 de la loi du 14 décembre 2004 », etc.

II- Nos constats

JV11 constate que :
1°)- Le quotidien Le Temps n’a fait que reprendre un article d’opinion publié par le site www.lynxtogo.info ;
2°)- Cet article d’opinion est disponible sur ledit site et est abondamment visité par les internautes à travers le monde entier, y compris en Côte d’Ivoire ;
3°)- Le 14 juin 2011, le CNP avait déjà infligé une suspension de six (06) parutions au quotidien Le Temps pour avoir publié un billet dénonçant les nominations à base ethnique dans l’administration publique par le régime Ouattara, alors que le billet incriminé contient les mêmes termes que ceux publiés, sur le même sujet, par des journaux proches du président Alassane Ouattara et qui n’ont écopé d’aucune sanction ;
4°)- Germain Séhoué, journaliste au quotidien Le Temps, auteur dudit billet, suspendu par le CNP pour deux mois, ne pourra pas reprendre du service le 15 août 2011 comme ses proches et lui l’espéraient, du fait de cette dernière suspension qui frappe son journal ;
5°)- Le CNP a infligé, le 1er juillet 2011, au quotidien « Aujourd’hui », une suspension de douze (12) parutions pour des délits qui relèvent plus des sentiments des responsables du CNP que d’une violation de la loi sur la presse et du code de déontologie des journalistes ;
6°)- Le CNP continue de fermer les yeux sur les nombreux et graves dérapages (injures, calomnies, diffamations et autres traitements dégradants) déversés par les journaux proches du régime Ouattara sur des citoyens ivoiriens, militaires et civils confondus.

III- Notre position

JV11, organisation des journaux subissant, depuis la chute du régime du président Gbagbo le 11 avril 2011, des pressions et des traitements en violation flagrante de la liberté de la presse garantie par la loi n° 643-2004 du 14 décembre 2004 en Côte d’Ivoire ;
1°)- Dénonce la lourdeur de la sanction infligée au quotidien Le Temps pour un article d’opinion déjà publié, disponible et accessible au grand public sur internet ;
2°)- S’insurge contre les sanctions ciblées, en général contre les JV11 et en particulier contre Le Temps, sanctions visant à imposer l’autocensure aux journalistes ;
3°)- Invite le CNP à rapporter la décision de suspension du quotidien Le Temps et à mettre fin à sa tendance à la répression systématique contre les journaux qui ne sont pas aux ordres du nouveau régime, justifiant du coup la haine dudit régime contre les journaux libres ;
4°)- Rappelle au CNP que, malgré les promesses de libération et les visites des lieux opérées sous sa conduite, le siège du quotidien Notre Voie reste toujours occupé par les Frci et que ceux du Temps et du Nouveau Courrier demeurent sous surveillance des militaires pro-Ouattara ;
5°)- Se propose de rencontrer, incessamment, le Collège des membres statutaires du CNP pour échanger sur leur perception du rôle de promoteur de l’expression plurielle conféré par la loi à l’organe de régulation, pour la libération des sièges des journaux et le renforcement de la sécurité des journalistes.
Fait à Abidjan, le 4 août 2011

Pour Les Journaux Victimes
du 11 avril 2011 (JV11)

Le Président
César Etou