Drame à Grand-Bassam : Comment le corps du maire Moulod a été retrouvé

Publié le mardi 18 octobre 2011 | Soir Info - Après trois jours de recherche acharnés qui ont mobilisé pompiers,

Jean Michel Moulod, député-maire de Grand Bassam.

Publié le mardi 18 octobre 2011 | Soir Info - Après trois jours de recherche acharnés qui ont mobilisé pompiers,

marins, gendarmes, villageois et pêcheurs, les corps du député-maire de Grand-Bassam, Jean-Michel Moulod et de Konan Kouamé Joël (mécanicien) ont été retrouvés, le lundi 17 octobre 2011, respectivement dans le village de Vitré 2 (environ 15km à l’Est de Grand-Bassam) et dans les environs de la scierie de la ville. Retour sur des moments de douleur et d’intenses émotions.
Au son des tamburs, des cris, des pleurs et surtout de quelques applaudissements, le corbillard immatriculé 6598 EY 01, sort de la villa d’Ollo Germain, faisant face à la lagune. Il marque un petit arrêt sous le premier gros arbre du village de Vitré 2 avec à l’intérieur, le corps de Jean-Michel Moulod, député-maire de Grand-Bassam, porté disparu depuis que la pirogue à bord de laquelle il a embarqué a chaviré, le samedi 15 octobre dernier. Il est un peu plus de 12h50mn, ce lundi 17 octobre 2011. Les visages de certaines personnes sont marqués par un sentiment fait de douleur et de soulagement. Tous s’empressent de remonter dans des véhicules 4x4 qui avaient rejoint précipitamment Vitré 2. L’ordre est donné au chauffeur de prendre la direction de Bassam, puis d’Abidjan. En plus d’Ollo Germain (adjoint au maire) et la veuve, le Roi de Moossou avait effectué le déplacement de Vitré 2. Une heure vingt minutes avant (11h30mn), Kouaho Hermann et plusieurs jeunes du village avaient retrouvé le corps dans les environs du Bac du village d’Elloka, à une trentaine de mètres du village. Après avoir informé en premier, le Roi de Moossou, ils ont conduit la dépouille dans cette villa avec l’accord du propriétaire. Les éléments de la Marine, des Douanes et les pompiers qui avaient été également informés, étaient présents sur les lieux. La Croix-Rouge qui voulait également se rassurer a dépêché une équipe sur place à Vitré 2. Peu après 12h, les pêcheurs maliens (Gbossro), sollicités depuis le lundi matin, réussissent à repérer et à récupérer le corps de Konan Kouamé Joël. Selon Ibrahim Koïta et Moussa Konta (pêcheurs maliens), le corps du jeune mécanicien était coincé entre les mangroves, la tête enfoncée entre les racines. Après la reconnaissance du corps par les parents, c’est à bord d’un autre corbillard (immatriculé 55 48 ET 01) qu’il a été conduit à la morgue.
Le film de la découverte
« Depuis l’annonce de la disparition du maire Moulod, nous nous sommes mobilisés au niveau du village de Vitré 2. Nous étions, dès samedi, au nombre de vingt et un (21) jeunes ayant tout abandonné pour mener une battue sur la lagune », explique Kouaho Hermann, président de la jeunesse dudit village. Pour lui, cette mobilisation se justifie : « Le fort courant d’eau entraine systématiquement tout objet étranger de Bassam vers Vitré 2. Et nous avons expliqué cela aux autorités lorsque nous avons appris la nouvelle. » Pendant donc trois jours, ce sont des jeunes mobilisés qui ont sillonné la lagune en même temps que les pompiers, les marins et les gendarmes. « Nous n'avions que la boisson locale pour nous remotiver », nous a lancé le président des jeunes pour détendre l’atmosphère. Eu égard à la tâche qui devenait de plus en plus ardue, l’équipe, selon Kouaho Hermann, a été réduite à dix-sept (17) personnes. N’empêche ! elle a redoublé d’effort. C’est au moment où ces jeunes, au bord du découragement, s’apprêtaient à prendre une pause et changer de stratégie, que l’attention de l’un d'eux a été captée par un « monticule » sous les mangroves. « Il était 11h26mn lorsque j’ai remarqué quelques chose d’imprécis sous les palétuviers et les mangroves. J’ai toute de suite alerté tout le monde. Je me suis approché. J’ai vu un homme habillé en complet saharienne, avec une montre et une alliance. Il portait en dessous un sous-corps blanc. Il répondait exactement aux indications données sur le maire Moulod. Mais comme il avait la tête dans l’eau, mes camarades et moi ne pouvions pas toute de suite confirmer. Lorsque nous l’avons retourné, c’est en ce moment là que nous nous sommes rendus compte que nous avions entre nos mains le corps du maire de Bassam », nous révèle Anzeny Akoumian Jules, celui qui est à l’origine de la découverte. Dès lors, toutes les pirogues autour sont mobilisées. Au milieu, celle qui doit transporter le corps, est immobilisée. Mais un fait peu ordinaire va intriguer tout le monde. « Nous avons pris le maire avec délicatesse et l’avons couché sur le dos. A notre grande surprise et au moment où il n’y avait pas de vague pour faire bouger quoi que ce soit, le corps du maire s’est brusquement retourné. Nous avons refait, le même scenario s’est produit. Nous avons conclu que le maire ne voulait pas être vu par tout le monde », tente-t-il d’expliquer le « phénomène ». C’est dans la pure tradition que le corps du député-maire de Grand-Bassam a été conduit au domicile d’Ollo Germain, dans une ambiance faite de son de tams-tams parleurs, de chants guerriers et des femmes qui s’étaient badigeonnées de kaolin. Rappelons que le samedi dernier 15 octobre 2011, la pirogue qui devrait conduire le maire dans le village d’Ebra, à partir de Moossou, a chaviré. Si quatre personnes sont sorties saines et sauves, ce n’est pas le cas du député-maire Jean-Michel Moulod et du mécanicien Konan Kouamé Joël qui seront retrouvés sans vie, le lundi 17 octobre, respectivement à 11h30mn et à 12h.
M’BRA Konan, envoyé spécial à Vitré 2 (Grand-Bassam)

Disparition du maire de Grand-Bassam : Des révélations troublantes
Publié le mardi 18 octobre 2011 | Soir Info
Le drame survenu le samedi 15 octobre 2011, au large du village de Moossou à Bassam, au cours duquel les dépouilles de Jean-Michel Moulod (député-maire de Grand -Bassam) et du mécanicien-moto Konan Kouamé Joël ont été retrouvées, le lundi 17 octobre sans vie, commence à livrer quelques secrets. De fait, le dimanche 16 octobre dans la matinée, le moteur qui avait été monté sur la pirogue a été repêché en pleine lagune, à environ une cinquantaine de mètres du lieu d’embarquement. Plus grave, la puissance du moteur monté sur la pirogue de moins de dix places intrigue les proches du mécanicien-moto. Il s’agit de Gnonsian Serges, l’une des dernières personnes à avoir communiqué avec lui. «J’étais en compagnie de Joël, lorsqu’un envoyé du maire (Bassam) est arrivé à bord d’une voiture. Il a ensuite embarqué Joël qui, avant, m’a informé qu’il partait monter un moteur sur une pirogue. Mais à 8h28mn, il m’a eu au téléphone sur le numéro de l’envoyé du maire, pour m’expliquer que le moteur a une puissance de quarante chevaux. Alors que la pirogue à bord de laquelle le maire et ses compagnons devraient prendre place ne peut utiliser qu'un moteur de deux chevaux. Il m’a également dit qu’il était allé monter uniquement le moteur, et non faire le trajet avec la délégation du maire. A ma grande surprise, je reçois un coup de fil aux environs de 8h40mn pour dire que Joël s’est noyé», a-t-il expliqué, les larmes aux yeux. Quant à Kouassi Koffi Innocent, patron du garage moto qui emploie Joël, que nous avons rencontré, il est revenu sur l’entêtement du propriétaire de la pirogue à faire monter un moteur d’une telle puissance : « Je suis surpris d’entendre que Joël se retrouve dans ce drame. Je n’ai jamais été contacté en que tant premier responsable pour un quelconque boulot. J’étais à Bonoua pour l’achat de quelques pièces à monter. C’est pourquoi, dès 6h22mn, j’ai mobilisé Joël au garage. Je lui ai même dis de m’attendre qu’il devrait aller à Koumassi pour récupérer des pièces. Malheureusement, on lui a fait faire quelque chose d’inadmissible. Un moteur d’une puissance de quarante chevaux ne peut pas être monté sur une telle pirogue. C’est ce qui expliquerait, en partie, la vitesse avec laquelle la pirogue a été propulsée vers l’avant. » A notre passage, hier devant le garage de réparation de tondeuses, groupes électrogènes et de motos de Kouassi Koffi, au carrefour « Marcoussis » de Moossou, la tristesse se lisait sur les visages.
M’BRA Konan