Présidentielle 2012: Sarkozy ne profite pas de son show télévisé. Hollande monte à 31% (+3) et Sarko stagne à 24,5%. Au second tour, François Hollande (58%, +1 point) et Sarkozy (42%, -1)

Le 31 janvier 2012 par IVOIREBUSINESS – Le SarkoShow de dimanche dernier, regardé par plus de 17 millions de téléspectateurs n’aura en définitive pas bénéficié à Nicolas Sarkozy, qui espérait refaire son

Nicolas Sarkozy.

Le 31 janvier 2012 par IVOIREBUSINESS – Le SarkoShow de dimanche dernier, regardé par plus de 17 millions de téléspectateurs n’aura en définitive pas bénéficié à Nicolas Sarkozy, qui espérait refaire son

gros retard sur François Hollande, le leader socialiste à l’élection présidentielle 2012.
Un sondage Ifop-Fiducial réalisé pour Europe 1, Paris Match et Public Sénat entre dimanche 21H30 et lundi, soit dans la foulée de l'intervention télévisée du président de la République, montre clairement que Sarkozy ne profite pas de son Show télévisé., malgré la présentation de nouvelles mesures choc pour combattre le chômage et restaurer la compétitivité des entreprises.

François Hollande gagne trois points dans les intentions de vote du premier tour de la présidentielle par rapport au 14 janvier, s'affichant à 31%, devant Nicolas Sarkozy à 24,5% (+0,5) et Marine Le Pen à 19% (-1), selon le sondage Ifop-Fiducial.
Si le premier tour de la présidentielle avait lieu dimanche prochain, le candidat du PS François Hollande recueillerait 31% des voix, six points et demi devant le président sortant, pas encore officiellement candidat, et douze points devant la candidate du FN, qui retombe sous les 20%.
Viennent ensuite François Bayrou (MoDem), qui perd un point par rapport à une précédente étude du 14 janvier, à 11,5%, puis Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche) et Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts), tous deux inchangés à respectivement 7,5% et 3% des intentions de vote.
Dominique de Villepin (1%, -1 point), puis, avec le même 0,5%, Nathalie Arthaud, Jean-Pierre Chevènement, Corinne Lepage et Nicolas Dupont-Aignan arrivent en queue de classement. Aucun chiffre n'est donné pour Philippe Poutou, Frédéric Nihous et Christine Boutin (score inférieur à 0,5%).
Au second tour, François Hollande (58%, +1 point) l'emporterait largement sur Nicolas Sarkozy (42%, -1), souligne encore l'étude.
Enquête réalisée du 29 janvier à 21H30 au 30 janvier, par téléphone et par questionnaire auto-administré en ligne (système Cawi), auprès d'un échantillon de 1.387 personnes inscrites sur les listes électorales, extrait d’un échantillon de 1.655 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas).

PRESENTATION DES NOUVELLES MESURES CHOCS DE SARKOZY POUR COMBATTRE LE CHÔMAGE ET RESTAURER LA COMPETITIVITE DES ENTREPRISES

1 TVA sociale

Annonce phare de la soirée : l’instauration d’une «TVA sociale». Destinée, selon Nicolas Sarkozy, «à abaisser le coût des produits en France» - en réalité le coût du travail -, son mécanisme consiste à transférer une partie du financement de la protection sociale, aujourd’hui assis sur le travail, sur un ou plusieurs autres impôts, auxquels ne sont pas assujetties les entreprises. Les 5,4% de cotisations patronales de la branche «famille» seront ainsi supprimées. Soit un allégement de 13 milliards d’euros pour les entreprises, compensé, pour la Sécu, par l’augmentation de deux autres impôts : la TVA, dont le taux normal progresserait au 1er octobre de 1,6 point (de 19,6% à 21,2%, pour un gain de 11 milliards), et la CSG sur les revenus du capital, relevée de 2 points (de 8,2% à 10,2%, soit + 2 milliards). Cette suppression des cotisations «famille» ne concernerait cependant pas tous les salaires, mais uniquement les rémunérations comprises entre 1,6 et 2,1 fois le Smic, et de manière dégressive jusqu’à 2,4 Smic. La raison ? Outre que les salaires inférieurs à 1,6 Smic bénéficient déjà de fortes exonérations de cotisations, ce sont les rémunérations du secteur industriel, filière considérée comme la plus exposée à la concurrence internationale, qui sont visées. Or, celles-ci s’échelonnent, pour les deux tiers d’entre elles, entre 1,6 et 2,1 Smic. Par ailleurs, la piste un temps évoquée, et défendue par le Medef, d’abaisser également les cotisations salariales afin de donner du pouvoir d’achat aux Français face à la hausse de la TVA, a été abandonnée. Explication : le Président «ne [croit] en rien à une augmentation des prix».
Cette version de la TVA sociale, séduisante sur le papier, pourrait s’avérer vite décevante. D’abord parce que la baisse du coût du travail sera si minime pour les entreprises françaises qu’elle ne leur permettra pas de regagner de façon significative des parts de marché à l’export, et encore moins en dehors des frontières de l’Union européenne. Ensuite parce que ce n’est pas sur le coût du travail dans l’industrie, équivalent à celui de l’Allemagne, qu’il faut agir, selon une étude réalisée par la banque Natixis, mais sur celui de l’ensemble de l’économie. Car c’est sur les services aux entreprises, autrement dit le secteur tertiaire, que se fait une grande partie du différentiel de compétitivité. Enfin, si l’Allemagne est si compétitive sur le plan industriel, ce n’est pas tant, toujours selon cette même étude, en raison de ses faibles coûts du travail, mais parce que son système productif a recours de façon massive à des produits intermédiaires fabriqués dans des pays à bas coût.

2 Contrat compétitivité-emploi

Présentés, un peu rapidement par les interlocuteurs du Président, comme la fin des 35 heures, les accords d’entreprises dérogatoires annoncés par Nicolas Sarkozy s’imposeraient «à la loi et au contrat individuel». Pour négocier ce dispositif, les partenaires sociaux disposeront de deux mois. En cas «de blocage, le Parlement prendra ses responsabilités». Censés aider les entreprises à passer un cap difficile, ces pactes de compétitivité-emploi permettront aux employeurs de revoir à la baisse des éléments clés du contrat de travail, sans avoir à obtenir l’assentiment des salariés. Ainsi, suite à un accord d’entreprise, paraphé par des syndicats représentant au moins 30% des voix (règles actuelles de la négociation collective), l’employeur pourra imposer une baisse de salaire ou une hausse du temps de travail sans hausse des rémunérations. Et ce, sans que chaque salarié, comme c’est le cas aujourd’hui, ait à accepter ces changements individuellement.
Les employeurs devraient cependant y regarder à deux fois avant de se lancer dans un tel système. Car dans nombre d’entreprises, cette démarche a conduit à rallumer la guerre sociale, créant un climat détestable sur les chaînes de production. Il en est ainsi de Goodyear à Amiens, de Continental AF à Toulouse, ou encore, plus récemment, de la Fonderie du Poitou à Ingrandes (Vienne). Et si le gouvernement met en avant des cas d’entreprise où la mesure a réussi, il en est beaucoup d’autres où l’aventure s’est finie en drame, comme pour les Conti à Clairoix (Oise), les salariés de Peugeot Scooters à Strasbourg, ou encore ceux de HP en Isère, tous licenciés, en totalité ou partiellement, quelques années après.

3 Taxe financière

Sarkozy fera cavalier seul et ne tient aucun compte des «pressions» exercées par le milieu financier. Sans surprise, il a confirmé hier soir l’instauration d’une taxe sur les transactions financières applicables au 1er août. Le chef de l’Etat, qui l’a maintes fois promise, a expliqué que la France «allait montrer l’exemple et provoquer un choc». Aucun doute pour lui que le reste de l’Europe, à commencer par l’Allemagne, suive très vite le mouvement initié par la France. Peaufinée depuis un mois à Bercy, la taxe sera appliquée au taux de 0,1% sur les actions, comme le prévoit la directive déjà proposée par la Commission européenne. Elle concernera également les produits dérivés comme les CDS et le «trading à haute fréquence», une spéculation menée automatiquement par ordinateur. Les émissions d’obligations, mais aussi d’actions lors des introductions en Bourse, ne seront pas touchées. Une disposition prise afin de limiter les risques de délocalisations, bien réels dans le cas des émissions d’obligations d’entreprises, qui peuvent facilement se faire à l’étranger. Selon Bercy, elle devrait rapporter 1 milliard chaque année, soit quatre fois plus que l’impôt de Bourse supprimé en 2008. Pour le Premier ministre britannique cette taxe est tout simplement «une folie»,comme il l’a redit en fin de semaine au forum économique de Davos, en Suisse. David Cameron a évoqué la perte de 500 000 emplois dans l’Union européenne au cas où elle serait appliquée, en se référant, a-t-il dit, à un chiffrage de la Commission européenne.

4 Logement

«Dans tous les pays du monde, explique le président de la République, quand la crise arrive, les loyers baissent et le prix du foncier baisse. Sauf la France.» Aussi, «nous avons donc décidé que pour les trois ans qui viennent, tout terrain, tout immeuble verra ses possibilités de construction augmenter de 30%». Il balaie au passage la proposition d’encadrement des loyers avancée par François Hollande «dans les zones où les prix sont excessifs». «Si on fait l’encadrement des loyers, rétorque le président sortant, plus personne ne louera et plus personne ne construira.»
Comment cela peut-il s’appliquer ? Le chef de l’Etat, dans son intervention, a donné deux exemples : « Concrètement, vous avez un pavillon de 100m2, vous pouvez construire 30 % de plus. Vous êtes une collectivité, vous avez 1 000 m2, vous pourrez construire 1 300 m2». Interrogé par Libération, le ministre du Logement, Benoist Apparu, en cite un troisième : «Si dans une commune, le PLU [plan local d’urbanisme, ndlr] autorise la construction de 100 logements sur une parcelle, on pourra désormais en construire 130.»
Cette possibilité d’augmenter les droits à construire restera cependant facultative. «Un conseil municipal pourra refuser ce droit, mais il faudra qu’il prenne une délibération», a précisé Nicolas Sarkozy. Qui a aussi écarté d’un revers de main la proposition de Hollande de mettre les terrains publics à disposition de collectivités. «C’est une drôle d’idée qui consiste à ruiner l’Etat pour donner des terrains à un promoteur !» Le gouvernement s’apprêterait cependant à annoncer la construction de 100 000 logements nouveaux sur terrains publics (dont 50 000 en Ile-de-France). Mais pas gratuitement. Entre 2008 et 2011, rappelait hier soir Apparu, la cession de terrains publics pour la construction de 70 000 logements a rapporté 1,15 milliard d’euros.

5 Autres mesures

Le Président a également annoncé la création d’une banque de l’industrie avec un milliard d’euros de fonds propres. Comme une réponse du tac au tac à François Hollande et à sa future banque publique d’investissement. «Ce sont des décisions qui seront appliquées dès février», a-t-il dit, manière de signifier qu’il s’agit de concret, et non pas de promesses de campagne. Le chef de l’Etat a aussi annoncé que les sanctions seraient renforcées pour les entreprises de plus de 250 salariés qui ne respectent pas le quota d’apprentis, qui sera porté à 5%. «L’amende sera doublée», a-t-il dit. Le Président envisage également de moduler les dotations aux collectivités locales «en fonction de leur sagesse en matière [budgétaire]». A ceux, enfin, qui redoutaient un nouveau plan de rigueur à trois mois de l’élection, Nicolas Sarkozy a précisé que le rythme de désendettement de la France, meilleur que prévu, le rendait inutile. Le montant du déficit public en 2011 sera de «5,4% et peut-être de 5,3%», a-t-il répété à plusieurs reprises. Soit 0,3 point de mieux que les 5,7% sur lesquels le gouvernement français s’est engagé vis-à-vis de Bruxelles. Toujours cela de pris, a dû se dire le futur candidat.

Catherine Balineau (SOURCE LE MONDE ET AFP)