Bracage à la Marocaine: Tout sur le plan de déploiement et de débarquement du royaume sur le continent africain

Il y a quelques années de cela, en tant que journaliste invité, j’avais assisté à une conférence organisée par Jeune Afrique à Marrakech, conférence intitulée « China Africa Investment Forum ». Cette conférence de 2 jours dans un des plus grands hôtels de la ville réunissait des investisseurs chinois et , en fait, surtout des acteurs économiques marocains. Encore une fois les sub-sahariens brillaient par leur absence.

Au cours de cette conférence, le ministre de l’industrie du royaume chérifien avait présenté son plan de développement pour l’Afrique. C’était juste un plan de déploiement/débarquement sur le continent. Tout était expliqué. Comment les Marocains allaient faire pour gagner des parts de marchés et pourquoi les Chinois devaient devenir leurs alliés stragégiques avec leur Grande Route de la Soie.

C’était assez étrange comme moment. Entre subsahariens, ministres inclus, on se regardait comme si on était des proies. Ils étaient là, tous entrain de nous expliquer comment ils allaient nous manger. Une sorte de "Rumble in the Jungle". Nous sommes rentrés chez nous avec un sentiment mitigé sur nos chers partenaires maroco-chinois.

3 ans après , ce plan a bien continué son déploiement. Et à Abidjan comme à Dakar ou Libreville l’amitié Marocco Chinoise se voit clairement. C’est comme si ces deux pays étaient les seuls et uniques partenaires des gouvernements ivoiriens, sénégalais ou gabonais.

Les drapeaux s’affichent sur la majorité des chantiers. Les Banques, les Assurances, le BTP, le Ciment, l'Agro Industrie, quasiment tout se mange à la sauce marocaine ou chinoise. Les Français concervent juste les ports et l'accès aux ressources energétiques. Et le dernier point gagnant de cette conquête, n'est pas des moindres, surtout dans la révolution digitale actuelle; c'est l’informatique avec la société SAP

SAP, un éditeur informatique allemand parmi les plus grosses entreprises du secteur dans le monde. Son hub francophone, installé à Casablanca pour leur siège régional, SAP North West Africa, vient de passer sous le drapeau marocain. Ils pilotaient déjà leurs équipes sur toute la zone Afrique du Nord, de l’Ouest et du Centre, francophone depuis Cas, mais avec leur nouveau DG marocain, cela a pris une toute autre tournure.

Les bureaux du Cameroun du Sénégal de Côte d’Ivoire ont fermé en cachette. Les équipes locales ont été licenciées ou poussées vers la sortie, toujours en cachette avec des préceptes fallacieux comme la Covid-19, alors que dans les mêmes périodes, des ressources marocaines étaient recrutées à Casablanca.

L’idée c’est de piloter SAP Francophone Africa avec des équipes entièrement marocaines sans aucun transfert de compétences avec les sub-sahariens. Le nouveau DG Hicham Houssaini veut transformer le Maroc comme le premier centre de compétence SAP maroco marocain en Afrique et gérer le déploiement en Afrique francophone sans aucune ressources à Douala, Dakar ou Abidjan. Tout depuis le Maroc. Rien sur place. Zéro.

La crise du Covid 19 avec les réunions à distance se transforme en opportunité pour cette entreprise d’origine allemande pour que tout puisse se gérer depuis Casablanca. Les Africains seront les clients, les Marocains seront les fournisseurs. Tout le monde est content. Sauf évidemment les possibles transferts de compétences.

En clair dans 5,10 ans les subsahariens seront encore et toujours juste les consommateurs. Il n’y aura aucune compétence locale. Tout sera drivé par les ingénieurs SAP marocains. Que du bonheur !

Encore une fois nous serons le dindon de la farce, celui qui se fait bouffer. Avec l’accord de nos dirigeants. Comme d’habitude.

La colonisation digitale a commencé
ᐧ
Par Correspondance particulière