Incendie du Bvd Vincent Auriol: "négligences graves", amendes requises

PARIS (AFP) le 30.09.2011 - Le parquet a mis en avant vendredi des "négligences graves" et requis des amendes de plusieurs dizaines de milliers

Tapa Kanouté, porte-parole des familles de l'immeuble du boulevard Vincent Auriol incendié, le 15 septembre 2011 au palais de justice de Paris. De Afp.

PARIS (AFP) le 30.09.2011 - Le parquet a mis en avant vendredi des "négligences graves" et requis des amendes de plusieurs dizaines de milliers

d'euros à l'encontre d'une association et d'une entreprise poursuivies pour l'incendie d'un immeuble vétuste qui avait fait 17 morts en 2005 à Paris.
Le parquet a mis en avant vendredi des "négligences graves" et requis des amendes de plusieurs dizaines de milliers d'euros à l'encontre d'une association et d'une entreprise poursuivies pour l'incendie d'un immeuble vétuste qui avait fait 17 morts en 2005 à Paris.
Ces "personnes morales", l'association Freha affiliée à Emmaüs (France Euro Habitat), qui gérait l'immeuble, et l'entreprise Paris Banlieue Construction, qui y avait fait des travaux non conformes aux normes anti-incendie, étaient les deux seules prévenues au procès, l'auteur de l'incendie d'origine criminelle n'ayant jamais été identifié.
Le procureur, Gilbert Flam, a requis un total de 35.000 euros d'amende contre Freha et de 55.000 euros contre Paris Banlieue Construction.
"Ce n'est pas Emmaüs que vous avez devant vous, ce n'est pas l'action d'Emmaüs qui est mise en cause", a déclaré le procureur, mais "c'est l'association qui a été créée par des militants pour assurer de manière la plus professionnelle possible un service - gestion, réhabilitation d'immeubles - au service des mal logés".
"C'est la faute commise par ces professionnels que vous devez juger", a-t-il dit, en reprochant en particulier aux prévenus d'avoir posé sur les murs de la cage d'escalier du contreplaqué qui avait transformé l'immeuble "en cercueil".
"Enorme imprudence", "négligence grave", "responsabilité totale et entière", ignorance des normes élémentaires de sécurité..., a-t-il énuméré, qualifiant aussi la pose de ce contreplaqué de "geste porteur de mort".
Absence d'extincteurs
"Déficience du système de fermeture, accès totalement libre (à l'immeuble), absence d'extincteurs, d'affichage de consignes incendie, non conformité des installations électriques...", a-t-il ajouté, citant les rapports d'expertise.
Les experts ont établi que le feu avait pris sous l'escalier, où étaient rangées des poussettes, et était d'origine humaine. Selon eux, il avait été attisé par ce revêtement de contreplaqué, posé pour prévenir des problèmes de saturnisme, liés à la présence de plomb dans les murs.
Il y avait dans le bâtiment environ 130 personnes en attente de relogement, originaires d'Afrique de l'Ouest, Côte d'Ivoire et Mali principalement. Les 17 victimes, dont 14 enfants, avaient été recensées dans trois appartements, aux 3e et 5e étages, dont les portes et fenêtres ouvertes avaient provoqué un appel d'air, selon les experts.
Durant les débats, les familles ont fait part de leur frustration face à une enquête qui n'a jamais permis d'identifier le ou les auteurs de l'incendie.
Les parties civiles ont également regretté l'absence de l'Etat sur le banc des prévenus, considérant qu'il avait failli à son engagement, pris près de quinze ans avant le drame, de reloger les familles. Au départ, leur hébergement dans cet immeuble devait n'être que provisoire.
Jeudi, dans leurs plaidoiries, les avocats des parties civiles avaient déploré "l'indifférence" à l'égard de ces familles d'origine africaine, qui étaient pourtant en situation régulière, "travaillaient, payaient des impôts et un loyer".
En 2005, plusieurs incendies meurtriers avaient touché la capitale, faisant au total 52 morts, pour la plupart des personnes d'origine africaine.
L'audience se poursuivait vendredi avec les plaidoiries de la défense.

AFP