Insécurité dans la commune d’Abobo: Les agressions font rage
Par Notre Voie - Les agressions font rage à Abobo.
Dans la semaine, des bandes de jeunes qui agressent les passants la nuit tombée. Malgré les interventions des forces de l’ordre, les habitants sont de plus en plus inquiets comme a pu s’en rendre compte la correspondante de Rfi, Maureen Grisot.
«Il ne reste que quelques heures aux enfants pour jouer dans la rue. Vers 20h, beaucoup d’habitants d’Abobo rentrent chez eux pour éviter de tomber sur ceux qui ont tué le gérant d’une cabine téléphonique il y a quelques jours. Plusieurs dizaines d’adolescents sont armés de couteaux et de machettes. Le Ccdo créé il y a quelque temps pour assurer la sécurité est une force mixte composée de policiers, gendarmes et militaires. Mais cette unité n’est pas la mieux outillée pour ce genre d’opérations, aux yeux de Moussa Dosso, secrétaire de l’Union des jeunes d’Abobo», rapporte la consœur de Rfi, dans son reportage diffusé dans la matinée d’hier mardi. «Le Ccdo se déplace avec les armes lourdes. On ne peut pas traquer les bandits avec des lance-roquettes. En ce qui concerne la traque des bandits, il faut le faire avec la Pj. Non seulement elle a l’expérience de la chose, mais quand la Pj arrive sur le terrain, elle est en tenue civile», estime le responsable des jeunes, Moussa Dosso. «Certains jeunes préfèrent s’organiser en milices d’autodéfense. Un climat qui inquiète Yaya Traoré, imam d’une mosquée d’Abobo», révèle Maureen Grisot. Cet imam, à travers ce reportage, souligne, pour sa part : «On a lancé des appels à travers des serments afin que l’autorité puisse réagir et très rapidement. Parce que c’est une gangrène. Ça va être une situation dramatique. Les gens ont la psychose partout et quand il y aura des affrontements, ça va être difficile pour la population d’Abobo».
Au dire de la correspondante de Rfi, beaucoup d’habitants accusent ces agresseurs de bandes qui fument de la drogue dans les nombreux fumoirs de la commune d’Abobo.
Propos recueillis sur Rfi par Benjamin Koré
(Le titre est de Notre Voie)
Encadré : L’héritage du «Commando invisible» à Bagdad
Pour ceux qui ne le savaient pas encore, Abobo a été le point de départ de la guerre faite à Gbagbo par les milices d’Alassane Dramane Ouattara après les résultats de l’élection présidentielle de 2010. La première milice à se signaler avec une agressivité intense à Abidjan était le «Commando invisible», conduit par Ibrahim Coulibaly dit IB. Ce dernier a vite constitué des bandes armées basées à Abobo qui ont lancé l’assaut contre le régime de Laurent Gbagbo. Déclaré pourtant vainqueur par le Conseil constitutionnel de l’élection de 2010 face à Alassane Ouattara.
Abobo a été envahi de milices et les armes ont abondamment circulé dans cette commune. On comprend pourquoi les combattants de Ouattara ont baptisé cette commune ; ils l’appellent Bagdad. En se référant bien sûr à la capitale irakienne devenue une cité incontrôlable après l’absurde guerre menée dans ce pays par les Etats-Unis.
En appelant avec fierté Abobo Bagdad, les combattants pro-Ouattara savent pertinemment qu’ils ont rendu invivable cette commune populaire. Ouattara est parvenu au pouvoir. Gbagbo n’est plus là. Mais les armes qui ont servi à la guerre crépitent toujours. Ceux qui ont été utilisés dans cette guerre et qui sont laissés pour compte se servent de ces armes pour tuer et agresser chaque jour. Ils ont foutu le bordel à Abobo. La sécurité n’est pas pour demain.
B.K.