A deux mois des élections législatives : Des hommes armés occupent toujours la moitié Nord du pays

Publié le mardi 4 octobre 2011 | Le Temps - La rébellion des Forces nouvelles (Fn) a annoncé, à grand renfort de

Soldats des FRCI.

Publié le mardi 4 octobre 2011 | Le Temps - La rébellion des Forces nouvelles (Fn) a annoncé, à grand renfort de

publicité, la «dissolution de la branche armée» du mouvement et l’unicité des caisses de l’Etat » au Nord. Mais la réalité est que c’est le statut quo sur le terrain quant à l’occupation de cette zone par l’ex-rébellion toujours armée. Il suffit de visiter la zone en question pour se rendre compte que rien n’a changé, en dehors d’un maquillage grossier qui ne trompe personne. La régie financière des ex-rebelles continue d’y prélever des impôts, au détriment de l’Etat de Côte d’Ivoire. Tandis que les symboles guerriers de la rébellion, depuis les chefs de guerre jusqu’aux troupes sur le terrain, restent bien en place. Aucune Institution de la République n’y existe. Le fait est que l’opération de dissolution de la branche armée de la rébellion a été montée pour tromper l’opinion internationale et les bailleurs de fonds qui conditionnent leur aide à Ouattara à des législatives crédibles. La réalité est qu’à deux mois des élections législatives, Ouattara et ses hommes continuent de jouer au chat et à la souris aussi bien avec les Ivoiriens qu’avec l’opinion internationale que la France désinforme et intoxique à longueur de journée avec ses médias. En effet, c’est le même scénario qui a été servi en plein Accord de Ouaga, lorsque le président Laurent Gbagbo demandait aux rebelles de déposer les armes avant la présidentielle. Conformément au dit accord qui stipulait que la rébellion désarme «2 mois (au moins) avant l’élection présidentielle». Mais les rebelles ont tout simplement refusé de déposer les armes. Pis, ils ont été encouragés et soutenus par Ouattara et la France qui, manipulant l’opinion internationale, ont laissé entendre qu’on pouvait aller aux élections sans que la rébellion ne désarme. Mieux, un complot international a même organisé toute une pression sur le président Laurent Gbagbo pour faire croire que c’était lui qui cherchait un prétexte pour ne pas aller aux élections. Pour la paix, le président Gbagbo a finalement accepter d’aller à la présidentielle de novembre 2010. Et on a vu le résultat désastreux qui s’en est suivi.
Le drame de la présidentielle 2010 au Nord
Les rebelles ont reçu la consigne de mettre en place une fraude à grande échelle au profit de Ouattara, avec la complicité de la Cei locale ainsi que de celle des représentants de la Cedeao qui étaient partie prenante au complot. Dans une région censée être le bastion du Rdr, Ouattara a eu besoin de frauder ! La campagne électorale elle-même nous donnait des signes inquiétants. Des régions du Nord du pays sont interdites d’accès à l’équipe de campagne de Laurent Gbagbo, pendant la campagne d’octobre 2010, tandis que Ouattara se circule tranquillement au Sud pour promettre des pluies de milliards. Les premières violences qu’on dissimule commencent au premier tour contre les militants et responsables Lmp au Nord. Mais, en dépit de la machine déployée pour organiser la fraude dans la zone tenue par les rebelles armés, Laurent Gbagbo réalise un score prometteur qui est destiné à s’améliorer au second tour. Ce qui prouve que Lmp est bien implantée au Nord. La grande victime, c’est plutôt l’allié de Ouattara au sein du Rhdp, Henri Konan Bédié, qui tombe au premier tour derrière Laurent Gbagbo, arrivé en tête, et Ouattara en seconde position. Le candidat du Pdci dénonce d’ailleurs la fraude qui a eu lieu dans le Nord. Mais il n’a pas le courage d’accuser ouvertement Ouattara. Pour évacuer sa frustration, c’est plutôt Laurent Gbagbo qu’il accuse de fraudes dans le Nord. Son attitude ahurit les observateurs. Comment Laurent Gbagbo s’y serait-t-il pris pour frauder dans une région où des rebelles armées obligent les électeurs à voter Ouattara, sous la menace des fusils ? L’absurdité de l’accusation est frappante. Et ces signaux inquiètent Ouattara. Il faut faire en sorte que Laurent Gbagbo obtienne 0 voix au Nord. Pendant la campagne du second tour, les violences perpétrées par les rebelles contre Lmp s’accentuent. Le 28 novembre, c’et le summum de l’horreur. Plusieurs responsables Fpi et Lmp dans les bureaux de vote sont violentés et charcutés à la machette. Dans les villes et villages qui abritent centres de vote, les assassinats de militants Lmp prennent une tournure dramatique.
Les crimes encouragés et cautionnés par la France
La Direction nationale de campagne du candidat Laurent Gbagbo, par la voix du président du Fpi, Affi N’Guessan, avec des documents probants à l’appui, dénonce la fraude et les tueries du tandem rébellion-Rdr. Mais la communauté internationale, embarquée dans la logique de la France, semble se délecter du spectacle sanglant et de la tragédie ivoirienne qui servent les intérêts de l’Elysée. Plus tard, la crise postélectorale dévoile toute la face cachée du complot contre Laurent Gbagbo. Des «sanctions» de la communauté internationale qui finit par envisager «l’option militaire contre Laurent Gbagbo» aux ultimatums musclés de la France dont les forces militaires sont présentent en Côte d’Ivoire. Et puis, on arrive à la journée noire du lundi 11 avril 2011. Et Ouattara est hissé au pouvoir, dans les conditions que tous les Ivoiriens ont vu. Des faits vécus, ensemble, par tout un peuple, dans la détresse et le deuil. Une vérité à laquelle les restrictions à la liberté d’expression ne changeront rien, dans l’Histoire de la Côte d’Ivoire ! C’est le même scénario que Ouattara, qui ne semble pas ému par les souffrances des Ivoiriens, veut rééditer en Côte d’Ivoire. Sans doute pense-t-on que la scène politique ayant été réduite au Rhdp, il n’y a plus d’enjeu au Nord. Du moment que Ouattara, en l’absence de toute opposition, s’en mettra ‘’plein les urnes’’. Mais une alliance, quelle qu’en soit la consistance, n’est guère, en fin de compte, qu’un jeu d’intérêts qui peut varier. Et rien ne dit, non plus, que le Fpi et Lmp ne prendront pas part aux prochaines élections. Or, il n’y a aucune chance, en l’état actuel des choses, que des élections crédibles soient organisées dans une zone toujours occupée par des hommes en armes. Il faut donc craindre que les mêmes causes ne produisent les mêmes effets.

K. Kouassi Maurice