Inculpation de 58 militaires pro-Gbagbo et des militaires de retour d’exil: Le Colonel Konan a-t-il été piégé?

Le 12 août 2011 par IvoireBusiness - Le Colonel Konan Boniface est-il tombé dans un piège tendu diaboliquement par le régime d’Alassane Ouattara ? Nous

Le Colonel Konan Boniface à son retour d'exil du Ghana.

Le 12 août 2011 par IvoireBusiness - Le Colonel Konan Boniface est-il tombé dans un piège tendu diaboliquement par le régime d’Alassane Ouattara ? Nous

sommes en mesure aujourd’hui de répondre par l’affirmative. En effet, le Colonel Konan et 57 autres militaires, dont ceux revenus récemment d’exil avec lui, ont été inculpés hier par le procureur militaire d’Abidjan Ange Kessi Kouamé. L’information de son inculpation et de son audition par la justice militaire ivoirienne, s’est répandue comme une trainée de poudre et à fait l’effet d’une bombe dans les chaumières des partis politiques et des ivoiriens de la diaspora, notamment ceux civils et militaires exilés au Ghana, au Togo, ou au Liberia.
Cette inculpation du Colonel Konan donne un signal très contradictoire sur la réconciliation en cours dans le pays et apporte des preuves sur la nature réelle du régime Ouattara et sur sa volonté de tendre la main à tous les exilés ivoiriens, qui misaient beaucoup sur le retour de Konan Boniface au pays pour espérer eux-mêmes revenir au bercail.

En inculpant hier cinquante-huit militaires fidèles au Président Laurent Gbagbo pour des crimes commis durant la crise post-électorale, alors qu’au même moment l'ONU s'alarmait de la poursuite des exactions par des éléments des FRCI, Alassane Ouattara vient de démontrer à tous que la réconciliation tant prônée par lui n’est que pur leurre et que le retour des militaires ex-FDS exilés n’était pas sa priorité.

Pour rappel, la condition du retour de KONAN d’exil était qu’il ne soit pas poursuivi, encore moins inculpé ni entendu par la justice militaire ivoirienne, et que tous les militaires ex-FDS en exil ne le soient pas également ; Et que la mesure de leur radiation de l’armée qui courait jusqu’au 31 juillet dernier, soit suspendue. Et que les militaires emprisonnés au pays soient libérés dans un souci de réconciliation.
Alassane Ouattara n’a donc pas tenu parole. D’ailleurs, il était étrangement absent du pays lors du retour de Konan et des 4 ou 5 militaires qui l’accompagnaient.
Pour se dédouaner, Ange Kessi Kouamé déclare que leur inculpation est antérieure à leur retour d’exil et que pour leur sécurité, ils sont placés dans un lieu sûr, tenu secret. Et qu'ils sont libres de leurs mouvements. Bizarre! Très bizarre!
A cette allure, il est à parier que le Colonel Konan et ses hommes seront bientôt mis aux arrêts.
Les jours qui viennent nous le confirmeront. Et la thèse du piège tendu se confirmera alors.

Au même moment, l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) se disait préoccupée par les conditions de détention de Laurent Gbagbo, conditions de détention dénoncées par son avocat Me Altit et reprises en boucle par tous les médias du monde entier dont RFI et France 24.
Pendant ce temps, Alassane Ouattara s’envolait pour Mougins, dans la région de Nice, pour des vacances de rêve au dos du contribuable ivoirien, largement éprouvé par la crise postélectorale.
Sur les 58 militaires pro-Gbagbo inculpés, 40 ont été placés en détention préventive, selon le commissaire du gouvernement (procureur militaire) Ange Kessi. Parmi la vingtaine d'officiers détenus figure le général Brunot Dogbo Blé, ex-commandant de la redoutée Garde républicaine.
Les chefs d'accusation retenus contre les inculpés sont: "arrestation illégale, séquestration suivie de meurtre, recel de cadavre, viol, vol, violation de consignes, détention arbitraire, détournement de fonds aux fins d'achat d'armes et de recrutement de mercenaires, formation et entretien de miliciens".
Ces inculpations s'ajoutent à celles prononcées ces derniers jours contre des civils, portant à 37 le nombre de personnalités politiques poursuivies dans les rangs du régime Gbagbo, dont une bonne partie de l'ex-gouvernement. Elles sont accusées notamment d'atteinte à la sûreté de l'Etat.
Avec ces nouvelles inculpations, la main tendue de Ouattara au camp Gbagbo lors de la fête nationale le 07 août dernier, ressemble juste à une opération de communication à l’attention des gouvernements et médias étrangers, dans le but de cacher la vraie nature de son régime.
Par ailleurs, le responsable pour les droits de l'Homme de l'Onuci, Guillaume Ngefa, s'est inquiété hier que durant le mois écoulé, "26 cas d'exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires" et "85 cas d'arrestations arbitraires et de détentions illégales" aient été relevées.

Christian Vabé