Débats et opinions: Le dilemme de l’Occident

Par Correspondance particulière - Le dilemme de l’Occident.

Sommet du G8 en Irlande, 18 juin 2013. Jose Manuel Barroso, Shinzo Abe, Angela Merkel, Vladimir Putin, Barack Obama, Francois Hollande, Stephen Harper, Enrico Letta et Herman Van Rompuy (g à d). Lough Erne, (Photo Yves Herman. Reuters).

Les pays développés en général et ceux de l’Occident en particulier, ont bâti leurs richesses sur des biens qu’ils ne produisent pas. C’est le cas de la plupart des matières premières. Pour les avoir chez nous, ils sont obligés de jouer les pompiers pyromanes. D’un autre côté, pour éviter un suicide économique, ils ont besoin d’un environnement apaisé voire sécurisé pour investir dans nos contrées. Or là où ils mettent la rébellion, il ne peut y avoir un environnement sécurisé. Et c’est ce qui fait leur dilemme.
Pour nous, pays en développement, le problème est de sortir de cette spirale de victime afin de maîtriser notre avenir. Pour ce faire, il faut satisfaire à quelques conditionnalités. D’une part, il y a la question des collabos de ces prédateurs et d’autre part, la stratégie d’investissement autocentré.
La question des collabos
La collaboration avec celui d’en face à défaut de le désigner comme l’ennemi, n’est pas nouvelle. Elle existe depuis l’aube des temps. Chaque fois qu’il y a deux clans qui se battent, des gens sans conviction réelle, apparaissent toujours pour se compromettre si ce n’est pas pour aller de compromission en compromission.
Par exemple, la France de Philippe Pétain a connu son temps de collaboration. Ainsi, au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la purge de la société française a vu s’installer une période de procès des collabos…
Cette même purge se poursuit en ce moment chez les islamistes et les Palestiniens. Sur les réseaux sociaux sans légende, on est souvent offusqué par les actes de cruauté de certains musulmans notamment des Palestiniens qui égorgent comme des poulets, d’autres musulmans comme eux.
Au plan politique, les actes de haute trahison pour intelligence avec une puissance étrangère, ne sont rien d’autre que des actes de collaborations avec ceux qui ne partagent pas les mêmes intérêts que nous. Mais alors, si on doit sanctionner ces actes, il faut commencer par ceux posés par nos dirigeants en contradiction flagrante avec les intérêts de nos pays. Les collabos punis sont ceux dont les actes cachés sont découverts. Mais et ceux des autres, comme dirait Laurent Gbagbo, les candidats pour l’étranger ? On croit souvent que ces gens ne posent pas d’actes répréhensibles parce que portant la casquette d’élu du peuple. Comment peut-on comprendre qu’un homme supposé élu de son peuple, soit installé au pouvoir dans des conditions sanglantes au mépris de la loi fondamentale de son pays ? Pour la Côte d’Ivoire, on nous a moult fois rabattu dans les oreilles qu’Alassane Dramane Ouattara est un grand économiste. Idem de son nouveau grand frère Bédié, ancien président. Pour avoir étudié les sciences économiques à l’université, on les a appelé des économistes ; ce qui n’est pas vrai. Jugez-en par vous-mêmes : ADO a lancé la théorie de l’argent qui ne circule pas parce qu’il travaille. Cela fait hurler de rire, même les ménagères. Ensuite, lui et son premier ministre, courent après une croissance à deux chiffres, mais ils ne disent pas pour qui est cette croissance. En effet, notre économie est tenue par les entreprises étrangères en grande majorité. S’il y a une croissance, ce sont elles qui le ressentiront dans la même proportion. Au total, c’est comme si les Ivoiriens avaient voté pour des gens qui font la promotion des intérêts pour les étrangers. Dans ces conditions, on doit déclarer ces gens coupables de crime de haute trahison, et par conséquent leur infliger la sanction idoine. Tant qu’ils seront aux commandes de notre pays, celui-ci ne décollera jamais au profit de ses enfants. La fameuse émergence qui est le credo d’ADO, ne sera jamais une réalité pour nos compatriotes même si le pays peut avoir un jour, cette prétention eu égard aux chiffres des sociétés étrangères de séant. Encore une croissance sans développement.
La stratégie d’investissement autocentré
Pour procéder à ce type de développement, il faut être libre, ne serait-ce que mentalement déjà. Une fois cela fait, on peut libérer notre pays en se débarrassant de ceux qui sont les nègres de services des prédateurs. Pour le cas de la Côte d’Ivoire, la disparition d’ADO et de Bédié, libèrera notre pays. La raison est qu’ils ne savent pas qu’ils souffrent du complexe du colonisé, avec tout ce que cela implique…
Pour le fils de notre pays, (mais également pour l’ensemble des pays en développement) qui devra faire de l’investissement autocentré, il faudra reconnaître que le transfert nord-sud de la technologie a échoué. Par conséquent, si le nord a besoin de nos matières premières, il devra installer les usines de production de produits finis chez nous. Ainsi, à défaut d’importer ses technologies vers nous, ce seront les produits finis qu’il devra importer de chez nous. A ce propos, quand les pays coloniaux étaient supposés faire partie de la métropole, pourquoi n’a-t-on pas cherché à installer les usines là où sont produits les matières premières ? La période de belligérance comme alibi ? Mais alors, depuis la fin de la guerre froide, il n’y a plus de conflit qui implique directement l’Occident et les autres pays développés… Ainsi, revenant au cas de la Côte d’Ivoire, si l’occident a besoin de notre pétrole et de nos produits pérennes, il lui faudra installer les usines de transformation de ceux-ci dans les régions du pays où l’on les cultive ou on les extrait. Des chemins de fer et usines de transformation des minerais de fer du côté du mont Nimba, des unités de fabrication de chocolat dans l’Indénié etc.
Quand Paul Kagamé a rompu les relations diplomatiques avec la France, ce n’est pas lui qui a couru vers elle, c’est bien la France qui est allée vers lui comme elle le fera toujours d’ailleurs. La politique du pis allé, devra désormais produire des effets pervers vers les pays développés au grand soulagement des pays en développement. Autrement dit, parce que les pays du grand capital ont besoin d’un environnement sécurisé qu’après avoir provoqué la guerre civile dans notre pays, ils veulent imposer la réconciliation nationale à nos parents pendant qu’ils sont en procès de pansement de leurs plaies et douleurs morales. Nous ne sommes pas dupes de cela, car loin d’être altruistes, les Occidentaux ne regardent que la sauvegarde de leurs intérêts. A preuve, pendant qu’ADO suit les conseils de ses maîtres qui l’ont installé au pouvoir, lui-même traine les pieds pour aller à une vraie réconciliation. La raison ? C’est qu’il n’est pas prêt pour une réconciliation vraie. D’où son discours sur le bout des lèvres alors que son comportement trahit la vraie réconciliation des cœurs et des esprits. Exemple, comment comprendre qu’ADO libère des prisonniers politiques alors que leurs avoirs restent gelés et leurs maisons toujours occupées par les FRCI ? Idem pour les exilés. On ne souhaite pas la mort de quelqu’un parce que c’est inévitable, qu’on le veuille ou non. Cependant, ne faudrait-il pas couper sa main gauche si elle dérange la droite, comme le commande le Nouveau Testament ? Sans collabos, il n’y aura pas de tentateurs et le peuple restera soudé quelle que soit sa région d’origine. Le glas du dilemme de l’Occident aura ainsi sonné.
Julius Blawa Aguisso