Côte d'Ivoire: Ouattara au pouvoir, les ivoiriens angoissés

Le 29 juillet 2011 par IvoireBusiness - Pauvre Côte d’Ivoire. Après avoir vécu les affres de la guerre postélectorale, elle est en ce moment même, loin de s’être remise de

Alassane Dramane Ouattara.

Le 29 juillet 2011 par IvoireBusiness - Pauvre Côte d’Ivoire. Après avoir vécu les affres de la guerre postélectorale, elle est en ce moment même, loin de s’être remise de

ses douloureux traumatismes. Pour cause, l’on annonce ça et là, ces derniers jours, des menaces d’attaques, de déstabilisation, de coup d’état... Tantôt soupçonnées de venir de l’extérieur, tantôt supposées venir du sein même des éléments FRCI de Soro Guillaume, mécontents. A cette anxiété totale s’ajoute la toute dernière prophétie apocalyptique du pasteur Koné Malachie. La panique est alors montée d’un cran. On entend par-ci et par-là les échos de certains habitants qui auraient déjà commencé à faire leurs provisions en prélude à l’imminente ‘’guerre de six jours’’ prédite par Malachie. D’autres quant à eux, s’apprêteraient à quitter les villes et communes mentionnées dans la prophétie, avant le 1er ou le 02 du mois d’août prochain. Au regard de la situation sociopolitique en Côte d’Ivoire, cette angoisse grandissante que vivent les populations, ne se limite pas qu’à la déstabilisation du régime en place. Elle touche aussi les différentes couches sociales. Les fonctionnaires et agents de l’Etat, les élèves et étudiants, les parents d’élèves, les agents de la santé et les ménages, sont les plus exposés. De quelle façon, depuis bientôt cinq mois, la politique peu scrupuleuse initiée par Alassane Ouattara a-t-elle contribué à exaspérer cette peur intense face au sentiment d’un danger imminent ? Mais encore, comment interpréter cet état d’esprit devenu le quotidien des ivoiriens ?
Alassane Ouattara a toujours rêvé du pouvoir. Il l’a longtemps convoité. Il a voulu ce pouvoir coûte que coûte. Grâce à la puissance des armes, il semble être parvenu à ses fins. Aujourd’hui, aux affaires, il se trouve confronté aux dures réalités de l’exercice du pouvoir d’Etat. Passé l’euphorie de sa victoire usurpée, de la prestation de serment et de la cérémonie d’investiture. Il se rend certainement à l’évidence que les choses ne sont pas aussi simples qu’elles l’étaient lors de sa fonction de premier ministre sous Houphouët Boigny (paix à son âme).
L’exercice du pouvoir d’Etat doit prendre en compte le vécu quotidien des populations, et leurs aspirations. Il doit surtout refléter le programme de société sur lequel l’on a été élu. Or, les ivoiriens vivent dans l’anxiété car ils ne voient rien de rassurant poindre à l’horizon. Fini donc l’étape des promesses farfelues: des pluies de milliards, et autres universités à construire chaque année, des collèges à bâtir chaque mois, d’hypothétiques soins gratuits, etc. Ils s’interrogent avec beaucoup d’appréhensions sur leurs lendemains. Avec la peur de ne savoir à quelle sauce ils seront bientôt mangés. Cette situation affecte en effet toutes les couches sociales. Notamment: les fonctionnaires et agents de l’Etat, naguères payés sous l’ancien régime, dès le 22 du mois en cours, vivent les fins de mois avec beaucoup d’inquiétudes. Avec Ouattara, ils ne savent plus si les virements seront effectifs, ni quand exactement ils seront faits. Cette peur est d’autant plus accentuée par la crainte de voir leurs salaires subir une diminution ou leurs avantages être systématiquement supprimés. Ces travailleurs de l’Etat n’ignorent en effet pas qu’ils ont en face d’eux le champion des mesures d’austérités des années 1990 à 1993 en Côte d’Ivoire. Mesures inoubliables qui demeurent des malheureux souvenirs pour bon nombre d’ivoiriens.
Au niveau scolaire, la situation n’est pas moins alarmante : Avec les différents examens de fin d’année qui s’annoncent, le cauchemar est partagé entre les parents et les élèves eux-mêmes. Sachant d’avance, au vu des nombreuses perturbations qu’a subit l’école ivoirienne, que les résultats s’annoncent catastrophiques. A moins qu’une vaste opération de fraudes massives au sommet, ne soit ficelée d’avance. En fait, les traumatismes subis par les uns et les autres et les désordres survenus dans ce secteur n’ont pas interpellé Alassane Ouattara et son équipe. Ouattara voulant à tout prix, selon ses proches : « Se préserver du déshonneur d’une année blanche ». Et cela, au détriment des acteurs du système éducatif eux-mêmes. D’ailleurs, la patronne de ce ministère, Mme Kandia Camara est loin de rassurer ces derniers, eu égards ses grosses boulettes devant les médias. Selon certains enseignants, elle gagnerait à prendre des cours de mise à niveau.
Dans l’enseignement supérieur, la crainte d’une année blanche n’est plus à écarter. Ces nombreux étudiants savent pertinemment qu’ils sont entrain de subir la vengeance du ‘’brave-tchè’’. Selon un quotidien de la place: « le pouvoir règle ses comptes aux étudiants qui ont refusé de recevoir Alassane Ouattara qui battait campagne en novembre 2010 ». Plus loin, on peut y lire: « il (Ouattara ndlr) craint fort que la contestation de son pouvoir ne parte des étudiants si on les laisse se regrouper facilement. Dans le milieu universitaire, il existe une force difficile à maîtriser qui se nomme la Fesci. Le chef d’Etat, Alassane Dramane Ouattara, manifeste une peur bleue de cette organisation estudiantine qui ne recule devant rien ». Les étudiants sont, à n’en point douter dans le viseur de Ouattara. On annonce même dans ce secteur la privatisation des cités universitaires. L’on devra s’attendre aussi à un renvoi massif d’étudiants certainement déjà ciblés. Sans compter la réduction inévitable, et peut-être la suppression pure et simple de la bourse d’étudiant.
L’angoisse ne s’arrête pas là, elle s’étend aussi au domaine médical. En effet, de la gratuité des soins annoncée, il n’en est rien. Le corps médical (médecins, infirmiers, etc.) crie chaque jour son désarroi. Isabelle Glah, médecin ivoirien, lance cet appel de détresse : « aidez […] le corps médical de Côte d'Ivoire afin que l’hôpital ne se meurt pas. Car contrairement à tout ce qui se dit officiellement, c'est la catastrophe! Les médecins sont déprimés, découragés et épuisés. Pas de médicaments, ni d'infrastructures pour accueillir le flot de malades qui nous arrive de plus en plus nombreux! ». Mais ADO qui est passé sur le corps de nombreux cadavres ivoiriens pour s’asseoir sur le fauteuil présidentiel, fait mine de ne rien y entendre, au grand dame des patients qui souffrent.
Dans les ménages, les femmes sont stressées à l’idée de devoir prendre la route du marché ou d’aller à la boutique, faire des achats. La cherté de la vie tantôt dénoncée à cor et à cri par le RHDP au temps de Gbagbo, ne s’est point améliorée avec l’arrivée de Ouattara. Bien au contraire. Les paniers sont remplacés désormais par des sachets noirs. Les prix des denrées de première nécessité n’obéissent plus à aucune règle mais plutôt la loi de l’anarchie.
Partout dans les rues, dans les familles, dans les bureaux et les administrations, l’angoisse est palpable. L’avenir immédiat de ce pays aux mains d’un individu sur qui les doutes subsistent, reste encore flou. Les ivoiriens ont peur. Pour leur avenir, pour l’avenir de leurs enfants, pour leurs biens et pour leur pays. Pas besoin donc d’être un expert pour comprendre : cette angoisse ambiante est la résultante même de la politique approximative d’Alassane et de son équipe gouvernementale, truffées d’incompétents. Comme le dirait l’autre : « On ne peut pas faire confiance à celui qu’on n’a pas choisi ». Remettant au goût du jour l’épineuse question de la légitimité du nouveau locataire du palais, bombardé président de la république par une ‘’pseudo-communauté internationale’’.
Marc Micael