Descente musclée des hommes armés dans un village de Sassandra: Boutoubré rasé par les FRCI

Le 2& mai 2011 par Notre voie - A la suite des événements militaro-civiles survenus sur l’étendue de la Côte d’Ivoire, à l’issue de la crise politique post-électorale,

Chérif Ousmane, commandant des FRCI de Ouattara.

Le 2& mai 2011 par Notre voie - A la suite des événements militaro-civiles survenus sur l’étendue de la Côte d’Ivoire, à l’issue de la crise politique post-électorale,

des individus puissamment armés et surexcités, se réclamant des Forces Républicaines de Cote d’Ivoire, ont fait irruption dans le village de Boutoubré, sous-préfecture de Sassandra, pour y semer la désolation et la tristesse.
Ces actes ont obligé la population de ladite localité à abandonner leur village pour se réfugier sur les îles environnantes.
Ayant appris de sources dignes de foi, la situation dramatique que vit nos parents de Boutoubré, nous, cadres et natifs dudit village résidant à Abidjan, sommes urgemment réunis à la suite du dernier passage sanglant des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire dans le village et nous avons décidé d’y envoyer dans l’immédiat, l’un des nôtres, en la personne de Katto Gbalou Gervais, pour faire l’état des lieux afin de nous permettre de mesurer la gravité du désastre qu’a subi nos frères résidant à Boutoubré, en vue d’y mener une action humanitaire.
C’est donc fort de cela que M. Katto Gbalou Gervais s’y est transporté le 18 mai 2011. Après ses constatations, il nous a fait un compte rendu succinct des événements que nous vous rapportons en ces lignes.
Pour permettre à toutes les personnes de bonne volonté qui œuvrent à l’établissement de la paix en Côte d’Ivoire et toutes celles qui apportent assistance humanitaire aux populations en détresse, nous voudrions profiter de cette situation chaotique pour leur situer géographiquement notre village afin de leur permettre de localiser facilement le village de Boutoubré, en cas d’apport d’une éventuelle aide.
Situation géographique
Le village de Boutoubré est une petite bourgade de près de trois cents (300) âmes. Elle est située dans la Sous-préfecture de Sassandra, à quelques encablures du fleuve Sassandra.
Il est limité au Nord par le village Kouaté, au Sud par celui de Grihiri, à l’Est par les villages Mabéhiri, Dobré et Grébouo et à l’Ouest par les villages Négréhadji et Touadji 1 et 2.
Aussi, pour permettre à nos éventuels bienfaiteurs d’avoir une bonne connaissance des événements, il nous parait plus que nécessaire de faire un rappel des faits.
Les faits
Après l’accalmie retrouvée à la suite du renversement de l’ancien régime politique du pays, les populations de Boutoubré, dans toute leur diversité (Allogènes et Allochtones), vivaient dans la tranquillité et cela sous la protection sécuritaire des éléments des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire. C’est seulement tout récemment, à partir de la deuxième semaine du mois de mai 2011 que la quiétude des populations dudit village va subitement se transformer en un véritable calvaire.
En effet, dans la journée du mardi 10 mai 2011, les populations de Boutoubré ont reçu la visite surprenante d’un groupe d’individus puissamment armés, s’exprimant pour la plupart en anglais.
Il faut toute suite dire qu’avant l’arrivée dudit groupe, la rumeur qui a précédé leur venue, a obligé une grande partie de la population à quitter le village, à part quelques sceptiques qui y sont restés.
Aussi, il est bien de préciser qu’au cours de son bref séjour à Boutoubré, ledit groupe ne s’en est pas pris physiquement aux personnes du village et il n’a pas non plus perpétré d’actes de vandalisme.
Le porte-parole de la force inconnue arrivée à Boutoubré a tout simplement déclaré au vieux Rabé Boa Gaston, l’interlocuteur circonstanciel du village, et au doyen Kaké Dablets Antoine, tous deux notables, que leur groupe est composé de jeunes Libériens et Ivoiriens qui ont combattu aux côtés des Forces de Défense et de sécurité pendant la guerre d’Abidjan.
Et qu’ils sont en partance pour Touhi où les attendent d’autres combattants du même bord. Ils souhaitent donc à cet effet traverser le fleuve de Sassandra par Boutoubré pour s’y rendre rapidement et pour cela ils voudraient la collaboration des jeunes du village pour leur faciliter la traversée.
Le vieux Boa Gaston qui leur avait donné une réponse fallacieuse pour les dissuader de leur objectif, à dû après se résoudre sous la menace des armes, à leur promettre de faire de tout son possible pour leur arranger la traversée du fleuve.
Et pendant que se déroulait cette entrevue, des jeunes n’ayant pu fuir le village sont allés rapidement informer en catimini les éléments de la Force Républicaine installés dans les environs, de la présence inquiétante de combattants Libériens sur leur sol.
Cette démarche, au dire des villageois, avait pour but d’éviter à la population de Boutoubré, la répression sanglante qu’ont perpétrée les éléments des Forces Républicaines dans les villages déjà traversés par les combattants Libériens ou supposés détenir des armes de guerre, dont notamment les villages de Neneferoi, Okrouyo, Mabéhiri , Grihiri, Kouaté , Zahebré et Gahouroubré.
Les Forces Républicaines qui étaient donc informées de la présence des combattants Libériens à Boutoubré, n’ont pas daigné venir immédiatement les affronter. Ils ont plutôt conseillé aux jeunes venus les informer, de s’associer à la population villageoise pour empêcher les combattants Libériens de traverser le fleuve, en attendant qu’ils s’organisent pour venir les contrer.
Les jeunes Boutoubréens qui n’ont ni des dispositions guerrières, ni militaires pour le faire, n’ont donc pas pu empêcher les combattants Libériens de poursuivre leur chemin malgré quelques tentatives qui ont consisté à dissimuler les canots de traversée.
Après donc une nuitée à Boutoubré, les combattants Libériens ont quitté le village par la traversée du fleuve Sassandra après que les jeunes ont mis à leur disposition, sous la menace constante de leurs armes, des canots de traversée.
C’est donc au petit matin du mercredi 11 mai 2011, aux environs de 6 heures du matin, que tous les combattants Libériens ont quitté définitivement Boutoubré.
Mais avant d’embarquer pour la traversée du fleuve, ils ont conseillé vivement aux populations de Boutoubré de momentanément quitter le village pour leur propre sécurité parce que si les éléments des Forces Républicaines, après leur départ, les trouvent là, ils vont s’en prendre à eux sans aucune forme de procès.
Il faut dire que les Boutoubréens n’ont pas pris en considération les conseils des combattants libériens parce qu’ils se disaient que s’il y a une force qui doit assurer leur sécurité, c’est bien les éléments des Forces Républicaines.
A la vérité, leur négligence et la confiance béate qu’ils ont placée en la Force Républicaine, vont leur jouer un mauvais tour parce que ceux qui étaient censés les sécuriser et protéger leurs biens, vont se transformer en leurs véritables bourreaux.
En effet, les éléments des FRCI qui sont arrivés le mardi 10 mai 2011 aux environs de 15 heures, ont préféré s’installer à Kouadiobakro, situé à 5 kms de Boutoubré et attendre tranquillement le départ des combattants libériens.
Et c’est le mercredi 11 mai 2011, aux environs de 7 heures 30 minutes, peu de temps après le départ des troupes libériennes, que les éléments des FRCI ont fait irruption dans le village de Boutoubré, à bord de 36 véhicules 4 X 4, de type PICK UP, muni d’un impressionnant armement de guerre.
Les éléments des FRCI arrivés au village n’ont pas mis assez de temps pour montrer leurs intensions puisqu’à leur descente des différents véhicules qui les transportaient, ils vont sans crier gare, s’en prendre violemment, à coups de crosses, de mitraillettes et de ceinturons, aux paisibles populations.
Au cours des barbaries qui ont eu cours dans le village, différentes personnes s’en sont sorties avec des séquelles et trois (3) personnes d’entre elles sont grièvement blessées. Il s’agit notamment des sieurs : Katto Kpata César, Oupoh Théophile et Katto Dabley Jonas.
A la suite de cela, les éléments des FRCI vont mener une véritable chasse à l’homme dans le village, ce qui leur a permis de faire plusieurs arrestations de jeunes qu’ils accusaient d’avoir collaboré avec les combattants libériens.
Il faut ajouter à cette triste besogne, la destruction de la quasi-totalité des habitations du village, avec le pillage systématique des vivres contenus dans les greniers.
Les populations de Boutoubré, martyrisées et désemparées par l’invasion violente des éléments des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire et qui ne savent plus où mettre la tête puisque les allogènes et les allochtones des campements environnants leur ont refusé l’hospitalité, ont dû fuir pour se refugier sur les îles situées aux abords du fleuve Sassandra.
Et face à leur total dénuement, les populations déplacées de Boutoubré ont dû user de leur ingéniosité pour se construire des abris de fortune après avoir passé plusieurs jours à dormir à la belle étoile sans vivres et en s’exposant aux différentes épidémies.
Après donc cette tempête indescriptible de violence qu’ils ont fait vivre aux populations de Boutoubré, les éléments des Forces Républicaines se sont rendus sur les sites de fortune pour déloger les déplacés et les ramener manu militari dans leur village.
Et depuis le retour des populations au village, la sérénité n’est plus de mise car les éléments des FRCI ont réussi à opposer nos frères du village aux allochtones et allogènes avec qui ils vivaient autrefois en paix.
Cette situation très préoccupante, ajoutée à l’insécurité galopante qui sévit dans toute la zone, inquiète énormément les populations de Boutoubré qui vivent déjà dans le dénuement le plus total.
C’est pourquoi, nous dirons que la mission que nous avons effectuée pour situer la gravité de la situation humanitaire dans le village de Boutoubré et ses environs, est la bienvenue, parce que le rapport qui en est sorti peut servir, si besoin était, d’outil important d’aide pour panser les meurtrissures des populations.
Le président des cadres
et natifs de Boutoubré