Libération de Gbagbo et des prisonniers politiques : Allocution d'Aboudrahamane Sangaré, 1er Vice-président du FPI, à la célébration des prisonniers libérés par le régime

Par IVOIREBUSINESS - Déclaration d'Aboudrahamane Sangaré, 1er Vice-président du FPI, et Porte-parole des ex-détenus politiques, à la célébration des prisonniers libérés par le régime.

Camarade Affi N’Guessan, Président du Parti
Camarade Miaka Ouretto, Président assurant l’intérim,
Camarades membres de la haute direction et des autres instances du Parti,
Distingués camarades militantes et militants,
Honorables invités.
Merci Affi N’guessan, président du Front Populaire Ivoirien (FPI) de m’avoir désigné d’entre tous comme porte-parole des détenus en liberté provisoire. Merci aux camarades fraichement sortis de prison, c'est-à-dire des sous-sols de l’humanité pour emprunter la formule de notre éminent regretté le Professeur Harris-Foté Memel, qui ont accepté cette distinction que je ressens avec honneur et fierté.
Monsieur le ministre Dano Djédjé, 1er Secrétaire Général adjoint du FPI, président du comité d’organisation a donné tout son sens à la cérémonie de ce jour, dans un entretien accordé à Notre Voie no 4505 du vendredi 30 août 2013, en page 2 : « nous plaçons cet évènement sous le signe de la démocratie et de la tolérance. Le sens de la solidarité partagée, le sens du réconfort, le sens du renforcement de notre amitié et de notre fraternité au-delà des idéaux que nous partageons… ». Pour notre part, j’ajouterai modestement que c’est aussi un moment de recueillement et d’intense émotion.
En effet, comment ne pas avoir une pensée une pensée pour tous ces morts au service de la démocratie, de la justice et de la vérité ? Comment ne pas avoir une pensée pour tous ces blessés, parfois handicapés à vie ? Comment ne pas avoir une pensée pour toutes ces familles, ces camarades, amis, proches et connaissances qui, dans le dénuement total et après avoir traversé maintes péripéties, se sont vu imposer la route de l’exil ? Comment faire l’impasse sur ces biens saccagés et pillés sur ces domiciles squattés ? Des femmes et des hommes ont été physiquement et symboliquement mis à nu, la Côte d’Ivoire avec eux. Le temps fera son œuvre d’historien et saura dévoiler tous les ressorts invisibles de cette cruelle tragédie. Il situera les responsabilités, toutes les responsabilités des différents protagonistes de ce que l’on a appelé la crise post-électorale, occultant ainsi volontairement la crise pré-électorale qui annonce et prépare la dite crise. Le Temps, cet autre nom de Dieu (pour paraphraser Laurent Gbagbo) dira qui a fait quoi et pourquoi ? Alors, seulement alors, nos morts pourront reposer en paix dans leur sépulture. Le FPI, fidèle à son histoire, continuera d’œuvrer à l’avènement de la démocratie en Côte d’Ivoire, sans un sentiment de haine, sans esprit de vengeance et de revanche.
En prenant la parole, au nom de tous les détenus en liberté provisoire, après ce moment de recueillement et d’intense émotion, mes premières pensées vont tout naturellement vers le plus illustre d’entre nous, le Président Laurent GBAGBO, ce démocrate-né qui est à la fois l’alpha et l’oméga de la lutte pour le retour du multipartisme en Côte d’Ivoire, ce soubassement de la démocratie, aujourd’hui trainé devant la Cour Pénale Internationale (CPI) comme un grand criminel de guerre et poursuivi pour déni de démocratie. Ainsi va la côte d’Ivoire. Ainsi va l’Afrique. Ainsi va le monde des fossoyeurs de la démocratie. Mais leur Vérité d’aujourd’hui sera le Mensonge de demain.
Rentré d’exil le 14 septembre 1988, Laurent GBAGBO avait fait le serment de ne plus retourner en exil de façon volontaire mais aussi et surtout de créer un environnement démocratique afin que plus jamais un Ivoirien ne soit contraint à l’exil. Et le Titre 1 Chapitre 1 de la Constitution intitulé « Des libertés et des Droits » porte à l’article 12 la marque de cet engagement : « Aucun Ivoirien ne peut être contraint à l’exil ». Et pourtant, en violation même des dispositions constitutionnelles, il se voit de nouveau contraint à l’exil pour le bonheur et la satisfaction des bien-pensants de ce monde.
Mais, camarades militantes et militants du FPI, Femmes et Hommes épris de liberté et de justice, nous vous demandons de sécher vos larmes car tout comme il est parti en exil en avril 1982 pour en revenir en septembre 1988, tenir le congrès constitutif de son parti et se présenter à l’élection présidentielle d’octobre 1990, se posant ainsi en leader incontesté et incontestable de l’opposition ivoirienne, le Président Laurent GBAGBO reviendra très bientôt parmi nous et la tâche incombera au FPI, son Parti et aux démocrates épris de paix, de liberté, de justice et de démocratie de lui conférer le statut qui sied à sa nouvelle dimension.
Mesdames et Messieurs les gouvernants actuels de la Côte d’Ivoire,
Souffrez que nous vous disions que le FPI continuera, à toutes les rencontres devant décider de l’avenir de la Côte d’Ivoire, d’exiger la libération immédiate et sans condition du Président Laurent GBAGBO. Ce n’est ni de l’arrogance ni des préalables posés sur le chemin de la réconciliation. C’est tout simplement parce que Laurent GBAGBO est à la fois, le cœur, le corps et la chair de tout débat de tout débat politique sur l’avenir de la Côte d’Ivoire. Il n’est pas une partie du débat. Il est à lui tout seul le débat. Aussi doit-il être présent et entendu. Il ne peut être mis aux abonnés absents. Il ne peut y avoir d’omerta sur son nom. Si le nom du Président Laurent GBAGBO est un nom qui fâche, c’est que la Côte d’Ivoire est fâchée avec elle-même et avec ses gouvernants du moment. Alors, pour ne pas fâcher la Côte d’Ivoire, nous ne devons pas faire du cas du Président Laurent GBAGBO un cas qui fâche mais un cas qui rassemble. L’histoire récente de notre pays enseigne que tous les grands moments où le destin de la Côte d’Ivoire devait se jouer, tous les partis politiques sont venus aux différentes discussions avec, à la tête de leur délégation, leur leader incontesté et incontestable. Par amour pour la Côte d’Ivoire, le Président Laurent GBAGBO a accepté de s’humilier pour qu’il en soit ainsi sous son mandat. Pourquoi, aujourd’hui, tant de méchanceté ? Pourquoi tant de haine pour celui-là même qui ne connait ni la haine, ni la vengeance, ni la revanche, et qui, comme l’a si bien dit Me Altit, son brillant avocat, n’a jamais tenu de propos médisants sur qui que ce soit, et qui a fait étalage de sa générosité et de son humanisme durant tout son parcours au service des libertés démocratiques et de la Côte d’Ivoire ? Pourquoi refuser de lui renvoyer l’ascenseur alors qu’il a enseigné aux Ivoiriens que « gouverner, c’est rendre le pouvoir au peuple ; que gouverner, c’est rassembler ?
Camarades militantes et militants, Démocrates de tous les continents épris de paix et de liberté, tout comme Marcius Porcius Cato dit Caton l’Ancien (234 -149 avant Jésus Christ), ce vieux romain aux mœurs irréprochables, symbole de la vertu romaine, alliance du courage et de l’abnégation, de la fierté patriotique et de l’austérité morale, qui a servi la Rome républicaine et est mort lorsque Rome se laissait gagner par l’orgueil et l’attrait des richesses. Ce soldat courageux de robuste constitution et tout entier dévoué à Rome, qui, revenu à la vie civile, entre en politique comme on entre en religion et qui demandait avec insistance à Rome de reprendre les hostilités contre Carthage dont il a pu constater, après une enquête sur place, l’état florissant et les dangereuses ambitions : c’est alors qu’il achève tous ses discours par la célèbre formule « Delenda est Carthago » c’est-à-dire « Il faut détruire Carthage ». Nous ne dirons pas qu’il faut détruire les ennemis et adversaires du Président Laurent GBAGBO comme certains qui envoient leurs adversaires au cimetière. Nous sommes trop démocrates pour tenir de tels propos. Nous dirons tout simplement dans nos prières, dans nos actes et comportements quotidiens, dans nos prises de position, au lever et au coucher, oui nous dirons, seuls ou à l’unissons : il faut libérer le Président Laurent GBAGBO et qu’il revienne en Côte d’Ivoire pour retrouver ce lien ombilical qu’il a su nouer avec son pays, ses populations et son peuple. Le Président Laurent GBAGBO a besoin de la Côte d’Ivoire et la Côte d’Ivoire a besoin du Président Laurent GBAGBO comme le corps a besoin d’oxygène. Le peuple de Côte d’Ivoire sent Laurent GBAGBO tout comme Laurent GBAGBO sent le peuple de Côte d’Ivoire et nul ne peut désunir ce que Dieu a uni. Le FPI, son parti, ne saurait tolérer aucun deal sur sa libération. Au nom du devoir de gratitude pour sa lutte au service des libertés démocratiques et de la Côte d’Ivoire, au nom du devoir de cohérence avec nos valeurs républicaines. Au nom du devoir de partage et de solidarité, ces vertus qui portent la marque du socialisme. Oui, camarades, chers amis démocrates, le droit sera dit et le Président Laurent GBAGBO rentrera en Côte d’Ivoire et sera accueilli dans la ferveur par son peuple.
Nos pensées vont ensuite vers la Première Dame, la vice-présidente du FPI, Simone Ehivet Gbagbo, cette grande dame au grand cœur et de grande témérité. Humaine, juste et sensible, elle a toujours choisi de dire NON quand elle n’est pas d’accord. Aujourd’hui, vilipendée et diabolisée à souhait, il appartient au FPI et aux populations de Côte d’Ivoire d’œuvrer à sa libération. Au nom de nos valeurs et vertus prônées plus haut, nous devons ici et maintenant en prendre l’engagement.
Nos pensées vont également vers toutes celles et tous ceux qui sont aujourd’hui en détention, parfois même privés de tout contact avec l’extérieur, leur famille et leurs amis. Nous ne pensons pas seulement aux politiques et aux membres de la société civile mais aussi aux personnels des Forces de Défense et de Sécurité qui ont défendu avec fidélité et loyauté la République, ses institutions et les autorités qui les incarnent avec, au premier rang, le plus illustre d’entre tous, le Président Laurent GBAGBO. En les quittant, nous leur avons fait la promesse d’œuvrer immédiatement à leur libération et une promesse faite doit être tenue. Ils ont fait allégeance à la suite des résultats de l’élection présidentielle proclamés, en premier et dernier ressort, par le Conseil Constitutionnel. Ces résultats donnaient le candidat de La Majorité Présidentielle (LMP) Laurent GBAGBO vainqueur.
Nos pensées vont également vers ces Ivoiriens qui ont pris le chemin périlleux de l’exil. Ils essaient de se refaire péniblement une vie, de recomposer une famille disloquée, loin de leur terre d’attache. Ce n’est pas chose facile et ils méritent notre estime, notre solidarité et notre considération. C’est le lieu d’exprimer solennellement toute notre gratitude aux pays d’accueil qui ont bien voulu accepter de leur donner asile sur leur sol, conformément aux conventions internationales. Le FPI, qui sait être reconnaissant, ira, dès que faire se peut, leur rendre un hommage déférent. Pour l’heure, le FPI a le devoir d’œuvrer au retour des réfugiés politiques dans les délais les plus immédiats en Côte d’Ivoire.
Nos pensées vont aussi vers la Diaspora qui, tous pays confondus, toutes ethnies et races confondues, toutes idéologies mêlées, a choisi, au nom de son idéal de démocratie, de souveraineté et d’indépendance des Nations, de battre bénévolement le pavé pour faire triompher ces valeurs et vertus tant prisées par les Nations dites avancées et qui, parfois, concernant l’Afrique, tournent le dos aux dites valeurs et vertus. Comment ce prétendu criminel de guerre qui a exterminé les populations peut-il vivre dans l’estime de ses victimes et drainer autant de monde à La Haye et dans certaines grandes villes européennes et américaines ? Assurément, c’est l’une des plus grandes énigmes de la question ivoirienne. Au nom de la Côte d’Ivoire, du FPI et de son Président Pascal Affi N’Guessan, nous rendons un hommage mérité à ces combattants intrépides de la liberté. Nous nous retrouverons ensemble, très bientôt, pour fêter la liberté retrouvée du Président Laurent GBAGBO en grande pompe.
Nos sincères remerciements aux organisations de défense des Droits de l’Homme, à toutes celles et tous ceux qui, de façon affichée ou discrète, ont œuvré à notre libération. Ils ont œuvré utilement et nous le démontrerons par notre sens des responsabilités, qui n’est pas incompatible avec la fermeté dans la défense des principes et des valeurs qui nous fondent, et par notre attachement à la Côte d’Ivoire. Ils doivent cependant aller encore plus loin pour faire de notre libération provisoire une libération définitive.
Que dire des JV11, ces journaux victimes du 11 avril 2011 ? Leurs premiers responsables ont reçu les félicitations du Président du FPI, qui les a reçus, à sa demande, le lundi 26 août 2013, à l’occasion d’une rencontre à son domicile provisoire, son domicile principal étant occupé par des squatters en armes. Saluant leur résistance exemplaire, le Président Affi a tenu ces propos : « le nouveau pouvoir est arrivé avec un plan clair : neutraliser les partis politiques, l’armée, l’administration et l’appareil judiciaire. Cette dictature ne pouvait pas souffrir d’une presse libre. Face à ce plan de démantèlement des acquis du multipartisme mis sur pied, votre détermination a sauvé les bases de la démocratie. C’est à partir de ce capital […] que nous allons relancer la lutte… » (in Notre Voie no 4502 du mardi 27 août 2013 p.4). Par leurs écrits et prises de positions dans un contexte totalitaire, les JV11 ont fait de Laurent GBAGBO un absent présent en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde.
Par leurs écrits et prises de position, avec la collaboration des patriotes de tous bords et de la Diaspora, les JV11 ont œuvré de sorte que le Président Laurent GBAGBO aujourd’hui n’appartient plus à la seule Côte d’Ivoire mais à l’Afrique tout entière et puisque l’Afrique participe du monde, il appartient au monde, à l’humanité. Plus qu’un homme d’Etat, il revêt la stature d’un homme pour l’Eternité.
Honneur à vous camarades Président Miaka et membres de la Haute Direction en sursis du Parti. Vous avez fait et bien fait votre travail, votre devoir au service du FPI et de la Côte d’Ivoire. Le Président Miaka a bien compris le sens de l’Histoire et a refusé que ce soit sous sa direction que le FPI disparaisse de l’échiquier politique national. Avec les camarades de la Direction dont il a su s’entourer il a permis au FPI de rester debout. Le FPI a tangué. Le FPI a trébuché. Quoi de plus normal devant les perversités de l’ennemi, avec tous ces morts et disparitions, ces arrestations et privations de domicile, ces départs massifs en exil de ses dirigeants et militants. Mais, le FPI n’est pas tombé. Les structures résistent toujours sur le territoire national et les détenus en liberté aujourd’hui ont largement bénéficié de l’assistance et de la solidarité des structures du parti. Elles ont agrémenté notre séjour carcéral et allégé nos souffrances par une solidarité agissante. Et pour les passionnés de football, ce chant de ralliement du club de Liverpool intitulé « tu ne marcheras pas seul » nous vient immédiatement à l’esprit. Oui, avec les structures du FPI qui forment un solide maillage sur tout le territoire national, vos camarades ex-détenus ne sont jamais senti seuls. Grâce à vous, camarade Président Miaka et membres de la Haute Direction du FPI, grâce à vous membres des instances fédérales, grâce à vous qu’on appelle avec affection et admiration militantes et militants de base, sachez que vous êtes les fondations qui tiennent solidement l’édifice et qui lui permette de rester debout. Dans les grands moments de l’histoire du FPI et de l’histoire de la Côte d’Ivoire, le FPI a toujours été fière et riche de la résistance, de la détermination, de la persévérance de ses militantes et militants. Encore une fois, vous n’avez pas fait insulte à notre histoire en démissionnant du combat pour les libertés démocratiques. C’est tout à votre honneur. Au vu de ces observations, qui sont autant de satisfaction pour le Président du Parti, il n’est donc pas juste de dire que notre sortie de prison va donner une dynamique nouvelle à la lutte, que notre sortie de prison sera « le levain qui va permettre de booster la lutte pour la démocratie dans notre pays, imprimer un nouvel élan à la lutte… » pour reprendre les propos du président du Comité d’Organisation, le ministre Dano Djédjé, 1er Secrétaire général Adjoint du FPI. Nous reconnaissons et saluons là la grande humilité de l’Homme. Mais la vérité, qui est la chose la mieux partagée au FPI, nous oblige à dire que c’est vous, sursitaires de la liberté, qui avez créé la dynamique, imprimer le nouvel élan et nous ne ferons que nous impliquer dans cette dynamique, dans cet élan. C’est vrai, il ne faut pas le nier, le Président Laurent GBAGBO et le FPI nous ont donné des noms floqués sur des maillots que nous portons et nous devons faire honneur au maillot en le mouillant au mieux avec notre sueur et nos larmes, au pire avec notre sang si, à notre corps défendant, nous devions en arriver au sacrifice suprême. Si, par extraordinaire, l’un de nous avait l’outrecuidance de transgresser ces valeurs qui nous rassemblent, les militants du FPI, comme un seul homme, se détourneraient de lui.
Me tournant maintenant vers vous, camarades en liberté provisoire, je ne fais que reprendre la déclaration du FPI qui porte la signature du Dr Kodjo Richard, alors Secrétaire général par intérim et porte-parole du FPI : « le FPI félicite le président Pascal Affi Nguessan et ses codétenus pour l’exemplarité de leur endurance et de leur foi dans l’idéal de justice et de paix », déclaration faite à Abidjan, le 19 août 2013, dans Notre Voie no 4496 du mardi 20 août 2013, p 2. Vous êtes restés dignes et responsables. Vous n’avez imploré aucune clémence. Non par suffisance et manque d’humilité mais parce que vous restiez convaincus que vous êtes dans le droit chemin de la justice et de la vérité. Gloire à vous, hommes de conviction. C’est le lieu de saluer ici le retour du Secrétaire général par intérim, Laurent Akoun. Le FPI et la Côte d’Ivoire ont besoin de sa constance et de sa détermination dans la lutte. En bon républicain, il a accepté et assumé la décision de justice qui le privait de ses droits civiques. Il a bien fait de respecter la décision du pouvoir judiciaire pour montrer son attachement aux institutions de la République.
Camarade Président Pascal Affi Nguessan,
Honorables membres et militants du FPI,
Honorables personnalités éprises de liberté, de démocratie et de paix,
un dicton bien connu en Côte d’Ivoire dit qu’après la fête, il y a la défaite. Oui, il y aura bien une défaite. Mais pas celle du FPI. Ce sera celle de tous ceux qui croient que la solution pour une sortie de crise réussie en Côte d’Ivoire réside dans la dissolution du FPI. Le FPI est partie intégrante à la Côte d’Ivoire. Et, puisqu’on ne peut dissoudre la Côte d’Ivoire, l’on ne peut pas dissoudre le FPI. Le Parti ne peut connaitre que la victoire parce que l’on peut emprisonner la chair, l’on ne peut emprisonner l’esprit. Une fois les lourdes portes de la prison fermées, l’esprit du FPI sort par la fenêtre pour irradier tout le corps social.
Au départ du FPI, il y a un homme : Laurent GBAGBO. Au départ du FPI, il y a une grande dame : Simone Ehivet Gbagbo. A eux deux, ils ont donné des convictions et une vision au FPI. Ce qui permet au FPI, en tout temps et en tout lieu, de savoir marcher car il sait d’où il vient et il sait où il va. Et, parce qu’il vient de loin, il ira loin. C’est connu, il n’y a de vent favorable que pour celui qui sait où il va. Et le FPI sera toujours porté par le vent de la démocratie qui annonce et prépare le développement. Car les nations industrialisées sont pour la plupart des nations démocratiques. Le FPI roule pour l’Afrique, la Côte d’Ivoire et pour lui-même. Il ne peut donc servir de marchepied, de paillasson, de faire – valoir, de faiseur d’alibis à une quelconque autorité. Et c’est sur la base de son histoire, de ses convictions les plus profondes, de sa vision et de son amour pour la Côte d’Ivoire que le FPI a refusé d’aller aux élections locales. La direction en sursis a fait un choix juste, le choix responsable. Elle n’a nullement opté pour la politique de la chaise vide. Elle a tout simplement refusé la politique de la chaise déjà occupée avant même les élections locales. Les dés étaient pipés. Le ver était dans le fruit. Le FPI refuse d’être un accompagnateur, une partie prise dans la politique ivoirienne. Il se veut une partie prenante. Et tous ceux qui, écoutant leurs intérêts égoïstes, ont osé pourfendre la cohésion et la discipline du parti, n’ont pas fait le bon choix. Ils ont tout le temps pour comprendre leurs erreurs d’analyse et faire acte de repentance. Tout redeviendra alors possible. Car le FPI est ce parti qui n’a jamais chassé un militant. Certains sont partis et sont revenus reprendre leur place dans le difficile mais exaltant combat pour les libertés démocratiques sans subir la moindre animosité de la part des militantes et militants qui savent comprendre les défis et enjeux du moment pour aller à l’essentiel.
Camarade Président Affi Nguessan,
La Côte d’Ivoire, ses populations, son peuple sont dans l’attente. Et cette attente est à l’image de l’effervescence suscitée par notre libération, même si celle-ci se veut provisoire, et que tu constates dans tes différentes visites. Le Président Laurent GBAGBO, qui nous suit depuis La Haye, qui nous regarde, qui nous entend et qui nous écoute, qui entend et écoute les pleurs et gémissements de son peuple, qui connait le FPI, c’est-à-dire ce parti qu’il a modelé comme un artiste le fait avec la terre glaise, qui te connait bien et sait qu’il peut te faire confiance. Directeur de Cabinet du Président du Parti Laurent GBAGBO jusqu’en 2000 ; Premier ministre et porte-parole du candidat de La Majorité Présidentielle Laurent GBAGBO en 2010. Autant de liens qui créent une solide amitié et une franche collaboration. Oui, Président Affi, le Président Laurent GBAGBO sait qu’il peut te faire confiance pour trouver les recettes qui redonnent espoir au peuple de Côte d’Ivoire, le rassure surtout face à la perte de repères, des modèles et des valeurs qui constituent le socle des sociétés démocratiques donc industrialisées. Nous demeurons persuadés que dans le discours magistral que tu vas prononcer à la cérémonie de passation des charges du 7 septembre 2013, tu sauras donner ta vision pour la Côte d’Ivoire tout en trouvant réponse aux interrogations suivantes : comment avancer avec l’existant ? Comment créer le rapport de forces pour que les voix du FPI et celles des démocrates soient parfaitement audibles et qu’elles puissent porter ? Avec qui créer ce rapport de forces ? Sous quelle forme et quel type d’alliance si celle-ci s’avère indispensable ? Comment faire face aux défis et enjeux actuels ? Comment faire pour que la réconciliation tant prônée ne soit pas qu’un vain mot mais un comportement ? Comment faire pour amener les Ivoiriens à se réapproprier leur pays ?
Oui, camarade Président, nous demeurons persuadés que tu sauras dire un mot pour libérer Laurent GBAGBO, la Côte d’Ivoire et les Ivoiriens. Tes militantes et militants te contemplent et savent que, très bientôt, tu les mettras en ordre de bataille pacifique et démocratique pour qu’un jour nouveau se lève sur la Côte d’Ivoire. La Refondation est obstinément en marche. Sans complexe, elle poursuit son chemin pour la libération de la Côte d’Ivoire et la restauration de son indépendance et de sa souveraineté perdues.
Camarade Président, telles sont les nouvelles que tu m’as permis de donner, au nom de tous les détenus en liberté provisoire. Encore une fois merci pour la confiance que tu as placée en ma modeste personne.

Abidjan, le 31 août 2013

Aboudrahamane Sangaré
1er Vice-président du FPI
Porte-parole des ex-détenus politiques