L'Express/ Tirs à l'arme lourde en Côte d'Ivoire: la grogne des militaires s'étend

Par LEXPRESS.fr avec AFP- Tirs à l'arme lourde en Côte d'Ivoire: la grogne des militaires s'étend.

Image d'archives. Des rebelles participent à une cérémonie militaire, à leur quartier général de Bouaké, en Côte d'Ivoire, le 4 décembre 2010.

Des militaires ayant des revendications financières seraient à l'origine de barricades et de l'attaque de commissariats dans la deuxième ville ivoirienne. Le ministre a appelé les soldats à "garder leur calme" et à "rentrer dans les casernes".

Un mouvement de protestation de militaires a éclaté ce vendredi à Bouaké, capitale de l'ex-rébellion armée en Côte d'Ivoire. Il s'est étendu à la mi-journée aux villes de Daloa, dans le centre, et Korhogo, dans le nord.

Des tirs à l'arme lourde ont résonné toute la matinée à Bouaké, deuxième ville de Côte d'Ivoire, dont les militaires mutins ont pris le contrôle, après avoir attaqué des commissariats de police.

Revendications sur les primes

"C'est une mutinerie des ex-combattants intégrés dans l'armée qui réclament des primes de 5 millions FCFA (7600 euros) plus une maison chacun", a expliqué un militaire sous couvert d'anonymat. "Nous réclamons non pas 5 millions de FCFA mais plutôt 10 millions chacun plus une villa... Le cas échéant, nous ne regagnerons pas les casernes", a assuré un soldat.

"Dans la nuit du jeudi au vendredi, aux environs de 0h30, un groupe de militaires a fait irruption à l'état-major de la troisième région militaire [de Bouaké] en faisant usage d'armes à feu", a déclaré le ministre de la Défense, Alain-Richard Donwahi, dans un communiqué lu à la télévision nationale vendredi à la mi-journée.

Réunion de crise du gouvernement

Le ministre a appelé "tous les soldats (à) garder leur calme et (à) rentrer dans les casernes, en vue de permettre la recherche de solutions durables pour l'ensemble des composantes des Forces Armées de Côte d'Ivoire". Selon lui, les revendications de ces soldats portent notamment sur le paiement de primes, les augmentations de salaires et une promotion plus rapide entre les grades.

Dans la matinée, le gouvernement a réuni un Comité national de crise, selon une source proche du ministère de la Défense. A Bouaké, les soldats ont "cassé la poudrière du camp du 3e bataillon" le plus important de la ville, "c'est de là qu'ils ont sorti les lances-roquettes et d'autres armes montées sur des pickups", a expliqué un officier.

"C'est vers 3h du matin que des militaires sont arrivés au commissariat du 1er arrondissement situé au quartier Sokoura où ils ont désarmé les policiers présents et emporté des kalachnikov", a indiqué un responsable de la police locale sous couvert d'anonymat.

Les militaires ont attaqué la préfecture de police et les sept commissariats de Bouaké et dressé des barricades au centre-ville, coupant toute circulation. Des soldats ont pris position à divers carrefours stratégiques de la ville et d'autres sillonnaient la ville à moto ou dans des colonnes de véhicules qu'ils ont pris à la police.

Daloa et Korhogo également touchés

Ecoles et commerces étaient tous fermés à Bouaké, ancienne capitale de la rébellion qui contrôlait le nord du pays lorsqu'il était coupé en deux entre 2002 et 2011. Cette rébellion était favorable à l'actuel président Alassane Ouattara, alors que le sud du pays était tenu par les forces loyales à l'ex-président Laurent Gbagbo.

A Daloa, grande ville du centre-ouest, "des militaires à moto sillonnent la ville en tirant en l'air", a raconté un habitant. "Ça tire, on a peur, on est caché dans la maison", a expliqué d'une voix tremblante un autre habitant joint par téléphone depuis Abidjan. A Korhogo, un militaire joint au téléphone a indiqué que "le mouvement de révolte est observé dans cette ville. Des rues ont été occupées par les soldats".

En novembre 2014, une vague de protestation de soldats partie de Bouaké s'était étendue à Abidjan, la capitale économique, et d'autres villes du pays. Le quartier-maître Siaka Ouattara, porte-parole des militaires, avait alors présenté le non-paiement des "arriérés de soldes de 2009-2011 et de 2011-2014 des ex-combattants intégrés dans l'armée" comme principal motif de leur mécontentement, rejetant toute "politisation" du mouvement.

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