Politique: Ça me révolte Super-boulanger

Publié le mardi 16 août 2011 | Notre Voie - Ce nom composé, honnêteté journaliste oblige, n’est pas de nous. Super-boulanger est d’un diplomate occidental, rédacteur du chapitre politique

Alassane Ouattara, le super-boulanger.

Publié le mardi 16 août 2011 | Notre Voie - Ce nom composé, honnêteté journaliste oblige, n’est pas de nous. Super-boulanger est d’un diplomate occidental, rédacteur du chapitre politique

ivoirienne au sein de son ambassade. La semaine dernière, dans un humour décapant, il nous campait la situation politique nouvelle de la Côte d’Ivoire. Pour lui, la Côte d’Ivoire est à l’ère du super-boulanger, un peu comme au temps du super-menteur en France. Comme le diplomate connaît du bout de ses doigts le quotidien des Ivoiriens, il a égrené tour à tour les situations de duperie dans lesquelles s’est retrouvé le nouveau pouvoir. Nous les reprenons pour vous.
1-Le plus vieux parti de Côte d’Ivoire avec à sa tête le plus vieux dirigeant politique est passé à la trappe. La primature qui leur a été promise devant les caméras du monde entier leur a glissé entre les doigts sans qu’ils n’y comprennent quelque chose. N’est-ce pas que c’est beau tout ça ?
2- Le président de l’Assemblée nationale. Il lui avait été promis que l’Assemblée nationale continuerait de faire ses activités parlementaires. Mais dès qu’il est parti du Golf, son hôte a décroché son téléphone et l’a joint personnellement pour lui dire que les conseils de la présidence de la République estiment que le parlement de Côte d’Ivoire n’a plus sa raison d’être. Et qu’il devrait se considérer dorénavant comme un ex-président de l’Assemblée nationale. Joli dribble, non ?
3-Gaston Ouassénan Koné. Le Général, à la tête d’une délégation de parlementaires, s’est rendu à son tour au Golf pour faire part au maître des lieux, les regrets des députés et leur ardent désir de continuer à servir les Ivoiriens dont ils sont les dignes et légitimes représentants au nom de la Constitution. Assurances lui ont été données qu’aucun coup de sifflet ne retentira pour siffler la fin des activités parlementaires. Du moins pas maintenant. Mais que très bientôt, leurs émoluments seront payés intégralement. Heureux, le général-député porte l’info à ses collègues qui jubilent. Mais voilà qu’après une rencontre qu’il a eue avec le président du PDCI à Daoukro, leur hôte déclare, une fois encore, que c’en est fini des activités parlementaires. Quelle estocade à un Général !
4-Vous devez savoir qu’au lendemain seulement de sa nomination à la tête du Conseil national de la communication audio-visuelle (CNCA) à la place de Franck-Anderson Kouassi, le journaliste de la RTI, Lévy Niamké, a été démis, le CNCA lui-même dissout et remplacé par la Haute autorité de la communication audio-visuelle (HACA), confiée à Ibrahim Sy Savané, ancien de Frat-Mat et ancien ministre de la Communication.
5-Alors qu’ils ont signé un accord avec les militaires rentrés du Ghana pour qu’ils ne soient pas inquiétés, ceux-ci ont été inculpés la semaine dernière par le tribunal militaire. Dès que l’information a fait le tour du monde, ils se sont rebiffés et ont effacé leurs noms de la liste. Du coup, de 62 les inculpés sont passés à 57.
6-Dernièrement, j’ai lu dans la presse les plaintes, complaintes et jérémiades de Blé Guirao, un des bras droits du ministre Mabry Toikeusse. Il lui a été confié la direction de l’AGEFOP, en remplacement de Mme Jeannette Koudou. Mais à peine l’information lui est-elle parvenue qu’il apprend qu’il a été congédié. L’AGEFOP a été donnée «à un des leurs». De quoi rendre Blé Guirao fou-furieux. Il suffit de lire ce qu’il a confié à la presse pour comprendre combien cette façon de gérer les hommes peut conduire au chaos. Pour le diplomate qui a précisé vouloir dédramatiser la chose et non se moquer du malheur des autres, ce qui l’étonne et le chagrine dans cette affaire, c’est la froideur et le cynisme avec lesquels on nomme et on dénomme le lendemain, on promet et on change d’avis après sans aviser les concernés. Mais précisera-t-il encore, le terme de super-boulanger ne tient même pas ici. Car, nous savons tous d’où est parti le nom boulanger qui a été attribué à Laurent Gbagbo. C’est venu de l’ancien président français. Il avait tendu un piège à Gbagbo en 2002 qui l’a évité habilement grâce aux conseils d’un de ses amis.

Par Abdoulaye Villard Sanogo