Disparition du député-maire Jean Michel Moulod : Le film du drame dans les eaux de la lagune de Moossou à Bassam

Publié le lundi 17 octobre 2011 | Le Nouveau Réveil - Comme un violent coup de massue sur la tête des Bassamois et des habitants de la Côte d’Ivoire, la nouvelle est tombée samedi dernier.

Sauveteurs à la recherche de Jean Michel Moulod.

Publié le lundi 17 octobre 2011 | Le Nouveau Réveil - Comme un violent coup de massue sur la tête des Bassamois et des habitants de la Côte d’Ivoire, la nouvelle est tombée samedi dernier.

Aux environs de 8h, le député-maire de Grand-Bassam, M. Jean Michel Moulod, a été victime d’un accident alors qu’il avait pris place à bord d’une pirogue motorisée pour se rendre à Ebrah, village de la commune où il devait assister aux obsèques d’un parent. Ebrah, bien que dans la commune de Grand-Bassam, n’est pas accessible par la route, mais plutôt par la lagune. Soit environ 6 km de navigation.

Pour celui qui veut s’y rendre par la route, il lui faudra aller d’abord à Abidjan, ensuite à Bingerville, avant d’accéder à Ebrah. Sur les 6 occupants de la pirogue, le maire Moulod et le mécanicien sont portés disparus à ce jour. Ci-dessous, le film de la journée de samedi.
-Aux environs de 8 heures, le député-maire quitte sa résidence pour se rendre à Ebrah, village de Grand-Bassam où se déroulent les obsèques d’un de ses proches parents. En compagnie de son protocole, M Watta Bogui, de son petit-fils, Sehr Thomas, de M. Tanoh, agent du trésor, de Sehr Arcadus Anoumatéké, le pilote, et de Joel Kouamé, le mécanicien de la pirogue motorisée, il embarque.

-Entre temps, le moteur de la pirogue qui était en panne a été remplacé par un autre moteur de 40 chevaux, trop puissant pour la pirogue, disent des témoins, à défaut d’entendre des rescapés qui refusent de parler aux journalistes. Quand le pilote met le moteur en marche, la pirogue en quelques secondes bondit, se lance violemment, fait des zig-zags, dérape et se renverse à moins de 100 mètres de la berge. Les occupants assis sur des chaises banches à l’intérieur tombent tous à l’eau. Thomas, le petit-fils de Moulod, racontent encore les témoins, réussit à hisser le maire Moulod de l’eau pour le mettre sur la pirogue renversée. Il vole ensuite au secours d’un autre passager. Contre toute attente, le maire disparait au fond de la lagune. Le mécanicien qui ne saurait pas nager, se serait agrippé au maire et les deux hommes ont coulé et disparu tandis que les quatre autres ont pu se sortir d’affaire ou ont pu être secourus.

-Selon le témoignage du conducteur de la pirogue, recueilli sur la télévision 1ère chaine, l’accident est survenu après une panne technique. « Je devais accompagner le maire à Ebrah à des funérailles. Ce matin (Ndlr : samedi matin), on a essayé la pirogue, le moteur ne marchait pas. Je suis allé chercher un mécanicien en ville qui a dépanné le moteur. Il a fait un essai, c’était parfait. On a dit au maire qu’on peut partir et j’ai dit au maire qu’on va y aller avec le mécanicien parce qu’on ne sait jamais. Le mécanicien est donc monté avec nous. Je ronfle, le moteur est bloqué, ça fait une rotation. Je diminue donc. Après, quand j’ai accéléré, ça a repris en vitesse, et le maire m’a dit : ralentis, ralentis… mais déjà, c’était trop tard », a-t-il dit. Le chef du protocole, M Watta, lui, a indiqué ceci : « Quand la pirogue a pris la direction du bord pour descendre, ça a tourné encore. On a eu l’impression que quelqu’un appuyait la pirogue d’un côté et l’eau est rentrée dedans. On a essayé de redresser et nous nous sommes renversés. On a saisi le maire pour qu’il s’agrippe à la pirogue, mais il y avait un fort courant d’eau là qui l’a tiré par le bas ».

- Au plus tard à 8h30, la nouvelle de l’accident s’étend comme une trainée de poudre à Moossou, à Grand-Bassam et au-delà.

-Dès lors, les populations bassamoises, hommes, femmes, enfants, qui à pied, qui à vélo, à moto, en taxi… convergent vers Moossou et à la résidence du député-maire Moulod. Dans la cour de l’élu, il y a foule. Mais également à côté de la pirogue qui a chaviré, et surtout à la berge de l’endroit où a eu lieu le drame, une foule toujours constante attend que les sauveteurs ramènent leur maire.

-A 9h30, un détachement du Groupe de recherche et d’exploration profonde des Sapeurs pompiers est présent avec à leur tête le Colonel Adama Coulibaly. Des éléments de la Croix rouge sont également là.

-Sur le coup de 13 heures, le ministre Ezan Akélé, Ollo Germain, Acka Martin, Venance Kacou, Ezaley Georges, tous membres de la délégation départementale Pdci-Rda de Grand-Bassam, accompagnent le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan, arrivé quelques temps auparavant. Avant de partir en même temps que Francis Wodié, président de la Cour Constitutionnelle, Victorine Wodié, Duncan confie qu’il va informer le Premier ministre afin que la Licorne se joigne à la recherche des victimes.

-13h30, des personnalités continuent d’accourir à la résidence du maire. Dénis Kah Zion, Pca de la Poste de Côte d’Ivoire, directeur général du Nouveau Réveil, Zié Coulibaly Péwélégnan, président de la Fondation Espoir du Pdci, sont rejoints par le maire de Port Bouet, Hortense Aka Anghui.

-13H45, un groupe de députés parmi lesquels l’on pouvait reconnaitre Matto Joseph de Vavoua, Drissa Ouattara de Sandégué, Gouali Dodo de Vavoua 2, et Yao Koffi Jean Paul député de Kouassi-kouassikro, font leur entrée à la résidence du député-maire Moulod où l’on pouvait apercevoir le ministre Britto Boniface et l’ex-maire de Bouaké, Konan Konan Denis sans oublier le chef de cabinet du ministre des transports. Une forte délégation venue de Bonoua était aussi là (Adjé Maurice et ses frères).

-A 14H09, Monseigneur Ahoua Raymond, Evêque du Diocèse de Grand-Bassam, sort de la résidence du maire où il a certainement prié et soutenu Mme Moulod et les parents du maire. Le président du conseil général de Grand-Bassam, Akoi Innocent, était également venu marquer sa solidarité à la famille Moulod.

-14H29, alors que la berge contigüe à la résidence du maire continue de regorger du monde, une pinasse met le cap sur l’eau. Des membres de la génération d’âge du maire Moulod auraient décidé d’aller à la recherche de leur membre disparu dans l’eau.

-Sur la berge du lieu du drame, il est 14h49, quand le Commandant Adama Coulibaly des Sapeurs pompiers explique à des observateurs dont Cissé Malick (cadre de la région), Denis Kah Zion, Zié Coulibaly Péwélégnan et Michel Amadoté, les limites des Sapeurs pompiers, disposant d’un seul zodiac, des équipements pour 5 personnes sur 17 plongeurs.

Il a espéré que la gendarmerie et son unité UIGN ainsi que la Licorne soient associés aux recherches.

-A 14h51, le directeur de cabinet du président de la République, Amon Tanoh Marcel arrive à la résidence du maire.

-15h10, deux hors-bords de la Licorne sont aperçus sur la lagune. Un peu plus tard, un hélicoptère de la Licorne sillonne la surface de l’eau. Selon le colonel Adama Coulibaly, deux zodiacs de la gendarmerie, un de la douane, un de la marine nationale, ont aidé à sillonner 2 à 3 km de plan d’eau. Des faits qui ont donné quelques espoirs aux Bassamois qui n’ont pas quitté la berge.

-De 15h30 à 16h35, la résidence du maire Moulod a enregistré l’arrivée de nombreuses personnalités de sa famille politique, le Pdci-Rda. Le Secrétaire général Djédjé Mady, Maurice Kacou Guikahué, Mme Dao Coulibaly, Adèle N’dioré, Yaya Dembélé, Ossey Gnanzou, Mme Koné Salimata, Mme Diop Aminata, Yaya Ouattara, François Amichia, Amon Tanoh Lambert, Léopoldine Coffie, Emile Constant Bombet, apportent leur soutien et leur compassion à la famille du maire Moulod. Tout comme c’était le cas longtemps avant pour les responsables locaux du Rdr dont Koné Moussa Seydou, Sériba Koné, Tall Yacouba.
-17h04, la forte délégation conduite par le Secrétaire général Alphonse Djédjé Mady se rend sur le lieu du drame.

-17h22, le Roi de Moossou, Nanan Assoumou Kangah, et sa notabilité arrivent à la résidence du maire Moulod.

-17h30, les Sapeurs pompiers arrêtent les recherches. Le Colonel Adama Coulibaly explique que la visibilité est nulle et l’opération reprendra dès la première heure le lendemain dimanche (Ndlr : hier).

-Pendant la nuit de samedi, nous a-t-on rapporté, des sacrifices ont été effectués afin que les deux victimes puissent être vues.

-Hier dimanche, deux chemises appartenant aux disparus ont été accrochées sur la berge où a eu lieu le drame, selon la coutume a-t-on appris. Des liqueurs, des poulets, des œufs sont également disposés pour des offrandes aux génies de l’eau.

-A midi (hier, dimanche), le moteur de la pirogue chavirée est remonté par les Fanti d’Azuretti qui ont été sollicités pour les recherches. Nanan Assoumou Kangah, Roi de Moossou, fait le constat et retourne à la cour royale. Sans dire mot.

-A la résidence du maire, hier à 13h, arrive le Premier ministre Banny, le ministre Emile Constant Bombet et bien d’autres personnalités sont également venues saluer la famille.

-Jusqu’à 15h35 où nous quittions les lieux, aucune nouvelle des victimes n’avait été signalée. Le Colonel Adama Coulibaly des Sapeurs pompiers a laissé entendre que chaque jour, des recherches se poursuivront jusqu’à ce les corps soient trouvés.

Diarrassouba Sory

Kouao Hermann (président des jeunes de Vitré 2, membre du groupe qui a retrouvé le corps du maire Moulod) : « Nous avons retrouvé le corps du maire à 11h 30, hier » ; «Le corps du maire s’est retourné tout seul dans la pirogue»

Publié le mardi 18 octobre 2011 | Le Nouveau Réveil

Participant à la recherche du maire, Kouao Hermann indique dans cette interview comment le corps du député-maire de Grand-Bassam, Jean Michel Moulod, a été repêché.

Quand avez-vous été saisi de la disparition du maire ?
Depuis samedi, nous avons reçu la nouvelle. Aussitôt, nous avons organisé un groupe de recherche composé de jeunes et de la génération de nos papas. On a fait la recherche jusqu’à Moossou où il n’était plus certain qu’on retrouve les victimes. On a recommencé aujourd’hui (NDLR : hier lundi). En tant que peuple lagunaire, nous savons qu’il était sûr qu’on les retrouve aujourd’hui.

Combien de pirogues avez-vous mobilisées ?
Nous sommes sortis en eau avec 5 pirogues.

A quelle heure avez-vous retrouvé le maire ?
Vers 11h 30 (Ndlr : hier lundi). Nous avons profité du courant d’eau. Nous allions vers Abidjan et nous l’avons aperçu non loin du parc d’Eloka, dans la direction de Vitré 2. Nous l’avons identifié avant de le hisser dans la pirogue. Ensuite, nous avons appelé M. Ollo Germain, cadre du village qui est arrivé avec Mme Moulod accompagné du Roi de Moossou, Nanan Assoumou Kangah. La marine est ensuite venue. Ils ont fait le constat et un corbillard est venu le chercher.

Dans quel état avez-vous trouvé le corps du maire ?
Le corps était dans un bon état. Il était bien. Logiquement après 3 jours, il devait être enflé mais nous l’avons trouvé en bon état. Il n’était pas défiguré.

Comment le transfert a eu lieu de là où vous l’avez trouvé jusqu’au village?
Nous avons pris la direction du village. On était près de Vitré 2, donc on a choisi de ne plus partir à Moossou.

Précisément, où l’avez-vous emmené à Vitré 2?
Nous l’avons emmené à la résidence de M. Ollo Germain qui se trouve au bord de la lagune. Nous avons jugé que c’est le lieu tout indiqué parce que la cour est bien fermée. Il y a de l’intimité et Moulod, tout le monde le sait, est une autorité. Il ne fallait pas exposer le corps. C’est ainsi que nous sommes allés au domicile de M. Ollo avec sa permission, bien sûr. Dès que nous avons aperçu le maire, nous avons appelé M. Ollo qui est un parent au maire et qui reste très proche de la famille. Au téléphone, il nous a dit: accostez chez moi. Et 10 mn plus tard, il est arrivé en compagnie de la femme du maire.

Quelle ambiance il y avait à votre arrivée au village ?
Ça a été un soulagement parce que pour nous, le plus important, c’était de le retrouver. Lorsque nous l’avons retrouvé, ça a été une satisfaction. Les gens pleuraient, cela est tout à fait normal. Il est le député-maire et il a des parents à Vitré 2.

Avez-vous eu des nouvelles de la seconde victime ?
Lorsque nous avons aperçu le maire, on s’est dit qu’on a, là, un signe de retrouver le jeune mécanicien.

Quels signes ?
On s’est dit que puisque les deux sont tombés au même endroit, c’est probable qu’ils ne soient pas loin l’un de l’autre. Mais malheureusement, il faut compter aussi avec les obstacles comme les roseaux, les salades d’eau. Cela pouvait retarder leur avancée ensemble. Lorsque nous partions pour la recherche du second corps, on nous a appelés pour dire qu’il a été retrouvé sous les roseaux du côté de l’usine de bois SCAF par des pêcheurs maliens.

Que vient de dire votre frère en langue locale ? (Ndlr : Lors de l’interview, un autre jeune a pris la parole pour dire quelque chose en langue locale)
Je me rappelle que lorsque nous avons repêché le corps du maire, il était dans une position donnée. En fait, il faisait face à l’eau. Nous l’avons retourné avant de le mettre dans la pirogue. Mais mystérieusement, alors qu’il était couché dans la pirogue sur le dos, le maire s’est retourné pour faire face au plancher de la pirogue, donc la position initiale qu’il avait dans l’eau. On n’a rien compris. Tout seul, le corps s’est retourné dans la pirogue. Peut-être qu’il a voulu ainsi passer un message.

Arrivés au domicile de M. Ollo, vous avez pris des dispositions suite à ce message ?
Bien sûr. Lorsque nous avons appelé M. Ollo pour l’informer qu’on a retrouvé le corps du maire, il a laissé des consignes à son gardien qui avait donc déjà réservé des pagnes kita. Tout était prêt. Donc on a bien protégé le corps du maire.
Propos recueillis à Vitré 2 par
Diarrassouba Sory