Eric Kahé répond au journal « Le Patriote » : Oui, nous ne sommes courageux que pour les valeurs et la démocratie !

Par Correspondance particulière - Eric Kahé "Oui, nous ne sommes courageux que pour les valeurs et la démocratie !".

«Vous n’êtes courageux qu’après la guerre» a titré le quotidien “Le Patriote” – plus que proche du RDR- ce lundi 28 avril 2014, rapportant les propos du chef de l’ex-rébellion, devenu président de l’Assemblée Nationale après avoir victorieusement conduit la descente des FRCI (Forces Républicaines de Côte d’Ivoire) vers Abidjan avec une escale génocidaire à Duékoué qui, depuis lors, ne cesse d’offrir son pardon étant entendu que l’un des plus beaux fruits du pardon, c’est l’aveu par le coupable de ses crimes, avec la détermination d’en assumer toutes les conséquences.
Comment ne pas applaudir ces paroles inspirées de Dieu ! Quelle aide précieuse elles apportent à la manifestation de la vérité, dans l’opinion nationale et à la communauté internationale ! Au point que des observateurs se demandent si ces propos n’ont pas de destinataires internes autres que le FPI et les pro-Gbagbo.
Oui, disons-le sans détour, nous ne sommes courageux que pour la démocratie à la défense de laquelle nous avons prêté serment avec notre conscience et passé un contrat avec le peuple. C’est ce que nous a enseigné le Président Laurent Gbagbo. C’est un devoir envers l’Afrique. Certainement que nous ne gagnerons pas demain matin, mais soyez-en sûrs, les valeurs triomphent toujours de la violence et de la guerre. Déjà, des personnalités comme (leur ami) Luis Moreno Ocampo et le célèbre avocat américain Benjamin Berell Ferencz, qui fut le procureur en chef pour les États-Unis lors du procès des Einsatzgruppen, l’un des procès de Nuremberg en 1947-1948, nourrissent le rêve de faire reconnaître la guerre, en soi, comme un crime contre l’humanité. Ce qui enlèverait définitivement tout mérite à la guerre.
Notre combat est au service de la vie sacrée et de la paix, la vraie; celle qui est fondée sur l’enracinement des valeurs républicaines.
Quel réconfort que de savoir les estampillés pro-Gbagbo enfin consacrés comme des hommes et des femmes qui n’ont pas le courage de la guerre avec son lot de désolations ! Mais qui ne savent pas se taire quand leur silence doit offrir une complicité à la haine.
Nous avons fait de l’idéal démocratique une obsession qui nous éloigne de la violence dont nous confessons ne pas avoir le courage. Nous nous efforcerons de rallier le maximum de nos compatriotes à cet idéal, dans une Côte d’Ivoire qui rassemble tous ses enfants, du nord au sud et de l’est à l’ouest, au lieu de les diviser par la guerre.
Avec le courage de la foi, nous prions pour la prochaine adhésion à ce combat de tous ceux qui pensent que nous ne sommes courageux qu’après la guerre. Convaincus que pour certains leur spiritualité affichée viendra à bout des solutions guerrières pour faire peut-être d’eux des liens entre le nord et le sud. Rappelons-nous l’histoire de Saul de Tarse, le persécuteur des chrétiens. Nul ne peut échapper au plan de l’Éternel.
Si pour Nelson Mandela, «le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité à triompher d’elle», nous pourrons humblement ajouter que l’absence de peur qui n’est qu’inconscience, n’est pas le courage. Le courage, c’est la volonté de repartir. Le courage c’est de pouvoir tendre la main à son ennemi d’hier car c’est avec lui que se fait la paix et non avec son partenaire ou son partenaire. Le courage n’est ni un savoir, ni une aptitude, mais une décision. Le courage n’est pas une sagesse, mais le besoin de sagesse. La marche vers le progrès et la nation se fait dans le respect mutuel. La guerre n’a jamais construit aucun développement.

Parce que ses victimes sont rarement ceux qui la déclenchent, nous n’avons pas honte d’avoir peur de la guerre tout en étant à présent, remplis de la volonté de repartir, remplis donc du vrai courage. Oui, patriotes et panafricanistes d’ici et d’ailleurs, assumons! Avec l’espoir de ne pas subir les foudres de guerre des extrémistes qui foisonnent et qui verraient dans cette opinion divergente, non pas l’expression de la démocratie, mais un crime ou un délit, fût-il d’opinion. La dernière sortie (contre la haine et la division) de l’auteur de notre raillerie, nous a encouragé à la publication de ce texte, pourtant disponible depuis deux semaines.

Le ministre Éric KAHE
Président en exil de l’AIRD