Politique: Gbagbo, l’équation insoluble de Ouattara

Le 20 août 2011 par IvoireBusiness - Bon nombres d’observateurs l’ont déjà reconnu : « L’ombre de Gbagbo planera sur la Côte d’Ivoire, tout au long du

Le Président Laurent Gbagbo, lors de sa prestation de serment.

Le 20 août 2011 par IvoireBusiness - Bon nombres d’observateurs l’ont déjà reconnu : « L’ombre de Gbagbo planera sur la Côte d’Ivoire, tout au long du

mandat d’Alassane Ouattara ». Bientôt 5 mois qu’il est en résidence surveillée. Mais il ne se passe pas un seul jour, sans que les médias ne parlent de lui directement ou indirectement, à travers ses proches. Malgré toutes les tentatives du ‘’brave-tchè’’. On se demande d’ailleurs qui de lui ou de Gbagbo est brave. Car comme disait Malick Seck, politicien sénégalais: « Là où tout le monde se serait enfui, Gbagbo est resté ! ». Ouattara a essayé et essaye encore de neutraliser son ‘’pire cauchemar’’. Arrestation, emprisonnement, campagne de dénigrements, ne suffisent plus. Tout est fait pour casser le moral du ‘’woody’’. Mais rien n’y fait. ’’L’indécrottable’’ Gbagbo est toujours là. Pas seulement en résidence surveillé à Korhogo. Mais aussi dans la mémoire et le cœur des ivoiriens. Le « Woody » dont les populations espèrent vivement la libération. Tentatives désespérées d’Alassane Ouattara pour écarter son adversaire d’hier :
Un quotidien de la place titrait: ‘’ Après sa prise du pouvoir : La stratégie de Ouattara pour neutraliser Gbagbo’’. Alassane lui-même, dans une interview accordée à France 24, lâchait cette phrase : « Gbagbo ne représente plus rien … ». En effet ses propos traduisent la volonté d’ADO et des siens de ‘’ tourner la page Gbagbo ’’. Comment comptent-ils s’y prendre ? Dans un premier temps : confiner Laurent Gbagbo en résidence surveillée, loin de la capitale économique, dans une ville réputée être le fief des Forces Nouvelles, portant aujourd’hui, le titre ronflant de ‘’Forces Républicaines’’. Passons les interdictions de visites et les stratagèmes pour empêcher ses avocats de le rencontrer. Il s’agira ensuite, de traduire Gbagbo devant les tribunaux, en l’occurrence, la Cour Pénale Internationale (CPI). Objectif, selon les sources proches de la présidence, écarter Gbagbo définitivement du champ politique ivoirien. Alassane veut s’assurer un mandat en toute quiétude. Pour cela, il veut réduire au silence Laurent Gbagbo, qualifié de ‘’prisonnier trop encombrant’’. Ce serait pour lui, une ‘’bouffée d’oxygène’’. Ces mêmes sources ne manquent pas de préciser qu’il opère cette tactique sur conseils de ses soutiens occidentaux. Quand on connaît la complexité de la CPI, sa lourdeur et sa lenteur des procédures, on n’imagine que Gbagbo, à l’instar de Charles Taylor et Jean Pierre Bemba, risque d’y séjourner pendant plusieurs années. Mais les choses ne sont pas aussi faciles que Ouattara et son clan l’espèrent.
Mais qui est donc ce Gbagbo ? Pourraient s’interroger ceux qui ne le connaissent pas. Laurent Gbagbo. L’homme, même s’il est défait militairement par la France, n’est pas ‘’ né de la dernière pluie’’ ! Opposant historique sous Boigny (paix à son âme !), il avait ‘’osé’’, fait sans précédent, se présenter aux élections d’octobre 1990 face au ‘’vieux’’ qui le qualifiait d’opposant trop remuant. Ce dernier avait auparavant fait venir Gbagbo près de lui à Abidjan, préférant l’avoir près de lui plutôt qu’à Paris. Syndicaliste actif, Gbagbo crée le FPI dans la clandestinité pour lutter contre la dictature du PDCI parti unique d’alors. Sous son impulsion et la pression de la rue, Houphouët est obligé de céder et d’instaurer le multipartisme. Longtemps considéré comme le leader de l’opposition, il participe à plusieurs grèves et se révèle lors des manifestations d’étudiant, le 9 février 1992. On se souviendra longtemps encore du boycotte actif. En 1990, il accède à la magistrature suprême. Pendant ses 10 années d’exercices du pouvoir, il contribue à éveiller les consciences des ivoiriens par son franc-parler, son sens aigu de la démocratie et son nationalisme. Sous son mandat, le peuple ivoirien découvre le sens des libertés publiques, le patriotisme, la lutte pour l’indépendance véritable, la solidité économique de leur pays... En ce temps là, les jeunes de moins de 15 ans, selon les statistiques de 1998, représentent près de 43% de la population ivoirienne. Cette jeunesse a aujourd’hui entre 25 et 28 ans. Aujourd’hui beaucoup d’ivoiriens se réclament de ses idées et se reconnaissent en lui. Il a séduit par son courage et par sa profonde conviction en une Côte d’Ivoire libre et prospère. Ces sentiments se renforcent d’autant plus que les ivoiriens réalisent qu’il est injustement maintenu prisonnier. Les différentes mobilisations et rassemblements au plus fort de la crise postélectorale, l’ont plusieurs fois démontré. C’est un secret pour personne : Son refus de se plier aux dictats des occidentaux lui a valu la guerre que la France a livré à la Côte d’Ivoire.
Le réduire au silence, l’éloigner du champ politique, l’écarter définitivement, tourner la page Gbagbo, peut-il permettre à Alassane de réaliser un mandat tranquille ? C’est du moins ce que croient Ouattara et ses soutiens. Qu’ils se détrompent alors très vite, car les crimes des FRCI, l’absence d’un état de droit et de démocratie, ne sauraient être longtemps tolérés par le peuple ivoirien. Des ivoiriens qui peu à peu semblent se réveiller de leur torpeur. Petit à petit ils sont en train de vaincre la peur des premiers moments. On entend ça et là, quelques populations se révolter. Qui refusent de tolérer d’avantage les exactions, l’injustice, la dictature de Ouattara. Des ivoiriens qui disent non, ça suffit ! Et dès lors, comme Laurent Gbagbo, armés de courage, animés du désir de liberté, de soif d’expression et du profond amour pour leur pays, les ivoiriens dans leur ensemble se dresseront contre ce régime boiteux, monté de toutes pièces par la France.
Qu’Alassane Ouattara se le tienne pour dit: en traduisant Laurent Gbagbo devant les tribunaux, il ne pourra, par la même occasion museler le peuple ivoirien, qui en dépit des armes, n’entend pas se laisser faire. Et qui, d’une manière ou d’une autre, compte réclamer la libération de son Président ! Un prévenu en vaut…

Marc Micael