Hamed Bakayoko après une rencontre avec Gossio : «On ne libère pas les gens pour les remettre en prison »

Par Notre Voie - Hamed Bakayoko après une rencontre avec Gossio «On ne libère pas les gens pour les remettre en prison »

Marcel Gossio, directeur général du port d’Abidjan, sous le régime du Président Laurent Gbagbo, 4 jours après son retour d’exil, a été reçu en audience, hier, par Hamed Bakayoko, ministre de l’Intérieur, à son cabinet au Plateau. Au tereme de la rencontre voici ce que chacun a dit.
Hamed Bakayoko

«Nous venons d’avoir une rencontre familiale. Gossio est sorti libre, il n’a pas été arrêté. J’espère que notre appel va trouver un écho favorable auprès de nos frères encore, pour que nous puissions nous inscrire dans une relation sincère de retour à la paix et de réconciliation. Ce n’est pas une stratégie politique, ce n’est pas un piège, c’est une exigence. Nous sommes convaincus que ce pays ne peut se développer durablement que si nous sommes réconciliés, et que si nous travaillons ensemble, dans le respect des institutions, dans le respect des libertés démocratiques».

Les mandats d’arrêt sont-ils abandonnés ?

«Vous savez, c’est une affaire de justice. Mais le président a donné l’orientation pour que tout cela soit géré dans un esprit d’apaisement et de réconciliation. Ça veut dire qu’il faut faciliter les choses. Je crois qu’on est dans une tendance qui doit se consolider et se renforcer. On ne fait pas venir les gens pour les mettre en prison, on ne libère pas les gens pour les remettre en prison. C’est un signal que nous donnons. En retour, nous voulons que l’opposition puisse prendre sa place dans le développement du pays. Les discussions que nous avons eues, que ce soit dans le cadre du Cadre permanent de dialogue (Cpd) avec les partis qui en sont membres, que ce soit avec le Fpi, nous allons dans ce sens-là. C’est une conviction. La Côte d’Ivoire ne va se développer que si tous ses fils et toutes ses filles s’entendent sur un minimum dans le respect des convictions des uns et des autres.»

Gossio Marcel : «Je m’inscris dans la réconciliation»

La Suisse a dégelé les avoirs de quelques pro-Gbagbo. Pour vous, est-ce un signal fort d’apaisement.

Gossio : Le dégel des avoirs va contribuer à l’apaisement. C’est une très bonne chose qui entre dans cette dynamique de réconciliation. Que les comptes soient dégelés, c’est une très bonne chose. Mais le président lui-même a pris cette décision aussi de dégeler les avoirs en Côte d’Ivoire.

Qu’est-ce que vous allez faire après votre retour d’exil ?

Gossio : D’abord, je voudrais dire que je m’inscris dans cette dynamique de réconciliation. C’est pour cela que je suis là. Je le ferai au niveau de ma région, je le ferai avec mon parti pour que nous aboutissions à la paix parce que quand il y a la paix, il y a le développement, pour que les Ivoiriens se retrouvent comme par le passé et qu’ils marchent tous la main dans la main en regardant l’avenir avec sérénité.

Avez-vous des préalables ?

Gosssio : On peut l’appeler préalable, on peut l’appeler conditions, on peut l’appeler garantie, on peut l’appeler comme on veut. Mais c’est pour qu’on les lève et qu’on avance, et c’est ce qui est en train d’être fait actuellement. Quand le président dit que les exilés doivent rentrer dans des conditions sécurisées, c’est une garantie qu’il donne. Quand il parle dégel, quand il demande qu’on libère les gens, ce sont des conditions qu’il remplit.

Votre maison est occupée par des militaires. Est-ce qu’ils vont la libérer ?

Gossio : J’espère qu’ils vont la libérer. Le processus est enclenché.

Est-ce que vous avez des regrets ?

Gossio :Par rapport à quoi? Le seul regret que tout le monde peut avoir, c’est qu’après des élections il y ait eu tant de grabuges, qu’il y ait eu des morts. On regrette ça, et on espère que cela n’arrive plus dans notre pays.

Si c’était à refaire, vous allez le refaire ?

Gossio : Refaire quoi ?

Les crimes…
Gossio : Mais qu’est-ce que moi j’ai à avoir dans ça ? Ce qui s’est passé, ça s’est passé. Tous les Ivoiriens, chacun a perdu quelque chose, un être humain, du matériel, etc. Ce n’est pas une bonne chose. Nous devons ensemble cultiver la tolérance pour que ça ne se reproduise plus.

Un message aux exilés.

Gossio : Je leur demande de renter pour que nous participions tous à la réconciliation.
Propos recueillis par
Bruno Kouadio

Réconciliation nationale / Marcel Gossio lors de sa rencontre avec Hamed Bakayoko : ‘‘J’ai beaucoup de regrets’’
Publié le mardi 21 janvier 2014 | L’intelligent d’Abidjan

Arrivé d’exil du Maroc le vendredi 17 janvier 2014 à 5h15 du matin, M. Marcel Gossio ancien DG du Port autonome d’Abidjan (PAA) était hier lundi 20 janvier 2014 au cabinet du ministre Hamed Bakayoko, ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur à qui il est allé rendre une visite de courtoisie. Après, leur entrevue, les deux hommes ont livré à la presse le sens de cette rencontre.

1h07, c’est le temps qu’aura duré la rencontre entre le ministre de l’Intérieur et l’ex-DG du PAA. Le premier a expliqué qu’il s’agit d’une visite familiale. « Nous mettons ainsi en pratique le message du Président Ouattara qui tend la main à tous les exilés et les appelle au retour. Leur venu se passera dans de bonnes conditions, dans un esprit de paix et de réconciliation », a dit Hamed Bakayoko. Il a ajouté que l’ancien patron du port d’Abidjan ressort, de son bureau libre, et va vaquer à ses occupations politiques, familiales et autres sans risques de poursuites quelconques. Le processus de réconciliation a été évoqué entre les deux hommes. Le ministre a reconnu, que son interlocuteur du jour est un acteur politique important. Il espère que sa venue trouvera un écho important auprès « des frères de l’opposition ». Le ministre a exhorté ces derniers à s’inscrire dans une relation sincère pour le retour de la paix. « Ce n’est pas une stratégie politique, c’est une exigence. Nous sommes convaincu que ce pays ne peut se développer que si nous sommes réconciliés et si nous travaillons ensemble dans le respect des Institutions et dans le respect des libertés démocratiques », a affirmé le ministre d’Etat. Et de dire que le Président a donné les directives pour que les procédures judiciaires soient gérées dans un esprit d’apaisement et de réconciliation. « On ne va pas faire venir les gens pour les mettre en prison. C’est un signal que nous donnons et en retour nous voulons que l’opposition reprenne sa place dans le développement du pays, car elle a un rôle capital à ce niveau », a-t-il souligné. A sa suite, Marcel Gossio a indiqué que des signaux forts pour la paix sont visibles. Tel le dégèlement des avoirs des membres de l’opposition par des pays comme la Suisse. « Cela va contribuer à l’apaisement. Le Président Ouattara a pris aussi la résolution de dégeler les comptes ici en Côte d’Ivoire. Cela est important », a reconnu M. Gossio. Concrètement, il a dit s’inscrire dans le processus de réconciliation nationale. « C’est pour cela que je suis là. Je travaillerai pour la réconciliation au niveau de ma région, au niveau de ma famille politique. Je m’inscris totalement dans le processus de réconciliation pour que nous allions à la paix, gage du développement », a souligné l’ex DG du PAA. Pour Marcel Gossio, qu’on parle de préalables ou de conditions posées ou encore des garanties, toutes ces situations sont en train d’être levées actuellement. « Quand on parle de retour des exilés, de dégel des avoirs ou quand on libère les maisons des gens, tout ceci participe au retour de la paix », a-t-il insisté. Parlant de libération des domiciles des membres de l’opposition, il a dit espérer que son domicile sera libéré rapidement. « Ce processus est enclenché », a-t-il affirmé. Parlant de la crise postélectorale, il a dit que le seul regret, c’est « qu’après des élections, il y ait eu tant de grabuges, tant de morts, tant de destructions. On le regrette et on souhaite que cela n’arrive plus dans notre pays ». Et de poursuivre pour dire « que ce qui s’est passé est passé. Tant d’Ivoiriens ont perdu quelque chose. Soit un ou des êtres chers, soit des biens matériels, etc. Ce n’est pas une bonne chose. Nous devons ensemble être tolérant pour que cela ne se reproduise plus ». Pour conclure, il a exhorté tous les exilés à rentrer afin que chacun participe à la réconciliation.

Olivier Guédé