Massacre à l`Ouest : L`ONUCI blanchit les Forces républicaines et enfonce Gbagbo

Publié le mardi 5 juillet 2011 | L'Inter - Dans un rapport qu’elle a rédigé et resté jusque-là secret, avant d’être publié par un

Casque bleu de l'Onu à l'Ouest de la Côte d'Ivoire. De afp.

Publié le mardi 5 juillet 2011 | L'Inter - Dans un rapport qu’elle a rédigé et resté jusque-là secret, avant d’être publié par un

confrère le vendredi 1er juillet dernier, l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire
(ONUCI) a dégagé la responsabilité des Forces républicaines de Côte d’Ivoire dans
les massacres contre les populations civiles à l’Ouest. S’appuyant sur sa base à
Duékoué, l’ONUCI a pu déterminer la chronologie des événements tragiques qui ont
secoué la région du Moyen-Cavally et qui ont donné des frissons au monde entier.
Dans son rapport, elle a révélé qu’une fois mise sur pied, les FRCI n’étaient pas
dotées d’équipements adéquats (uniformes, chaussures etc.) de sorte que des
individus en ont profité pour se faire passer pour elles. Une situation qui a créé la
confusion au point qu’on ne savait pas qui était qui et qui faisant quoi.
Conséquence : « plusieurs (personnes en treillis) ont commis des exactions contre la
population civile en s’adonnant à des actes de pillage ou de représailles », note le
rapport, qui couvre les soldats de Soro quand il indique que « l’équipe
d’investigation de l’ONUCI a été témoin au mois à deux reprises d’une altercation
entre éléments ». Qualifiant cette situation d’ambiguë, les enquêteurs ont laissé entendre
qu’ « elle a semé le doute dans l’esprit des populations qui n’arrivent pas à faire le
distinguo entre les deux catégories et à faire totalement confiance aux FRCI dont
certains pillage ». En clair, sous-entend le rapport, de façon globale, on ne peut imputer les
massacres commis à Duékoué aux FRCI. Tout au plus, c’est seulement quelques
éléments de cette force qui se sont rendus coupables d’exactions contre les
populations, semble dire le rapport, qui le confirme plus loin en résumant les
objectifs des FRCI : « d’une façon générale, les éléments des FRCI étaient à la
recherche domiciles des FDS, des miliciens, des mercenaires et des cadres locaux. Ces
domiciles ainsi que d’autres biens privés de valeur ont été emportés ». Des thèses qui prennent le contre-pied des rapports produits par des Ong internationales comme Human
Wrights Watch ou encore Amnesty international qui accusent les FRCI de s’être
rendus coupables de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité et donc
passibles de condamnation devant les tribunaux internationaux au même titre que les
soldats restés fidèles à l’ancien président Laurent Gbagbo. Ce rapport de l’ONUCI,
s’il est pris en compte, pourrait peser lourd dans les enquêtes que vont mener la Cour
pénale internationale. Elle pourrait même constituer un bouclier pour cette force
créée par ordonnance par le président Alassane Ouattara au moment où il était encore
reclus au Golf hôtel avec son gouvernement. S’il disculpe en quelque sorte les FRCI,
le rapport enfonce en revanche l’ancien régime. Il met en cause sa responsabilité dans
les attaques menées contre les positions FRCI, ce qui a déclenché leur descente sur la
ville d’Abidjan. « Les attaquant le 23 février la position des FAFN à Bounta.

Cette opération a été mûrement miliciens et des mercenaires libériens dans la perspective
de cette attaque », note le rapport, qui poursuit : «le 9 mars, les FDS ont tiré des roquettes
sur les populations civiles de Duékoué sous prétexte qu’elle recherchaient des rebelles après avoir été attaqués mort de quatre bébés et d’un jeune homme ». A l’analyse, l’ancien régime serait le responsable de la majeure partie des crimes commis à l’Ouest, puisqu’il a appuyé sur le bouton qui a tout déclenché. Pourquoi un tel rapport rédigé par l’ONUCI est-il
resté dans les tiroirs ? Pourquoi ne l’a-t-elle pas publié ou refuse-t-elle de la publier
pour la manifestation de la vérité ? A moins qu’il ne soit rédigé à l’intention de la
hiérarchie et donc insusceptible d’être porté à la connaissance du public.

Y.DOUMBIA