Interview / Pascal Affi N’Guessan (Président du FPI) sur RFI hier: « Le pays a besoin de Gbagbo ». « Ma libération est politique »
Par RFI – Affi N’guessan - “Ma libération contribue à l’apaisement”.
Pascal Affi N’Guessan était hier sur RFI. Dans cette interview, le président du FPI parle de sa libération et du processus du dialogue républicain. Nous vous proposons l’intégralité des échanges.
RFI : Comment avez-vous vécu ces quelques 28 mois de prison?
Affi N’Guessan : Cela a été des moments douloureux : physiquement, moralement, psychologiquement. Cela a été aussi des moments de réflexions, de ressourcement pour reprendre le combat.
RFI : Vous avez été libéré mais vous êtes toujours inculpé ?
AN : Oui.
RFI : Est-ce que vous ne craignez pas de retourner en prison à la suite du procès ?
AN : On n’aurait pas été libéré si l’intention était de nous maintenir en prison. Je considère que cette libération est éminemment politique. Je constate que le système d’incarcération n’a pas apporté le résultat attendu par les autorités. Et donc nous considérons notre sortie comme l’échec d’une logique d’anéantissement de l’opposition.
RFI : Etes-vous d’accord avec le Président Ouattara qui dit que votre libération est un signe d’apaisement ?
AN : Oui. Je pense que c’est un geste qui contribue à l’apaisement, à la décrispation et qui va favoriser le dialogue. Mais, ce geste doit être consolidé par d’autres actions. Il y a encore beaucoup de nos camarades qui sont en prison. Tous les exilés doivent rentrer. Lorsque toutes ces différentes conditions seront réunies on pourra dire que la décrispation est totale. C’est pour cela que nous avons proposé les Etats généraux de la République. Parce que nous pensons qu’aujourd’hui, la justice pénale n’est pas suffisamment qualifiée pour régler des situations comme celles que nous avons vécues où il y a eu des violations graves des droits de l’homme. Et où on n’arrive pas à reconnaître avec précision les coupables. Et où le risque de faire des boucs émissaires est grand. A ce jour, on ne trouve seulement que les partisans du président Laurent Gbagbo qui sont en prison. On s’est même rendu compte que c’est une erreur d’avoir engagé une procédure judiciaire. On est décidé à ne plus envoyer les Ivoiriens à la Cour Pénale internationale.
RFI : Pensez-vous comme certains que le pouvoir n’a pas extradé Simone Gbagbo pour épargner à ses partisans com’zones la même procédure?
AN : Oui, je pense qu’il y a une part de cela qui fonde la décision. Dans le camp de M. Ouattara il y a beaucoup de personnes qui ont des comptes à rendre à la justice et notamment à la justice internationale. Mais est-ce qu’il peut le faire aujourd’hui sans risque d’ébranler les bases de son régime. C’est cela la réalité. C’est cela la limite de la justice pénale. Il faut envisager la libération du président Laurent Gbagbo. La Côte d’Ivoire a besoin de lui. La réconciliation sera incomplète si le président Laurent Gbagbo n’est pas présent au moment où les débats vont commencer.
RFI : Est-ce que vous reconnaissez le Président Ouattara comme Président de la Côte d’Ivoire ?
AN : Peu importe. Nous, nous prenons acte de notre acte de parti d’opposition et nous attendons jouer pleinement notre partition pour permettre à ce pays d’avancer.
RFI : Est-ce que le FPI présentera un candidat à la Présidentielle de 2015 ?
AN : A condition qu’on ne nous invite pas à des élections calamiteuses, à des élections dont les résultats sont connus d’avance. C’est pour cela que nous nous battons aujourd’hui pour que les questions de sécurité à savoir la question des Dozos, des ex-combattants, de l’armée nationale qui aujourd’hui a besoin d’être reformée.soient réglées. Il y a la question du recensement électoral qui pose aussi le problème de la nationalité qui est à régler. Après ces conditions, nous irons aux élections à venir.
Propos retranscrits par Thiery Latt