Côte d’Ivoire – Elections municipales et régionales: Vabé Christian (RPCI-AC) dénonce la dictature et la mascarade

Le 01 février 2013 par LE TEMPS - Vabé Christian (RPCI-AC) dénonce la dictature Ouattara.

Christian Vabé, Président du Rpci, qui se présente comme le président de la vraie opposition en Côte d'Ivoire, et la vraie alternative au régime actuel, s’est soumis aux questions du quotidien Le Temps. Nous vous livrons ici l’intégralité de l’interview réalisée par le biais d’Internet.

Le Temps : Qui est Christian Vabé ?

C.V : Je suis journaliste de formation. Spécialiste des questions politiques, Conseil en stratégie, et stratège en Communication. Je suis le Fondateur du quotidien IVOIREBUSINESS, dont j’ai été le directeur général, directeur de Publication.
Je suis actuellement président d’un mouvement politique d’opposition appelé le rassemblement du peuple de Côte d’Ivoire Alternative Crédible (RPCI-AC).

Que venez-vous cherchez sur la scène politique ivoirienne ?

Nous sommes venus sur la scène politique imposer une vraie opposition au régime d’Alassane Dramane Ouattara. Car il n’y a plus d’opposition en Côte d’Ivoire. L’opposition actuelle FPI n’est pas une opposition car elle s’est murée dans un mutisme assourdissant. Le FPI ne dit rien lorsque son numéro deux Laurent Akoun, et son numéro trois Alphonse Douaty sont mis en prison par Ouattara.
Quand son siège et celui de son journal Notre Voie sont attaqués, c’est également le silence.
De même que lorsque des ivoiriens sont arrêtés, massacrés, et tués en plein jour par l’armée du régime les FRCI, l’opposition FPI et tous ses alliés du CNRD ne lancent aucun mot d’ordre. C’est ce qui s’est passé lors du massacre des WÊ à Nahibly (Duekoué).

Le Rpci votre parti a à l’occasion du nouvel an a adressé un message aux gouvernants actuels de la Côte d’Ivoire. Pensez vous que votre message soit passé ?

D’abord, le RPCI-AC n’est pas encore un parti politique, c’est une force politique de premier plan. C’est le congrès qui décidera de sa mutation en parti politique.
Et comme vous le dites, notre message du nouvel An adressé au pouvoir actuel est tombé dans les oreilles de sourds. Nous l’avons interpellé sur la réconciliation nationale. Comme réponse, Blé Goudé a été arrêté, extradé, puis inculpé de crimes de guerre.
Nous l’avons interpellé sur les droits de l’homme. Comme réponse, les coupables de la tragédie des feux d’artifice du nouvel An au Plateau qui a fait 100 morts et 200 blessés courent toujours. De même que les coupables du massacre des WÊ à Nahibly qui a fait 213 morts et des centaines blessés, n’ont à l’heure pas été inquiétés. Cerise sur le gâteau, c’est le procureur de la République Simplice Kouadio Koffi et celui de Yopougon, qui ont été débarqués pour avoir osé situer les responsabilités au sein du pouvoir.

Vous n’êtes pas allé du dos de la cuillère pour fustiger le régime de Ouattara… ?

C’est la raison pour laquelle j’affirme être le leader de la vraie opposition en Côte d ‘Ivoire, différente de l’opposition factice avec qui le pouvoir discute en ce moment. Ces discutions sont une arnaque.
Nous lançons un appel au pouvoir pour qu’il discute avec nous, la vraie opposition, pour aboutir à une paix et une réconciliation véritables.

L’actualité politique en Côte d’ivoire carbure à une vitesse exponentielle. Pensez-vous aller au même rythme ?

Nous y sommes disposés, sinon nous ne serions pas là. Chaque fois qu’un problème secoue la nation, nous avons pris position. Et nous avons alertés le monde entier.

Aujourd’hui, il semble que le Fpi serait favorable à rentrer dans le gouvernement. Quel est votre regard ?

C’est le problème du FPI s’il veut rentrer dans un gouvernement alors que les problèmes du pays sont royalement ignorés par le pouvoir. C’est la preuve que le FPI est une opposition taillée sur mesure et à la solde du pouvoir.

Que pensez- vous de l’arrestation de Blé Goudé quand on parle de réconciliation ?

L’arrestation de Blé Goudé est la preuve que le régime Ouattara ne s’est jamais inscrit dans la réconciliation nationale et la paix. C’est la continuation de la politique de la haine et de la vengeance. Tout ce que le pouvoir cherche, c’est de gagner du temps, afin de museler toute l’opposition, en Côte d’Ivoire et en exil.
Il faut passer à une autre politique, car ce n’est pas de cela que les ivoiriens ont besoin. C’est pourquoi nous nous inscrivons déjà dans l’après Ouattara.

Nous avons appris que vous avez des connections avec le président François Hollande. Qu’en est-il exactement ?

C’est vrai, je connais personnellement le Président de la République François Hollande, et nous nous apprécions mutuellement. IL me reçoit à l’Elysée. Mais ça s’arrête-là. Je ne prends pas mes ordres de lui. Bien au contraire, je lui dis qu’en Côte d’Ivoire, les droits de l’homme sont bafoués, l’opposition inexistante, la réconciliation au point mort, l’impunité des FRCI et la corruption érigés en mode de gestion du pouvoir, le chef de l’Etat est toujours resté chef de guerre, les camps de concentration et de torture existent. Je lui dis qu’il faut passer à une autre politique, qu’il faut mettre fin à la haine et à la division. Qu’il faut réconcilier les ivoiriens d’où qu’ils viennent, quel que soient leurs convictions politiques et religieuses, et leurs origines ethniques.
Tout comme je connais personnellement le Président de l’Assemblée nationale française, Claude Bartolone, qui vient d’ailleurs de m’inviter à ses vœux.
J’ai la chance de leur passer directement mon message de paix et d’alternative crédible pour la Côte d’Ivoire, que je représente.

Entant que formation politique, quelle est votre coloration ? En d’autre terme êtes-vous de la gauche ou de la droite ?

Nous sommes des modérés au sein RPCI-Alternative Crédible, car la haine, les extrémismes en tout genre, ont fait trop de mal à la Côte d’Ivoire. Sur l’échiquier politique ivoirien, nous sommes au Centre. C’est pourquoi nous tendons la main à tous les ivoiriens sans exclusive, pour construire la Côte d’Ivoire nouvelle. Nous tendons même la main à tous les déçus du régime actuel, et ils sont nombreux, afin qu’ils nous rejoignent pour reconstruire la Côte d’Ivoire. Nous tendons également la main aux déçus du FPI version Miaka Ouretto, aux déçus du PDCI d’Henri Konan Bedié, afin qu’ensemble, nous mettions fin à la haine et la vengeance, et que nous reconstruisions en toute sérénité la Côte d’Ivoire.

Qu’est-ce que les ivoiriens peuvent attendre de vous ?

Nous sommes la vraie alternative crédible au régime actuel. Nous sommes l’espoir d’une nouvelle politique, d’une réconciliation nationale véritable et sans esprit de vengeance.
Avec nous, la Côte d’Ivoire pourra retrouver le chemin de son développement, de la paix, et de la bonne gouvernance.

Si le régime du président Ouattara vous invite à rentrer dans gouvernement accepterez vous ?

Nous ne faisons pas la politique du ventre ou pour des portefeuilles ministériels. Pour nous, ce temps est révolu. Nous nous battons pour nos idées.
Nous sommes prêts à discuter avec le Président Ouattara pour trouver une solution aux problèmes des ivoiriens et de la Côte d’Ivoire, à condition que tous les problèmes de la nation, sans exclusive et sans tabou, soient mis sur la table.

Croyez-vous à la réconciliation ?

Nous sommes les seuls au RPCI-AC à croire à la réconciliation nationale. Nous sommes les seuls à tendre la main à tous les ivoiriens, aux déçus de toutes les formations politiques, même aux criminels, afin de mettre fin à l’hémorragie de la vengeance et de la haine. Car notre dénominateur commun c’est la Côte d’Ivoire.
Car après Ouattara, la Côte d’Ivoire ne disparaîtra pas.
C’est à nous les nouvelles générations de prendre les choses en mains afin de rebâtir une Côte d’Ivoire nouvelle.

Certains personnes soutiennent que c’est un leurre ?

Nous au RPCI-AC, nous croyons fermement à la réconciliation nationale, c’est pourquoi nous nous présentons comme la vraie alternative crédible à la politique actuelle. Pour les autres, c’est un leurre. Mais pour nous, c’est une réalité. Nous sommes les seuls à pouvoir redonner de l’espoir aux ivoiriens.

On parle de justice des vainqueurs en Côte d’Ivoire…

C’est malheureusement une réalité. Seul un camp est accusé d’avoir commis des crimes en Côte d’Ivoire. L’autre est blanchi, alors qu’il continue à commettre les crimes, à une échelle plus élevée.

Quelles explications donnez-vous du fait que ce soit seulement les partisans du Président GBAGBO qui soient mis aux arrêts ?

C’est la preuve que le régime Ouattara s’est résolument inscrit sur la voie de la haine et de la vengeance. Il n’a pas la capacité, ni la volonté de ramener la paix en Côte d’Ivoire. Ce qui l’intéresse, c’est la division et la catégorisation des ivoiriens. Le rattrapage ethnique fonctionne à plein tube avec le pouvoir actuel. La réconciliation prônée actuellement est un leurre, une arnaque. C’est pourquoi nous avons exigé la démission du président de la CDVR Charles Konan Banny, car il ne sert à rien. Il dilapide l’argent du contribuable ivoirien, sans faire ce pourquoi il a été nommé.
Toute cette haine, tout ce sang versé, toute cette vengeance n’intéresse absolument plus les ivoiriens. Ils veulent autre chose. Qu’on s’intéresse enfin à eux, à leurs problèmes, à la cherté de la vie, à la flambée des prix, à la justice, à l’éducation de leurs enfants, à leur sécurité, au chômage qui les touche tous, aux produits de leurs matières premières, etc…

Des Ong internationales de défense des Droits de l’Homme soutiennent que des chefs de guerre doivent être traduits devant les juridictions… ?

Nous le pensons également au RPCI-AC. Beaucoup de chefs de guerre, au lieu de comparaître devant les tribunaux pour répondre de leurs actes, sont promus à des grades supérieurs dans l’armée ou la haute administration. C’est une hérésie. Pendant ce temps-là, c’est Laurent Gbagbo et ses partisans qui sont arrêtés, extradés, et conduits devant les tribunaux. Le RPCI-AC croit en la justice impartiale, et non en la justice des vainqueurs à sens unique. Seule une justice impartiale est le gage d’une réconciliation nationale véritable.

Quelle est la position de François Hollande sur ce qui se passe en Côte d’Ivoire ?

Le Président de la République François Hollande suit de près tout ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Nous le briefons à notre humble niveau chaque fois que cela est nécessaire.
Il a évoqué les entraves et violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire avec le chef de l'Etat Ouattara lors de sa visite à l’Elysée. Et s’est inquiété de l’impunité chronique dans laquelle baignaient les FRCI, les Dozos, et les milices pro-Ouattara. Les médias français se font également l’écho quotidien de toutes ces violations des droits de l’homme.
Le Président Hollande a toujours dit qu’il ne soutenait aucun régime africain, y compris le régime Ouattara. Ce temps est révolu.
Il vient de le démontrer en Centrafrique où le Président Bozizé lui a demandé de protéger son régime contre la rébellion du SELEKA. Il lui a opposé une fin de non-recevoir.
Il mène d’autres actions que nous ne pouvons mettre sur la voie publique. Mais la lutte contre l’extrémisme, le terrorisme, l’islamisme obscurantique où qu’il soit, le préoccupe au plus haut point. De même que la destruction de monuments historiques au Mali, en Côte d’Ivoire, où ailleurs dans le monde.

Pourquoi ne réagit-il pas face aux violations des Droits de l’Homme en Côte d’Ivoire ?

C’est vrai que son action peut paraître insuffisante, et je comprends la soif de liberté des ivoiriens. Lorsqu’il m’a reçu à l’Elysée, j’ai évoqué cette question avec ses conseillers. J’ai demandé que les violations des droits de l’homme en Côte d’Ivoire soient dénoncées publiquement par l’Elysée.
Sur ces questions, nous sommes en phase. Nous allons encore le demander. Les choses avancent dans le bon sens.

Et pourtant il a été plus acerbe contre le régime du Président Laurent Gbagbo ?

La position de l’Elysée et de l’opinion française a beaucoup évolué sur la question du Président Laurent Gbagbo. Cela est dû à un déficit grave de communication du régime de Laurent Gbagbo.
Ce déficit est aujourd’hui corrigé, et la position de l’Elysée également.
Laurent Gbagbo n’est plus le dictateur dépeint lors de la crise post-électorale. C’est une avancée majeure, quand on sait que la Cour pénale internationale est une Cour politique.

Interview réalisée par Interview réalisée par
Yacouba Gbané
yacou06336510@yahoo.fr