Côte d'Ivoire: Alassane Ouattara, récit d’un cheveu dans la soupe ivoirienne

Le 25 octobre 2011 par Correspondance particulière - A l’époque, Premier ministre d’Houphouët Boigny (paix à son âme !), dépêché pour redresser l’économie ivoirienne, personne ne

Alassane Dramane Ouattara.

Le 25 octobre 2011 par Correspondance particulière - A l’époque, Premier ministre d’Houphouët Boigny (paix à son âme !), dépêché pour redresser l’économie ivoirienne, personne ne

s’intéressait vraiment à lui, du moins tant qu’il restait loin de la scène politique, comme le lui avait maintes fois répété ‘’le vieux’’. Mais c’était se méprendre sur ce monsieur ! A peine le cercueil du Président Houphouët eu-t-il touché le fond du caveau, qu’il laissa tomber son costume de Premier Ministre pour lorgner celui de Président de la République. En ces temps-là, les ivoiriens, fiers et jaloux de leur boussole, la Constitution ivoirienne, ne comptaient pas se laisser distraire par un quelconque aventurier, fut-il Alassane Ouattara. Dans cet exercice qui se voudrait un devoir de mémoire, retraçons ensemble, histoire de ce sombre personnage.
Les ivoiriens regretterons encore longtemps ce jour où, Alassane Dramane Ouattara, fut déclaré candidat exceptionnel à l’élection présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire. Cet homme dont la nationalité, suscita durant plusieurs années, une véritable polémique au sein de la société ivoirienne. La controverse n’avait alors cessé d’enfler et de diviser: d’un côté, les intrigants qui souhaitaient brader le pays aux prédateurs occidentaux et de l’autre, ceux qui cherchaient plutôt à le préserver des ces néo-colons tapis dans l’ombre. Après le rejet de sa candidature à l’élection présidentielle de 2000, l’homme, démasqué, acculé et à court d’arguments, lâchât la fameuse phrase qui ne manquât pas d’envoûter plusieurs ivoiriens, aujourd’hui au nombre de ses suiveurs: « On ne veut pas que je sois candidat, parce que je suis musulman et du nord ». Ensuite, celui qui fit irruption sur la scène politique ivoirienne, avait plus d’un tour dans son sac : ce que les ivoiriens ignoraient, c’est que cet homme était, depuis le début, le pion, des pires ennemis de l'Afrique. Il n’était pas de ces leaders-là qui courent après des idéaux tels que l’indépendance, la dignité, la liberté du peuple africain... ADO, comme l’appellent ses ‘’adorateurs’’, n’était non plus de ceux qui font de la politique un art, un métier, mais plutôt de ceux qui aiment à s’adonner aux menaces: « Je frapperai ce pouvoir moribond… », « Je rendrai ce pays ingouvernable… », « On va tout ‘’gnagami’’ (détruire, en langue malinké) dans ce pays… », avait-il lâché en direction des tenants du pouvoir d’alors, aux yeux desquels il passait pour un véritable pestiféré.
Puis, depuis septembre 2002, il joignit l’acte à la parole, et mit sur pied, bien entendu avec le soutien de la France, une rébellion armée qui forma jusqu’à nos jours, un kyste dans la zone CNO (centre-nord-ouest) de la Côte d’Ivoire. Koné Zacharia, chef de guerre, récemment nommé par le même Alassane Ouattara dans unité spéciale de l’armée ivoirienne, l’a dit, au cours d’un meeting qu’il animait, au nord, fief des forces nouvelles, rébellion armée, rebaptisée depuis peu FRCI (forces républicaines de Côte d’Ivoire), qui l’a automatiquement rejoint dans son coup pour prendre Abidjan dans un bain de sang et chasser Gbagbo. Les paroles du chef de guerre sonnent encore aux oreilles des ivoiriens : « Si nous avons pris, les armes, ce n’est ni pour IB (Ibrahim Coulibaly ndlr), ni pour Soro Guillaume, c’est bien pour Alassane Dramane Ouattara… ». Ce Koné Zacharia est encore en vie et se tient au service de son mentor Alassane Ouattara. A ce jour, le rebelle, Koné Zacharia n’a jamais infirmé ses propos.
2011: A la surprise générale, et alors que les ivoiriens s’y attendaient le moins, les médias occidentaux, notamment français, annoncent que l’homme est le vainqueur de l’élection présidentielle de 2010. Le temps que ces ivoiriens, se remettent de cette malheureuse surprise, le voilà Président ! Et de quelle manière ? Licorne et Onuci, sur ordre de Paris quadrillent Abidjan, bombardent la capitale, le palais présidentiel, la résidence de Laurent Gbagbo, Président élu par le peuple ivoirien, brûlent tout, kidnappent ce dernier, le remettent à Ouattara, qui à son tour, le déporte et l’enferme dans une prison dans le nord du pays. C’est alors le début d’une époque: celle de la loi de la force brutale, de la terreur, des arrestations arbitraires, des répressions sauvages, de l’injustice… en Côte d’Ivoire.
Ses chiens de guerre, aux yeux rouges, assoiffés de sang se jettent à l’assaut des régions de la zone gouvernementale, se livrent à une orgie de tueries, de pillage, de viols, d’enlèvements, … le tout, dans une cruauté d’un autre âge. Désiré Tagro, ministre de la république, est sauvagement mutilé: la bouche mise en lambeaux par une balle tirée à bout touchant, et finalement exécuté, malgré un foulard blanc agité en signe de reddition. Ehivet Simone, épouse Gbagbo, lynchée, sa féminité niée. Dacoury Tabley, ex gouverneur de la BCEAO, déshabillé et torturé. Affi N'guessan, secrétaire général du FPI, Michel Gbagbo et leurs compagnons, maltraités, humiliés et enfermés.
Les militants et sympathisants de l'opposition, appelés pro-Gbagbo par leurs bourreaux, traqués, obligés de se cacher, de s’exiler, ou systématiquement éliminés. Objectif : neutraliser toute opposition au nouveau régime Ouattarariste. Bilan: des milliers d’ivoiriens morts, certains portés disparus d’autres réfugiés à l’étranger. Des centaines d’ivoiriens arrêtés et emprisonnés comme jamais auparavant ! Le père de la violence au sein de la société ivoirienne naguère pacifique, a un nom: Alassane Dramane Ouattara.
Ouattara et son parrain français, Nicolas Sarkozy avaient un objectif tout simple : punir les ivoiriens d'avoir voulu l’indépendance, la souveraineté, mais surtout briser complètement leur moral, leur ôter toute velléité d’émancipation.
Mais les ivoiriens, dans leur douleur sans fond, savent que, peu importe le moment, d’une manière ou d’une autre, Alassane Ouattara, le protégé de Paris, ce cheveu dans la soupe ivoirienne, quittera ce fauteuil présidentiel usurpé. Car ce qui est advenu hier, ne le sera pas demain. C’est donc forts des leçons que nous enseignent les principes de la vie que nous pouvons dire à Sarkozy et à Ouattara: « Continuez vos projets, mais n’oubliez surtout pas que demain ne vous appartient pas ».

Une contribution de Marc Micael