Dr. Richard Kodjo, secrétaire général du Fpi: "Le régime Ouattara n'a pas envie de discuter avec nous"."Le plan du régime est le parti unique et le candidat unique pour 2015"

Par IvoireBusiness - Dr. Richard Kodjo, secrétaire général du Fpi: "Le régime veut le parti unique et le candidat unique pour 2015"."Nous ne pouvons l'accepter"

Le Fpi, principal parti d’opposition en Côte d’Ivoire, ne prendra pas part, pour l’instant, au dialogue
politique avec le régime Ouattara. Il l’a signifié hier lors d’une conférence de presse. Tout en exposant les raisons de sa décision.
«Si on continue de nous ridiculiser, que nous n’arrivons pas à faire entendre notre voix, et comme nous n’avons pas d’autres moyens que les voies démocratiques, nous irons nous asseoir. Mais d’autres qui utilisent les mêmes armes qu’eux, viendront parler à leur manière». Ces propos sont du secrétaire général du Front populaire ivoirien (Fpi). Dr. Richard Kodjo les a tenus au cours d’une conférence de presse, jeudi, à l’ex- QG de campagne du Président Laurent Gbagbo, à la Riviera-Attoban (Abidjan). Estimant justement que les Ivoiriens ne doivent plus admettre l’avènement d’un parti unique dans leur pays et d’une candidature unique à l’élection présidentielle comme le régime Ouattara tend à le laisser entendre, le secrétaire général et porte-parole du Fpi, a affirmé que l’actuel chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara, a un plan qui renvoie à cette thèse totalitaire. Le plan consiste, à l’en croire, à non seulement être le candidat unique, mais aussi à créer un parti unique. « Le Rhdp va se transformer en parti unique au profit de M. Ouattara. Mais est-ce que nous devons le laisser ? En 2013, au moment où les intimidations ont atteint l’âge de la décadence puisque nous sommes encore à l’âge de la pierre taillée en matière de démocratie, je pense qu’on ne doit pas nous imposer un parti unique ni laisser un candidat être un candidat unique », a-t-il insisté.
Dr. Richard Kodjo a rappelé que c’est le Fpi qui est demandeur du dialogue politique pour que la vie politique se normalise en Côte d’Ivoire. Mais cette fois-ci, la direction de son parti a décidé de décliner l’invitation du gouvernement. Et il s’en explique : « c’est justement parce que nous voulons le dialogue que nous voulons qu’il soit bien mené. Nous avons des militants et des sympathisants qui nous observent et qui notent ce que nous engrangeons comme résultat. Si nous allons aux négociations comme des moutons du sacrifice, ils vont nous laisser au bord de la route. C’est pour ça, après 5 mois de négociation(…), on ne comprend pas qu’un responsable, de surcroît un leader, le 1er leader de notre jeunesse, qui a été même pressenti pour s’asseoir à la table du dialogue - c’est parce qu’il est au travail à Daloa qu’il lui était pratiquement impossible d’être dans une commission - soit arrêté ». Pour le porte-parole du principal parti d’opposition en Côte d’Ivoire, l’arrestation de Justin Koua, le secrétaire national de la JFpi, est le pire des mépris. « On est sûr que le régime, en fait, ne veut pas nous voir à la table des négociations. Mais en même temps, si nous allons malgré tout ce qu’on nous fait, on n’obtiendra rien comme on n’a encore rien obtenu depuis la première phase des négociations», s’est-il convaincu par ailleurs. Il a justement rappelé que cette première phase a coïncidé avec le début des arrestations dans le camp des partisans du président Laurent Gbagbo.

Non au parti unique et au candidat unique

Charles Blé Goudé a été arrêté à l’ouverture du dialogue direct avec le gouvernement. Pendant la plénière, à la fin de la première phase des négociations, le Commandant de gendarmerie, Jean-Noël Abéhi et Jean Yves Dibopieu, membre de la galaxie patriotique, ont été arrêtés au Ghana et extradés vers Abidjan. Le Fpi refuse cette fois-ci d’observer sans réagir l’arrestation de Justin Koua qui intervient au moment où il est une fois encore invité à la table des négociations. « Koua Justin est fonctionnaire à Daloa où il a un domicile. Il est leader de la jeunesse d’un parti politique qui a un siège légal. Il était loisible au pouvoir d’adresser une convocation à l’un de ces lieux à Koua Justin. Au moins pour que les normes soient respectées. Mais venir le soir, à 19 h, dans un siège qui est comparé à un domicile privé, pour mettre la main sur Koua Justin, on ne peut pas accepter cette moquerie », a lancé le secrétaire général du Fpi. Avant d’affirmer que « si nous allons sourire cet après-midi avec Duncan comme des amnésiques, il doutera lui-même de notre capacité à vouloir diriger de nouveau la Côte d’Ivoire ». Mais Dr. Richard Kodjo n’a pas fermé de façon hermétique la porte des négociations avec le régime Ouattara. «Si Koua Justin est libéré aujourd’hui, je serai le premier à proposer aux camarades que les conditions de bonne foi sont en train d’être créées et leur demander si on ne peut aller écouter ou répondre au gouvernement. Donc ce ne sont pas deux, trois ou quatre conditions que nous demandons au gouvernement Ouattara de remplir obligatoirement avant d’aller à la table des négociations. Même une condition peut nous déterminer à répondre à l’invitation du Premier ministre », a-t-il fait savoir. Il a aussi indiqué que la demande de libération de tous les prisonniers politiques adressée au gouvernement n’a pas encore trouvé un début d’exécution. « (…) Tous les actes de violence que le régime a posés, nous ne pouvons pas nous en prévaloir pour dire que nous allons poser un pas. Nous n’avons que notre bonne foi et le fait que nous représentons la majorité des Ivoiriens pour demander le dialogue pour qu’en 2015, la vie soit normalisée avant qu’on aille aux élections.», a conclu Richard Kodjo. Interrogé par les journalistes sur la question de la légalisation de l’homosexualité en Côte d’Ivoire qui fait débat actuellement sous cape, le porte-parole du Fpi s’est voulu clair : « c’est un problème de culture (…) Evitons de suivre tous les canons de l’Occident. Ils nous ont déjà incités à jeter nos masques. Pour eux, c’étaient des fétiches… Allons-y doucement, nous sommes pressés comme le disait Laurent Gbagbo».

Source: Robert Krassault ciurbaine@yahoo.fr (Notre Voie)