Côte d'Ivoire: Le ministre Dano Djédjé, VP du FPI, raconte le 11 avril 2011

Par 2cminfo.net - Côte d'Ivoire. Le ministre Dano Djédjé, vice-président du FPI, raconte le 11 avril 2011.

Le ministre Dano Djédjé, vice-président du FPI, raconte le 11 avril 2011.

Côte d'Ivoire : Après 8 ans de détention et d’humiliation, Laurent Gbagbo : « Il faut tout faire pour que ce pays n'aille pas à la dérive »

11 avril 2011-11 avril 2019, il y a de cela 8 ans, jours pour que la Côte d’Ivoire a connu l’"hécatombe". Des morts et morts, des blessés marqués à jamais, partout en Côte d’Ivoire, sauf dans la zone CNO (Centre, Nord et Ouest) sous contrôle des rebelles. Ce jour là, les rebelles et leurs soutiens d’ici et d’ailleurs ont porté un coup dur à la démocratie et à la liberté. Avec à la clef, la déportation du président Laurent Gbagbo, président élu de la Côte d’Ivoire à la Haye. Voici donc 8 années que la que la Côte d’Ivoire cherche ses repères. La réconciliation est devenue un vain mot. Les "les nouvelles autorités Ivoiriens" parlent de paix, mais n’ont pas la force et le courage de lui donner du contenu. Et l’espoir des Ivoiriens se tourne résolument vers le Front populaire Ivoirien (FPI) et son Président, le président Laurent Gbagbo. Le ministre Sébastien Dano Djédjé, vice-président du FP revient sur cet événement douloureux et jette un regard fait d’espoir sur l’avenir, l’avenir d’une Côte d’Ivoire réconciliée.
2cminfo.net : Monsieur le ministre Sébastien Dano Djédjé (SDD), peut-on savoir où vous étiez vous le 11 avril 2011 et comment avez vous vécu cette date ?
SDD : Le 11 2011 était un moment difficile pour tous les pro-Gbagbo, nous étions pourchassés sur toute l'étendue du territoire, comme tout le monde, j'étais dans ma cachette. C'est depuis cette cachette que j'ai appris l'arrestation du président Gbagbo. C'était une crainte pour moi de voir le président Gbagbo inanimé.

2cminfo.net : Que représente pour vous cette date à laquelle un président démocratiquement élu est arrêté après des jours de bombardements?
C'est une date de grande tristesse pour nous autres qui sommes avec le président Gbagbo et pour le président Gbagbo lui-même. C’est une date où nous avons vu des hommes et des femmes se liguer contre la démocratie, c'est une date de la négation de la démocratie et de la vie de l'être humain, c'est une date d'extrême violence, c'est une date terrible.

2cminfo.net : Les français, en bombardant la résidence présidentielle voulaient certainement anéantir politiquement voire physiquement le président Laurent Gbagbo. Ils l'ont arrêté, déporté à la Haye. Après des années de procès, le président Laurent Gbagbo est acquitté et en liberté conditionnelle. Quel commentaire faites-vous ?
SDD : Il faut reconnaître que ce qui a sauvé Gbagbo, c'est sa personnalité, son étoile sur la terre des hommes, son engagement, et c'est Dieu. Effectivement, ces bombardements avaient pour but de l’anéantir, c'était pour le tuer. Dieu merci ils n'y sont pas parvenus. Je crois que les occidentaux ou du moins les organisations internationales se trompent toujours. Ils se sont trompés sur l'homme Gbagbo, ils ne le connaissent pas. Gbagbo n'a rien fait de mal en Côte d'ivoire. Il a essayé de protéger les Ivoiriens, la démocratie et les libertés.

Durant tout son règne, il n'a fait que du bien alors Dieu ne pouvait pas l’abandonner, c'est pour cela Dieu ne l'a pas abandonné. Ils l'ont d'abord envoyé à Korhogo qui est une zone rebelle, personne ne savait comment il vivait à Korhogo. On prend quelqu'un que les rebelles voulaient tuer et on le met dans leurs mains sans défense. Mais Dieu l'a gardé. Apres, ils l’ont déporté à la Haye, aujourd'hui il est acquitté. Laurent Gbagbo a toujours cru en son innocence dans cette affaire, nous qui l'avions suivi, nous croyions aussi en son innocence. Nous nous sommes engagés parce que nous voulions lutter contre cette injustice dont était victime Laurent Gbagbo, quelqu'un qui a gouverné son pays avec largesse, amitié, solidarité et amour qui s'est retrouvé dans cette situation où on l'a accablé avec tous les maux. Nous croyions en son innocence, Laurent Gbagbo lui également croyait en son innocence, car les rares fois que nous sommes allés lui rendre visite à la Haye le langage qu'il tenait était « Je suis innocent ». Dieu merci, au mois de février dernier, Laurent Gbagbo a été innocenté. On lui interdit de rentrer dans son pays mais les choses suivent son cours, bientôt il sera parmi nous.

2cminfo.net : Après 8 ans de bombardements, c'est aussi 8 ans de résistance qui se soldent par la libération du président Gbagbo. Quel sentiment vous anime aujourd'hui vous qui avez résisté ?
SDD : Je suis animé par un sentiment de grande fierté et de dignité pour avoir suivi Laurent Gbagbo. Nous croyons en sa lutte, à l'idéal qu'il incarne et sa vision pour la Côte d'ivoire donc nous l'avons soutenu et résisté avec lui. Si cette résistance paye aujourd'hui, nous ne pouvons être que fiers. Nous sommes fiers d'avoir soutenu Laurent Gbagbo et fiers d'être à ses côtés au FPI. Parce que les Ivoiriens comptent tellement sur le FPI que nous n'avons pas le droit de décevoir c'est pourquoi, malgré les difficultés, malgré les obstacles, nous avons tenu. Les Ivoiriens comptent sur nous, ils comptent sur Laurent Gbagbo, c'est un challenge pour nous de lutter.

2cminfo.net : En tant que vice-président du FPI chargé de la réconciliation, quel message adressez-vous à l'ensemble des Ivoiriens et à tous ceux qui vivent sur sol ivoirien ?
SDD : Je vais paraphraser le président Gbagbo : « A des moments de la vie des hommes, des conflits et des incompréhensions naissent mais le plus important est de trouver une solution à ces conflits et incompréhensions et continuer à marcher les uns avec les autres » Il a utilisé cette phrase pour dire qu’en cas de conflits, d'incompréhension de différends, on peut s'asseoir pour discuter. Il dit alors « Asseyons et discutons », c'est sous Houphouët-Boigny qu'il utilisait déjà ce langage pour dire en toute situation d'incompréhension et de conflit, il faut trouver une solution. C'est dans moule que nous avons été façonnés. Faire la politique aujourd'hui pour nous, lorsqu'il va advenir des incompréhensions, des conflits, il faut s'asseoir pour discuter dans l'intérêt du peuple et de la Côte d'ivoire. Le FPI a toujours œuvré pour la réconciliation et la paix, Laurent Gbagbo a compris que c'est par la réconciliation et la paix qu'il fallait construire ce pays. Ce qui a valu Marcoussis et tous accords signés pendant qu'il était aux affaires.

Dans ma formation politique, je suis en mission pour la réconciliation, Laurent Gbagbo lui est disposé pour la réconciliation et la paix. Toutes les fois que nous sommes allés le voir quand il était en prison à la Haye, il nous demandait toujours « comment va la Côte d'Ivoire ? Il faut tout faire pour que ce pays n'aille pas à la dérive ».
Tout récemment avant qu'il soit acquitté, il nous a appelé pour dire : « Pour la Côte d'Ivoire, je suggère que vous vous impliquiez dans le processus de réconciliation. Appeler les Ivoiriens autour de la réconciliation et la paix ».'
Après son acquittement, il a répété le même message et a même envoyé le secrétaire général Assoa Adou en mission pour rencontrer les leaders d'opinion.

Quand les événements du 11 avril 2011 sont survenus, malgré les douleurs, les meurtrissures, tout le mal que vous pouvez imaginer, nous avons toujours appelé le pouvoir en place à la réconciliation et à la paix. Ce pouvoir ne nous a jamais écouté mais nous continuons sur la même lancée. C'est le pouvoir en place qui ne veut pas de réconciliation, il biaisé le processus. Mais nous disons aux Ivoiriens de ne pas désespérer, de prendre leur courage à deux mains pour s'engager dans le processus de réconciliation, parce que la Côte d'Ivoire mérite bien que ses enfants s'asseyent autour d'une même table pour réfléchir sur son devenir.

Ce que je veux dire aux Ivoiriens, c'est que notre pays est beau, notre pays est riche, nous avons toutes les opportunités pour mieux vivre. Pour ne pas les rater, il faut aller à la réconciliation et la paix.

2cminfo.net : Des organisations des droits de l'homme remettent en cause l'ordonnance d'amnistie prise par le chef de l'État le 6 août 2018. Qu'en pensez-vous ?
SDD : Je suis au regret de constater que des organisations des droits de l'homme que je respecte bien, veulent ramer à contre courant de la réconciliation. Ce n'est pas leur rôle de prôner la division.
Ceux qui sont libérés ont pour la plupart passé 8 ans en prison pour faire plaisir aux victimes. Laurent Gbagbo, lui-même, a passé 8 ans en prison pour faire plaisir à ces mêmes victimes. Que veulent ces organisations des droits de l'homme ? Ce n'est pas sérieux de demander une telle chose pendant que des efforts sont faits pour la réconciliation et paix. Qu'elles se ressaisissent.

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NB: Le titre est de la redaction