Cour Pénale Internationale: Pourquoi Soro Guillaume ne peut y échapper

Le 11 octobre 2011 par Correspondance particulière - Soro Guillaume, Premier Ministre d’Alassane Ouattara, s’apprête, à entamer une carrière politique. Une démarche, selon les observateurs,

Guillaume Soro.

Le 11 octobre 2011 par Correspondance particulière - Soro Guillaume, Premier Ministre d’Alassane Ouattara, s’apprête, à entamer une carrière politique. Une démarche, selon les observateurs,

qui lui permettrait de reconstruire son image. En effet, cette nouvelle stratégie vise indéniablement à réaliser son ambition affichée de briguer la magistrature suprême, mais aussi et surtout à couvrir les nombreux crimes commis par sa rébellion armée depuis 2002 à nos jours. Or, les faits sont têtus et finissent toujours, tôt ou tard, par rattraper leurs auteurs. Et ce, tant que les portes de la Cour Pénale Internationale (CPI) resteront grandement ouvertes. Soro, n’échappera pas à cette règle, les raisons :
La rébellion de septembre 2002
Le coup d’état manqué dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, s’est mué en une rébellion armée occupant la partie nord du pays, soit environ 48% du territoire ivoirien. Soro Guillaume revendiqua en son temps, le poste de secrétaire général de cette rébellion baptisée MPCI (Mouvement Patriotique de Côte d’Ivoire). La Côte d’Ivoire a connu à cette période les plus sombres moments de son histoire. De graves violations des droits de l’homme ont été commises par cette rébellion. Des noms de chefs de guerre tels que Wattao, Chérif Ousmane, Hervé Touré dit Vetcho, Koné Zakaria et d’acteurs politiques tels que Soro Guillaume, l’actuel premier ministre, riment avec ces tragiques moments.
Septembre 2002, l’attaque d’Abidjan, son corollaire de désolations et de morts a fait près de 300 morts, une centaine de morts à Bouaké et la perte de hautes personnalités telles que Emile Boga Doudou. A Bouaké, on dénombrait une centaine de morts, dont notamment des gendarmes aux mains nues et leurs familles exécutés froidement par les combattants de Soro Guillaume. Amnesty International avait même sorti un rapport intitulé ‘’Côte d’Ivoire, une suite de crimes impunis’’. A ces crimes ajoutons ceux de Petit Duékoué et de Guitrozon à l’ouest de la Côte d’Ivoire, où les civiles ont été massacrés dans la nuit du 31 au 1er juin 2005. Ce décompte macabre s’alourdit par un charnier de 94 corps occasionné par des combats entre rebelles pro-IB et pro-Soro.
La crise postélectorale, avant la chute du Président Gbagbo
4 décembre 2010, alors que le pays est en pleine crise de contestation des résultats de l’élection présidentielle, entre Gbagbo et Ouattara, Soro Guillaume rend sa démission à Alassane et est reconduit par celui-ci, au poste de premier ministre, doublé du portefeuille de ministre de la défense. Il ne pouvait en être autrement quand on sait que le mouvement rebelle de Soro a publiquement affirmé avoir pris les armes pour Alassane Ouattara.
Dès lors, pour faire partir Gbagbo, le ‘’petit gros’’ (visiblement amaigri), n’a trouvé d’autres solutions que celle des armes. Il appelle alors à la ‘’révolution orange’’ ou ‘’révolution des ivoires’’, qui n’est rien d’autre qu’un appel à la guérilla urbaine menée par ses combattants, devenus entre temps FRCI (Forces Républicaines de Côte d’Ivoire). Là encore, on dénombre de nombreux morts dans les rangs des FDS (forces de défenses et de sécurité) et du côté des populations civiles.
Après la chute du Président Gbagbo
Après l’intervention des forces franco-onusiennes qui s’est soldée par l’arrestation du Président Gbagbo, les exactions des hommes de Soro, ont continué de plus belle. Le ton pour la chasse aux pro-Gbagbo, était donné. Là également, les organisations humanitaires avancent le chiffre de 800 morts, principalement issus de l’ethnie guéré et de ceux qui ont soutenu le Président Gbagbo.
Le bilan de la crise postélectorale fait état de plus de 3000 morts, 72 disparu, 520 arrestations et détentions arbitraires, 100 cas de viols rapportés, selon le bureau du Procureur. A ce jour, les exactions des FRCI sur les populations civiles sont loin d’être finies.
Alassane Ouattara a saisit la Cour Pénale Internationale (CPI), aux fins de voir les responsables des crimes les plus graves commis ces 7 derniers mois, répondre de leurs actes devant la justice internationale.
Or les crimes en Côte d’Ivoire remontent en effet depuis plusieurs années an arrière, soit depuis 2000.
Sous le régime Gbagbo, les rebelles et Soro ont bénéficié d’une amnistie, dans le cadre d’accords de paix. Cependant, selon Amnesty Internationale, les crimes au regard du droit international, notamment les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité et les actes de torture, ne peuvent pas faire l’objet d’une amnistie. Mieux, le Président Gbagbo a saisi depuis 2007, la CPI afin que celle-ci détermine sa compétence quant aux crimes commis sur le territoire ivoirien depuis le 19 septembre 2002. De même, si la Côte d’Ivoire n’a pas encore ratifié le Statut de Rome prévoyant création de la CPI, le régime de Gbagbo a reconnu la compétence de cette juridiction depuis 2003.
On le voit bien, les enquêtes qui s’annoncent feront des vagues qui, à coup sûr, ne manqueront pas d’emporter Soro et ses chefs de guerre. L’opération déjà lancée, tel un missile à tête chercheuse, atteindra son objectif tôt ou tard. Les exemples de génocidaires rwandais, de Jean Pierre Bemba, Charles Taylor et plus récemment de Ratko Mladic, ancien chef militaire serbe de Bosnie, rattrapés par leurs crimes, est absolument édifiant.
Les crimes de Soro Guillaume, sont pour lui, tel le bouc et son odeur pestilentielle, indissociables, même cachés sous des mensonges politiques.
Les évènements de la crise en Côte d’Ivoire ne sont pas isolés, bien au contraire ils débutent depuis l’année 2000.
A moins que la CPI, ne se soumette aux ordres des ‘’grands’’ de ce monde et ne fasse preuve de partialité au point de se décrédibiliser aux yeux des ivoiriens. A moins que les dés ne soient déjà pipés, cet homme, Soro Guillaume, ne peut échapper à la CPI.
Mais comme le dit un proverbe africain : « Lorsque la tête est là, le genou ne porte pas le chapeau ». La tête de la rébellion en Côte d’Ivoire, c’est bel et bien Alassane Ouattara. Si Gbagbo qui est arbitrairement et injustement retenu prisonnier à Korhogo, va à la Cour Pénale Internationale, alors Alassane Ouattara et Soro Guillaume doivent aussi y aller et comparaître en bonne place, aux premières loges des coupables.

Une contribution de Marc Micael