La Cédéao obtient un sursis dans la crise ivoirienne
Publié le mercredi 5 janvier 2011 | Reuters - Le président sortant Laurent Gbagbo a accepté de poursuivre les discussions pour tenter de sortir du blocage politique en Côte
d'Ivoire, au lendemain de la seconde visite des émissaires de la Cédéao à Abidjan.
Publié le mercredi 5 janvier 2011 | Reuters - Le président sortant Laurent Gbagbo a accepté de poursuivre les discussions pour tenter de sortir du blocage politique en Côte
d'Ivoire, au lendemain de la seconde visite des émissaires de la Cédéao à Abidjan.
Les partisans de Gbagbo ont cependant une nouvelle fois affirmé que la victoire de leur champion à la présidentielle n'était pas quelque chose de négociable. "Sa victoire est non négociable. Ceci étant, on peut discuter de tout, sans conditions", a dit à Reuters par téléphone Pascal Affi N'Guessan, l'un des conseillers du président sortant.
Gbagbo a promis de lever le blocus autour de l'hôtel du Golf, a ajouté N'Guessan, mais le porte-parole des Nations unies, Martin Nesirky, a déclaré à New York que rien n'avait changé pour l'instant sur place.
Gbagbo "a accepté de négocier une issue pacifique à la crise sans conditions préalables", a assuré pour sa part dans un communiqué la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) qui entend poursuivre sa médiation régionale dans la crise qui oppose Gbagbo à son rival, le président proclamé élu Alassane Ouattara.
Reconnu comme légitime par la quasi-totalité de la communauté internationale, dont, outre la Cédéao, l'Union africaine, l'Union européenne et les Etats-Unis, ce dernier est retranché depuis plus d'un mois avec son gouvernement à l'hôtel du Golf d'Abidjan sous la protection de 600 casques bleus.
La Cédéao précise qu'Alassane Ouattara serait prêt à garantir une "sortie honorable" pour Gbagbo, pour peu qu'il admette sa défaite au second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre.
Le ministre de la Jeunesse de Gbagbo, Charles Blé Goudé, qui avait menacé de lancer ses Jeunes Patriotes "mains nues" à l'assaut de l'hôtel a renoncé, au moins provisoirement, à ce projet, contre lequel le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, avait sérieusement mis en garde Gbagbo.
BLÉ GOUDÉ CONCILIANT
Réitérant que ce serait ce dernier le véritable vainqueur de l'élection présidentielle, Blé Goudé a déclaré qu'"on ne peut pas déloger quelqu'un qui a remporté des élections". Mais, a-t-il fait valoir, "autant discuter dès maintenant plutôt que de mettre des vies en danger. Il faut tourner la page militaire."
Les dirigeants de la Cédéao, présidée actuellement par le Nigeria, avaient initialement brandi la menace d'un recours à la "force légitime" pour chasser Gbagbo du pouvoir, mais ils semblent actuellement se résigner à des négociations marathon pour arriver à leurs buts.
Aucune solution pacifique ou rapide ne se profile en effet à l'horizon, la Cédéao, épaulée par le Premier ministre kényan, Raila Odinga, au nom de l'Union africaine, n'ayant pas réussi à ébranler l'intransigeance de Gbagbo et de son rival ni à les faire se rencontrer.
Patrick Achi, porte-parole d'Ouattara, a déclaré que tant que celui-ci, proclamé vainqueur avec plus de 54% des voix par la commission électorale indépendante, "n'aura pas été reconnu comme le président élu de Côte d'Ivoire, il ne rencontrera pas le président Gbagbo." La veille, Ouattara avait déclaré close la phase des tractations.
"Laissez-moi vous dire sans équivoque que l'option militaire reste une option", a déclaré pour sa part l'ancien ministre ghanéen des Affaires étrangères James Victor Gbeho, président de la commission de la Cédéao. Mais, a-t-il ajouté, "même s'il n'y a qu'une chance minime de résoudre le problème pacifiquement", la Cédéao "l'exploitera", a-t-il ajouté.
L'ARMÉE FRANÇAISE NE S'IMMISCERA PAS
"La prochaine initiative diplomatique pourrait n'intervenir qu'une fois que la Cédéao aura prépositionné d'importants moyens militaires près (de la Côte d'Ivoire) et Gbagbo le sait", a noté un diplomate étranger qui suit de près le processus.
L'Ecomog, la force permanente de la Cédéao, est déjà intervenue au Liberia et en Sierra Leone, mais dans des circonstances différentes. Les pays membres pourraient cette fois hésiter à envoyer des troupes affronter les forces fidèles à Laurent Gbagbo, au risque d'un enlisement.
Certains auraient à craindre des représailles contre leurs nombreux ressortissants en Côte d'Ivoire.
Au nom de la France, le président Nicolas Sarkozy a exclu mardi une intervention des 900 soldats français déployés dans le pays pour contraindre Gbagbo à céder le pouvoir. Mais il a rappelé que la mission prioritaire de ces militaires était de protéger les milliers de ressortissants français.
La tension reste vive dans le pays, où des accrochages entre partisans de Gbagbo et d'Ouattara ont fait au moins trois morts lundi dans l'ouest de la Côte d'Ivoire. Selon le camp Ouattara, un local de son parti a été attaqué par des policiers qui ont tué deux personnes, une information non confirmée par la police.
Plus de 170 personnes, essentiellement des partisans du président élu, ont été tuées depuis l'élection, et, selon des diplomates, des centaines d'autres enlevées par des activistes partisans de Gbagbo.
L'Onu a formellement prévenu celui-ci, auxquelles les médiateurs offrent l'immunité s'il part maintenant, qu'il pourrait être, ainsi que son entourage, pénalement responsable d'atteintes aux droits de l'homme, notamment de meurtres et d'enlèvements.