Débats et Opinions: Sound of Silence
Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Sound of Silence.
L'attentat n'est pas survenu un 11 du mois, mais la manif est à cette date...11 septembre 1& avril, 11 janvier : simple coïncidence ? « Paris, capitale du monde ! » claironne le premier des François, notre Coq national.
Et pourtant, on est dans l'éphémère, comme dans le conte des frères Grimm avant les 12 coups de minuit, lorsque Cendrillon était encore en chaussons de vair avec carrosse et laquais... Et ensuite? On va retrouver la grisaille, la morosité ambiante, le chômage, la difficulté des Français à boucler leurs fins de mois...Mais heureusement les gallinacés François, Emmanuel et surtout Nicolas qui rêve de revenir au plus vite pour veiller sur ses poulettes dociles, vont engranger quelques points de satisfecit, arrivant artificiellement à unifier le peuple derrière leur bannière faussement pacifique. Car ne l'oublions pas, tous ces Occidentaux qui en appellent à l’union sacrée face à la barbarie en sont les artisans, certes à l'Etranger, jamais chez eux, Afghanistan, Iraq, Lybie, Côte d'Ivoire, Mali, et j'en passe. Faut-il s'offusquer maintenant de ce que le balai des apprentis sorciers se retourne contre eux? Comment parler de paix, alors que l'Occident ne cesse depuis des années, de financer et d’équiper des hordes sauvages de groupuscules armés, chargés de déstabiliser des pays réputés "pauvres", mais au sol et sous-sol regorgeant de promesses pour eux, les prédateurs ?
La France pays des droits de l'homme, oui, c'est ce que l'on voit, la partie immergée de l'iceberg, celle que l’on exhibe au journal de 20 heures où nous voyons cette foule de Français unis, toutes classes sociales et politiques confondues, pleurer sur ces libertés qui ne sont plus, sur cette barbarie à nos porte et dans nos murs. Pendant que nos hommes politiques solidaires puisque pas moins de 50 chefs d'état et de gouvernement défilent à cette marche pour la démocratie, afin de faire bloc devant la menace du terrorisme. Et pourtant personne n’a protesté lorsqu’une loi visant la réglementation et la réduction des libertés individuelle sur le net a été votée en cette fin d’année 2014. Personne ne s’offusque de ce que tout citoyen peut être espionné dans ses mails, ses SMS, ses communications téléphoniques. Que l’on prenne provisoirement ce genre de dispositions après un méga attentat de type 11 septembre pourrait éventuellement se comprendre, mais là c’était avant l’épisode Charlie hebdo.
Déjà le premier juillet 2011 a paru au journal officiel un décret permettant de réprimer des manifestations populaires à balles réelles si les forces de l’ordre étaient menacées. Là encore personne n’avait protesté, c’était l’été il faisait chaud, les spécialistes de l’information spectacle préféraient montrer les Français à la plage, plutôt que d’analyser ce décret.
Charlie Hebdo devient le symbole de la France humiliée assassinée, et pourtant peu de gens connaissaient vraiment cette revue satyrique, aux dessins très souvent d'un gout douteux, ridiculisant au nom de la libre pensée ceux qui ne n’avaient pas la même conception de l’athéisme, par des dessins des caricatures, mais sans pousser bien loin la réflexion de fond. La critique du religieux, grossière, vulgaire très souvent, était rendue dans la catégorie très française de la "blague cochonne" où l’on fornique allègrement, même avec D.ieu et ses envoyés.
Je comprends tout à fait que l'on se rassemble pour exprimer sa révolte face à des hommes pour qui la vie n'a plus de valeur et qui s’arrogent le droit de l'enlever à d'autres, de semer le chaos et les larmes. Mais là on en fait trop. Même les américains après le 11 septembre n’ont rien imaginé d’autre que le recueillement silencieux sur les lieux de l’horreur.
Quand je suis partie vivre en Israël en 1995, nous avons eu toute une série d'attentats, parfois plusieurs en une semaine, et la vie ne s'est pas arrêtée, personne jamais n'a proposé de faire venir le monde entier chez nous, pour pleurer avec nous. Il a fallu continuer de vivre, parce que la vie a un sens, elle vaut la peine d'être vécue, il faut revoir notre position par rapport à nos voisins, composer avec eux. Le plus dur est de ne pas se laisser gagner par les mauvaises idées du grand frère américain qui avec son axe du Bien, joue les justiciers en ripostant contre les "méchants" qu'il a lui-même fabriqué.
Aujourd'hui les Français descendent dans la rue, un rassemblement d'une ampleur «sans précédent». Les manifestants se promettant de ne pas stigmatiser l'autre, le gentil musulman à ne pas confondre avec le méchant, le radical. Et pourtant, quand on regarde bien, les musulmans dits extrémistes ne sont bien souvent que des exécutants manipulés et instrumentalisés par l'Occident, préposés aux basses œuvres dans les pays à déstabiliser : des Musulmans de façade, dont la foi se résume à la violence aux cris d’Allah Hou Akbar; ce sont les tenants de cet islam d'importation, défouloir des pulsions les plus bestiales, que l'on agite comme un épouvantail, à seule fin de pousser à bout les Musulmans de nos pays, pour que de soupçon en dénonciation, de méfiance en incitation à la haine, les générations actuelles ghettoïsées à dessein, sans travail et privées d'avenir en viennent à se solidariser de ce pseudo-islam radical, nourri par l'Occident des sucs de son propre fumier : tout cela pour parvenir à la réalisation du scénario apocalyptique dont ils nous rebattent les oreilles, celui d’une France phagocytée par l’islam, d’un occident « civilisé » confronté à la plus grande menace de son histoire, à ce « choc des civilisations » dont le bilan se soldera par des pertes infiniment plus lourdes que celles de cette fin de semaine.
Ce soir encore, journal de 20h s’est transformé en une séance entièrement consacrée à la « marche du siècle ». Le monde s’est arrêté de tourner ; pourtant, au cours de la même semaine au Nigéria, une fillette s’est fait exploser en plein marché, causant la mort d’au moins vingt personnes, avant qu’un nouveau déchaînement de Boko Haram autre marionnette franco-occidentale , ne se traduise, toujours au Nigéria,par le massacre de 2000 hommes, femmes, et enfants : 16 villages anéantis ! Mais une telle information ne mérite pas d’être qualifiées de majeure ; ces morts-là n’intéressent personne, en tout cas pas le gouvernement français et ses médias aux ordres ! Pensez donc 17 morts sur le sol français, face à deux mille Africains égorgés et violés... La balance penchera toujours du même côté. Sur le net circulait hier cette phrase "si Charlie mérite le silence, alors le Congo mérite qu'on se taise à jamais: plus de 6 millions de morts…" Je m’arrête ici, tout ce tapage médiatique n’ayant qu’un objectif : imposer silence au vrai silence, empêcher tous ces Français au cœur généreux d’entendre enfin la voix des dizaines de milliers d’hommes, femmes et enfants assassinés sur commande par leurs dirigeants Afghanistan, Irak, Côte d’Ivoire, Lybie, Syrie, Mali, Ukraine ; empêcher la foule authentique des citoyens de bonne volonté d’entendre ce « sound of silence » de la mort, rumeur assourdissante en quête d’une réponse adéquate fondée sur le retour à la vérité dite et entendue. Dire, entendre, écouter : rien à voir avec l’unanimisme d’une mascarade où se congratulent grands et petits maîtres du monde soi-disant « libre » ; libre de continuer à vivre au prix de l’asservissement de tout peuple cumulant les malchances d’être riche en ressources, et de ne pas adhérer aux critères de survie de l’axe du bien.
Une contribution de Shlomit Abel, 12 janvier 2015