Boycott du recensement à 90% par la population – Le gouvernement Ouattara recule et supplie le FPI: « Pardonnez, levez votre mot d’ordre du boycott ». Affi « C’est au Comité central de décider »
Par IVOIREBUSINESS – Le régime Ouattara libère 150 prisonniers politiques pro-Gbagbo et supplie le FPI de lever son mot d’ordre du boycott.
Sur insistance du gouvernement Ouattara, et à la demande expresse de la représentante spéciale de l’ONU en Côte d’Ivoire Aïchatou Mindaoudou, pouvoir et opposition se sont retrouvés jeudi à la table de négociation.
La rencontre a eu lieu au siège du ministre d’Etat chargé du Dialogue politique Ahoussou Jeannot, lequel était accompagné des ministres Hamed Bakayoko de l’Intérieur, Paul Koffi Koffi de la Défense, Ally Coulibaly de l’Intégration africaine, Affousiata Bamba-Lamine de la Communication, et Babaud Darret.
La délégation du Front populaire ivoirien était composée de son président Pascal Affi N’guessan, et des ministres Amani N’guessan Michel, Alcide Djedjé, Danon Djédjé, etc…
Inutile de dire que le FPI négocie désormais en position de force après le succès massif de son mot d’ordre de boycott du recensement de la population et de l’habitat (RGPH 2014), suivi selon plusieurs estimations par 90% de la population.
Fiasco reconnu par le gouvernement même si les chiffres varient, ce qui l’oblige aujourd’hui à reculer en cascade devant le FPI.
En effet, acculé de toutes parts et dans l’impasse la plus totale, le régime est aujourd’hui obligé de supplier le FPI de revenir à la table de négociation et de lever son mot d’ordre du boycott, régime dont l’arrogance envers l’opposition était devenue assourdissante.
Le FPI sait qu’il joue gros et saura monnayer au prix fort le succès du boycott du recensement. Il s’apprête d’ailleurs à sortir massivement le 05 juin prochain à la place de la République à Abidjan pour encore montrer qu’il est le premier parti de Côte d’Ivoire.
Dans ces conditions, aucun sujet n’était donc tabou jeudi lors de la rencontre FPI-gouvernement:
- Libération de prisonniers politiques parmi lesquels Laurent Gbagbo, Simone Gbagbo, et Blé Goudé.
- Libération sans condition de plus de 700 prisonniers politiques civils et militaires qui croupissent dans les geôles du régime.
- Retour au pays des 100.000 à 200.000 exilés politiques.
- Restitution des maisons, voitures, biens meubles et immeubles des pro-Gbagbo confisqués illégalement par le régime.
- Réintégration administrative des pro-Gbagbo.
- Financement des partis politiques.
- Dégel des avoirs et comptes bancaires des partisans de Laurent Gbagbo.
- Restitution des terres des ivoiriens dans l’Ouest et sur toute l’étendue du territoire national.
- Mise en place des Etats généraux de la République.
- Fin du rattrapage ethnique et tribal.
- Négociation de la composition de la nouvelle Commission électorale indépendante. Etc…
C’est dans une ambiance délétère, après le vote unilatéral mardi en commission à l'Assemblée d'une nouvelle mouture controversée de la CEI, que pouvoir et opposition ont repris le dialogue jeudi après-midi après deux mois de rupture dus au transfèrement unilatéral de Charles Blé Goudé à la Cour pénale internationale.
Dans la foulée, le pouvoir a annoncé la libération dans l'après-midi de 150 prisonniers politiques pro-Gbagbo de la crise postélectorale de 2010-2011 et demandé officiellement au FPI de lever son mot d’ordre de boycott du recensement.
Le ministre Ahoussou Kouadio Jeannot dira à ce sujet: « 150 personnes vont être mises en liberté provisoire. Je demande en échange au FPI de poser des actes forts pour consolider la paix en acceptant de lever solennellement son mot d'ordre du boycott des opérations du recensement de la population ».
Le président du FPI, après s’être réjoui que le gouvernement a marqué sa volonté d'aller de l'avant, de travailler ensemble avec le FPI et les partis d'opposition, afin de trouver des solutions définitives aux problèmes entravant la réconciliation, a déclaré concernant la levée du mot d’ordre du boycott : « C'est un mot d'ordre pris par le comité central (du FPI). Nous allons lui en rendre compte. Il décidera », a répondu Pascal Affi N’guessan dont l'appel au boycott massif du recensement, suivi comme on l’a dit par la population à 90%, fait aujourd’hui reculer le gouvernement Ouattara, qui supplie le FPI d’y mettre fin.
Nous y reviendrons.
Serge Touré