Présidentielle au Sénégal: Wade confirmé, N'dour invalidé. Deux morts dans de nouvelles violences anti-Wade

Le 31 janvier 2012 par IVOIREBUSINESS – Le mouvement d’opposition M23 a dénoncé lundi un coup d’Etat anti-constitutionnel, en prélude au coup d’Etat électoral que Wade s’apprête à perpétrer dans les urnes. L’objectif du

Police sénégalaise.

Le 31 janvier 2012 par IVOIREBUSINESS – Le mouvement d’opposition M23 a dénoncé lundi un coup d’Etat anti-constitutionnel, en prélude au coup d’Etat électoral que Wade s’apprête à perpétrer dans les urnes. L’objectif du

M23 est d’empêcher par tous les moyens WADE à se présenter à l’élection présidentielle.
Lundi soir, Alioune Tine, le leader du M23 a été liberé par la police après deux jours de détention, et quelques heures après des violences à Podor (nord), qui ont fait deux morts, et à la veille d'un nouveau rassemblement de l'opposition.
Alioune Tine a affirmé avoir été libéré sans charges après avoir été longuement interrogé sur les manifestations du Mouvement du 23 juin (M23), qu'il coordonne et qui regroupe des partis d'opposition et des ONG hostiles à un nouveau mandat de M. Wade, au pouvoir depuis 12 ans.
La candidature de M. Wade a été validée le 27 janvier par le Conseil constitutionnel, puis confirmée dimanche soir.
La libération de M. Tine avait été réclamée par plusieurs organisations de défense des droits humains. Elle a eu lieu quelques heures après des violences lors d'une manifestation de militants du M23 à Podor, au cours desquelles deux civils ont été tués et plusieurs autres blessés, selon diverses sources concordantes.
Le 27 janvier, la validation de la candidature de M. Wade avait provoqué des émeutes à Dakar, où un policier avait été tué, et en province.
Selon l'opposition, de nombreuses personnes avaient été blessées, dont des journalistes frappés par la police, qui avait procédé à de nombreuses arrestations.
Plusieurs ONG dont Amnesty International, la Fédération des ligues des droits de l'Homme (FIDH) et des organisations de journalistes, dont le Syndicat des professionnels de l'information et de la communication du Sénégal (Synpics), ont dénoncé les violences et exhorté les autorités à garantir la liberté d'expression, d'information et de manifestation.
Le M23 a appelé "tous les citoyens" à participer à un "rassemblement pacifique" mardi après-midi à Dakar "pour exiger le retrait de la candidature de Wade" à la présidentielle prévue le 26 février.

Ce "sera un rassemblement pacifique pour continuer à protester contre l'inqualifiable et l'inacceptable validation de la candidature du président Wade par le Conseil constitutionnel", a affirmé Alioune Tine.

Parmi les responsables du mouvement, figurent huit candidats à la présidentielle qui avaient déposé des recours contre la candidature de M. Wade. qui, selon eux, a été au bout de ses deux mandats légaux, ayant été élu en 2000 puis réélu en 2007.
Le camp du chef de l'Etat a toujours récusé cet argument, arguant de réformes de la Constitution en 2001 et 2008 qui lui permettraient de se représenter.
Dimanche, le Conseil constitutionnel a jugé que les requêtes des opposants étaient "recevables" mais "non fondées" et considéré que M. Wade était "en droit de se présenter".
Le Conseil a également rejeté un recours de M. Wade qui voulait faire annuler les candidatures des ex-Premiers ministres Idrissa Seck et Macky Sall et de l'ex-ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio en les accusant de n'avoir "jamais payé l'impôt" au Sénégal.

Autre décision rendue: la confirmation du rejet de la candidature du chanteur Youssou N'dour et celle de deux autres candidats indépendants ne disposant pas de suffisamment de signatures de soutien.
Tout en appelant au calme, la France a regretté que "toutes les sensibilités politiques ne puissent être représentées" à la présidentielle, sans explicitement citer Youssou Ndour, s'inquiétant également de "multiples arrestations".
Les Etats-Unis ont invité M. Wade à "laisser la place à la prochaine génération", demande rejetée par El Hadj Amadou Sall, responsable de la campagne de M. Wade.
"Je réponds à nos amis américains que nous comprenons leur préoccupation, mais c'est trop tard, Abdoulaye Wade est candidat", et "il appartient au peuple sénégalais de se prononcer" le jour du scrutin, a déclaré M. Sall à la télévision privée sénégalaise TFM.

Les principaux candidats à l'élection présidentielle.

Le Conseil constitutionnel du Sénégal a validé les dossiers de quatorze candidats pour le premier tour de la présidentielle prévu le 26 février, dont voici les principaux.

- Abdoulaye Wade, 85 ans, avocat, président sortant. Surnommé "Gorgui" (le vieux", en wolof).
Né le 29 mai 1926 à Saint-Louis (nord-ouest) selon sa biographie officielle, il a étudié au Sénégal et en France, où il a accumulé plusieurs diplômes, en droit et économie notamment, lui valant d'être qualifié par certains partisans d'"Africain le plus diplômé d'Alger au Cap". Il a été député et ministre.
Il a été élu pour la première fois en 2000 pour sept ans contre Abdou Diouf après 26 ans d'opposition, une alternance politique pacifique qualifiée d'exemplaire en Afrique. Réélu en 2007 pour cinq ans après modification de la Constitution, il brigue un nouveau mandat ramené à sept ans suite à une nouvelle modification constitutionnelle.
Il est candidat du Parti démocratique sénégalais (PDS, au pouvoir) et de la coalition des Forces alliées 2012 (FAL 2012) et c'est la septième fois qu'il est en lice pour une présidentielle depuis 1978.

- Ousmane Tanor Dieng, 65 ans, diplomate. Familièrement appelé par son 2e prénom.
Né le 2 janvier 1947 à Nguéniène (ouest), diplômé en droit, il est le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS, opposition), formation qui a dirigé le Sénégal de 1960 à 2000. C'est un proche de l'ex-président Abdou Diouf, dont il a été l'homme de confiance, ministre et directeur de campagne lors la présidentielle de 2000, perdue par le PS. Ses détracteurs l'accusent d'être à l'origine du départ du PS de hiérarques socialistes dont Moustapha Niasse, qui a fondé son propre parti et avec lequel il n'a pu s'allier pour la présidentielle de février.
Il est candidat de la coalition "Benno ak Tanor" (L'unité avec Tanor) et brigue le fauteuil présidentiel pour la deuxième fois, après sa défaite face à M. Wade en 2007.

- Idrissa Seck, 52 ans, auditeur consultant, homme d'affaires, maire de Thiès (ouest). Surnommé "Idy".
Né le 9 août 1959 à Thiès, il a étudié au Sénégal, en France et aux Etats-Unis. Ex-Premier ministre du président Abdoulaye Wade, il a été emprisonné pendant sept mois (entre 2005 et 2005) pour malversations présumées dans le cadre de chantiers publics. Libéré en février 2006, il a bénéficié en mai 2009 d'un non-lieu.
Ex-fidèle et dauphin pressenti de M. Wade, il est ensuite passé dans l'opposition, a tenté un retour au parti au pouvoir, qui l'a finalement exclu fin avril 2011 pour "démarche fractionniste", le poussant à s'ancrer dans l'opposition. Battu en en 2007 par M. Wade, il se présente pour la deuxième fois et est candidat de la coalition "Idy4president".

- Moustapha Niasse, 72 ans, administrateur civil, consultant international, hommes d'affaires.
Né le 4 novembre 1939 à Keur Madiabel, village de la région de Kaolack (centre), il est issu d'un milieu modeste et a eu un parcours politique exceptionnel. Il a été directeur de cabinet du président Léopold Sédar Senghor, deux fois Premier ministre des présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade et plusieurs fois ministres des Affaires étrangères, sous le régime du Parti socialiste (PS) mais aussi médiateur pour des crises en Afrique.
Il a été un hiérarque du PS, dont il a démissionné en 1999 pour créer son parti, l'Alliance des forces de progrès (AFP). Il fut un allié de M. Wade, avant de rompre avec lui. Battu en 2000 et 2007, il se présente pour la troisième fois à la présidentielle et est candidat de la coalition "Benno Siggil Senegaal" (S'unir pour un Sénégal debout)

- Macky Sall, 50 ans, ingénieur, maire de Fatick (centre-ouest).
Né le 11 décembre 1961 à Fatick, il a été formé au Sénégal et en France. Ex-homme de confiance du président Wade, il a été son ministre des Mines (2001-2003), puis de l'Intérieur (2003-2004), son Premier ministre (2004-2007) avant d'être élu président de l'Assemblée nationale. Tombé en disgrâce, il a été évincé de la tête de l'Assemblée nationale en novembre 2008. La même année il crée sa formation, l'Alliance pour la République (APR).
Il se présente pour la première fois à une présidentielle et est candidat de la coalition "Macky 2012".

Michèle Laffont