Côte d'Ivoire - Nomadisme politique: Demba Traoré fait des révélations sur Koné Bruno
Par Le Temps - Demba Traoré fait des révélations sur Koné Bruno.
1-Avez-vous des regrets d’avoir quitté Vitib ?
Demba Traoré : Quand j’ai été nommé en Avril 2009 DG de Vitib j’avais 45 ans. Je viens d’avoir 50 ans je suis parti de Vitib le 11 octobre 2011 il y a un peu plus de 2 ans. Tout cela pour dire je suis à une étape de ma vie où on n’a pas le temps de regretter le passé. Mais comme vous évoquez le Vitib, je saisis l’occasion pour rendre hommage au Président Laurent Gbagbo qui a inspiré et soutenu ce projet futuriste et sans le soutien de qui je n’aurais ni été le DG de Vitib encore moins faire ce que j’ai pu faire là-bas.
2-Où en êtes-vous de votre plainte après votre licenciement ? Vous a-t-on dédommagé ?
Demba Traoré : Le Conseil d’Administration de Vitib a demandé aux nouveaux dirigeants du Vitib de négocier avec moi les conditions de mon départ pour ainsi éviter des poursuites judiciaires. Personnellement par respect pour le temps que j’ai passé dans la compagnie et surtout par pudeur pour les miens qui ont tout perdu matériellement, et pour d’autres leurs vies dans la crise postélectorale, je n’ai pas voulu porter plainte et j’ai privilégié la voie recommandée par le Conseil d’Administration du Vitib. Malheureusement aujourd’hui il n y a pas d’autres voies qui restent à part porter plainte. Il ne se passe pas de mois sans que le Vitib n’apparaisse au Tribunal de Gd-Bassam, car la compagnie est soit poursuivie pas des ex employés, soit par des fournisseurs, ou des partenaires. Je n’avais pas souhaité allonger cette liste de plaignants, mais hélas il me reste très peu d’options. Surtout que j’ai un contrat de travail ! C’est donc une question d’opportunité du moment sinon je poursuivrai non seulement le Vitib mais l’Etat de Côte d’Ivoire dont la responsabilité a été engagé par son Ministre de l’Economie et des Finances de l’époque qui prit un arrêté ministériel illégal pour limoger le Directeur Général d’une entreprise privé ! Charles Koffi Diby avait des comptes personnels à régler et il a engagé l’Etat de Côte d’Ivoire. C’est le lieu de le dire l’Etat de Côte d’Ivoire c’est moins de 10% des parts de Vitib. D’ailleurs il faut bien que les ivoiriens sachent un jour la vérité sur les difficultés du Vitib. Charles Koffi Diby est responsable à plus de 80% des problèmes de Vitib et il y a les documents pour le prouver et nous pourrons revenir là-dessus en temps opportuns.
3-Quel regard jetez-vous sur la gestion du Vitib ?
Demba Traoré : Je ne suis pas en position de juger mes successeurs, c’est plutôt eux qui ont l’avantage de nous juger. Nous pouvons dire ce que nous avons fait et laisser les ivoiriens nous juger. J’ai passé 18 mois à Vitib avant les élections d’octobre 2010, et pendant cette période j’ai réduit le déficit financier de la compagnie de 2 milliards de FCFA, et la rendre profitable, agréer plus de 40 entreprises dans la Zone Franche, Protégé les 28 milliards des bailleurs contre des utilisations abusives et Diby sait de quoi je parle. J’ai laissé un plan de développement et d’investissement qui sont encore appliqués à la lettre. C’est le lieu de faire un clin d’œil à mon prédécesseur qui a eu le mérite de mobiliser avant mon arrivée les 28 milliards mentionnés plus haut…
4- Mais où en sommes-nous aujourd’hui ?
Demba Traoré : ce que je sais Le DG actuel lors de sa dernière conférence presse annonçait fièrement que les prêts Eximbank Inde et Boad-Bidc avaient été réinstaurés. Ce qui veut que les bailleurs de fonds pour les 28 milliards que nous avons laissé avaient retiré leur confiance à la Société et à l’Etat de Côte d’Ivoire ! Si c’est à ce niveau que le Vitib s’est retrouvé après notre départ, alors que de temps perdus que de gaspillages de ressources ! Tout ce que nos successeurs avaient à faire était de continuer la bonne gouvernance et maintenir la confiance des bailleurs, et poursuivre ce qui avait été déjà entamé. Les appels d’offres pour mettre en valeur les 120 ha avaient déjà reçu les avis de non objections des bailleurs, les lots pour les appels d’offres pour les 10 milliards FCFA du prêt indien avaient été déjà attribués. En résume, la route avait été tracée, bitumée, la voiture positionnée avec le plein du réservoir, le chauffeur n’avait qu’à conduire ! Mais hélas ! Du déjà vu n’est-ce pas ?
5-Et Koné Bruno dans tout cas c’est quand même lui la tutelle de Vitib?
Demba Traoré : je voudrais avant rappeler que Koné Bruno lors de son passage au Vitib le 1er juillet 2011 alors que j’étais en vacance puis en mission aux Etats Unis, a marqué son territoire en disant que les nouvelles autorités avaient marqué leur accord pour que le Vitib soit sous sa tutelle ! Vous voyez on parle d’une entreprise privé où des multinationales étrangères comme MTN (10%), Etilsalat (15%), les entreprises indiennes (25%) donc soit déjà 50% des parts, et le privé ivoirien NSIA (8%) un autre privé ivoirien 10% soit un total de 68% des parts. C’est comme si Koné Bruno demandait qu’on lui mette sous sa coupe Orange ou MTN parce que ce sont des sociétés des TICs ! Plus tard il a fait des sorties pour dire qu’il pense que Vitib doit être nationalisé. Je l’ai gentiment informé que la loi de la Zone Franche interdisait la nationalisation de Vitib et de toute entreprise agréée par le Vitib et que son message découragerait les investisseurs. Il m’a répliqué que s’il fallait changer la loi il le ferait. J’ai souri car je me suis dit voici un ministre dans un gouvernement libéral qui parle de nationaliser! Evidemment 3 ans après on parle plutôt de privatiser des sociétés d’Etat et non de nationaliser. Je ne résiste cependant pas à l’envie de poser une question à Koné Bruno qui disait que les choses n’ont pas avancé au Vitib. Pense-t-il que la structure se porte mieux 3 ans après sous sa tutelle ?
6- on dit qu’il était LMP, Pourquoi s’acharne-t-il sur Gbagbo ?
Demba Traoré : Humm… vous avez pendant longtemps nous nous sommes tus par pudeur je le disais plus haut mais les gens penses que c’est la peur. Il faut que tous sachent que la réconciliation qu’ils prônent ne se fera que dans la vérité. Pour répondre à votre question, je ne sais pas si Koné Bruno était LMP, vous comprendrez, il n’y avait pas de carte d’adhésion LMP comme il y en a pour les partis politiques. Mais je confirme que Koné Bruno était sur la « short liste » des candidats pour être Directeur National de Campagne du Président Laurent Gbagbo. Il a été contacté en France par qui il sait. Pour lui rafraichir la mémoire, l’un est décédé et l’autre est aujourd’hui contraint à l’exile.
7-Il se raconte également qu’il avait voulu donner sa résidence pour agrandir le Qg de campagne du Président Gbagbo…
Demba Traoré : Bruno a Proposé sa maison adjacente à ce jour au QG Laurent Gbagbo pour en être une extension, loyer proposé 1.5 million FCFA par mois. Il faut rappeler que lui était sa famille vivaient en France et la maison était vide. J’ai visité la maison avec Bamba Franck responsable de la Logistique de la Campagne. Mais le choix de la direction de campagne a été porté sur autre maison un peu plus loin. Bruno sait que pendant qu’il était en poste à Orange France il donnait des informations à des conseillers du Président Laurent Gbagbo pour lutter contre l’absorption de CI Télécom par Orange. Nous avons salué ce patriotisme à l’époque et c’était pour nous des gages de sa bonne volonté et de sa collaboration avec nous. Il ne découvre pas le Palais avec le régime actuel. Avant son départ en France il sait dans quel bureau au palais il venait plaider et montrer sa bonne foi au Président Gbagbo.
8-Pourquoi-a-t-il viré dans le camp de Ouattara ?
Demba Traoré : Je ne sais s’il a viré ou s’il est en mission, mais ce que je vais dire c’est que nous ne nous tairons plus. Que tous ceux qui ont rodé autour du président Gbagbo et qui font les zélés dans l’autre camp nous trouverons sur leur chemin. J’invite d’ailleurs tous les collaborateurs du Président Laurent Gbagbo à abandonner la langue de bois et de faire triompher la vérité et d’empêcher que des opportunistes et faux héros écrivent notre histoire à notre place. En tout cas ce ne sont pas les portes paroles du RDR et du Gouvernement qui vont nous donner des leçons. Quand on les envoie ils doivent savoir s’envoyer. Surtout pas eux qui ont bénéficié des largesses du Président Laurent Gbagbo. Quand même , même si on dit comme dirait l’autre.
9-Vous avez rencontré à plusieurs reprises le Président Gbagbo. Quel est son moral ?
Demba Traoré : C’est vrai j’ai particulièrement été plus chanceux que les autres sinon je ne mérite pas plus. J’ai déjeuné au moins 10 fois avec lui dans sa salle de réception à Scheveningen. J’étais avec lui le jour du premier anniversaire qu’il y a passé. Et je ne vis pas en Europe, et nous sommes plus de 20 millions qu’il a administré, dont plus de la moitié sont ses admirateurs !
10-Qu’est-ce que vous pouvez-bien discuter ?
Demba Traoré : Je le dis toujours quand des grands esprits vous font l’amitié de vous avoir dans leur intimité, il faut avoir l’intelligence et l’humilité de savoir la fermer.
13-Est-il confiant ?
Demba Traoré : Bien sûr !
11-Pensez-vous qu’il va s’en sortir ?
Demba Traoré : Dieu le voulant c’est une question de temps, et le temps de la célébration n’est plus loin Inch Allah.
12-Avez-vous des contacts avec ses avocats ?
Demba Traoré : espérez-vous vraiment une réponse de ma part ?
13- On parle du retour des Exilés, de l’entrée du FPI au Gouvernement, qu’en pensez-vous ?
Demba Traoré : Le président Laurent Gbagbo a toujours dit asseyons-nous et discutons. Nous au FPI nous avons fait de cela notre philosophie, Houphouët Boigny a toujours prôné le Dialogue et nous comprenons difficilement que les adeptes refusent de dialoguer, du moins pacifiquement. Beaucoup a été déjà dit sur la question, tout ce que je peux ajouter c’est que si le Président Laurent Gbagbo contre qui il n’existe aucune preuve, est libéré, tout le reste en découlera. Personne ne se plait en Exile. Les gens sont partis pour une raison et si les causes de leur départ existent toujours pourquoi on veut qu’ils reviennent ? Quand ceux qui sont au pays ne sont pas libres d’aller et revenir, pourquoi on veut que les exilés entrent ? Pour faire quoi ? Pour dormir où ? La préoccupation du FPI n’est pas de rentrer dans un gouvernement qui peine à trouver ses marques.
14- Vous êtes le représentant du FPI aux USA comment se porte le FPI là-bas ?
Demba Traoré : Vous me donnez l’occasion de dire Merci au Président Affi N’Guessan Pascal qui m’a nommé en septembre 2002 comme représentant du FPI aux USA. J’assurais déjà l’intérim de mon prédécesseur depuis 2001. Pendant donc 12 ans j’ai été le représentant du FPI dans ce vaste pays, ce fût une expérience riche. Permettez donc j’informe vos lecteurs que depuis 31 Août 2013 j’ai passé la main. J’ai écrit au Président par Intérim Miaka Ouretto le 27 Juin 2013 pour lui dire que dans 2 mois soit 31 Août 2013 que je passerai la main à un de mes adjoints qui assurait déjà l’intérim pendant que j’étais en poste en Côte d’Ivoire. Pour répondre donc à votre question je ne suis plus le représentant du FPI aux USA depuis le 31 Août 2013, je suis désormais un militant de base. Une fois de plus merci au Président du FPI, merci à la toute la direction du parti pour le soutien, l’encadrement et surtout merci aux militants des Etats Unis sans qui ma mission aurait été impossible. Permettez que je finisse sur une note personnelle en disant grand merci à ma famille dont le soutien ne m’a pas fait défaut et grâce aux bénédictions et aux prières de qui m’a mission a été possible.
Interview réalisé par Yacouba Gbané