Bombardement de Gbagbo le 11 avril 2011: "Ils voulaient tuer Gbagbo"! Le gouverneur Dacoury-Tabley dénonce les mensonges de Soro sur le 11 avril 2011
Par correspondance particulière - Le gouverneur Dacoury-Tabley dénonce les mensonges de Soro sur le 11 avril 2011.
Dans un contexte où la réalité historique est régulièrement falsifiée pour travestir l’histoire contemporaine de la Côte d’Ivoire, le très discret et ex-gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (Bceao) Henri Philippe Dacoury-Tabley, sorti de prison le 6 août dernier, a décidé de montrer patte blanche afin de mettre un terme à cette avalanche de contre-vérités.
Gbagbo et les siens sous le feu de missiles des heures durant.
Gbagbo et les siens sous le feu de missiles des heures durant.
Profitant de la visite que les populations de Mama lui ont rendue, le vendredi dernier dans son village Kpapékou, Dacoury-Tabley a encore fait des révélations publiées dans le quotidien «Notre Voie», hier lundi. «Je vous apporte la nouvelle de ma libération provisoire des prisons du pouvoir d’Alassane Ouattara. C’est donc une bonne nouvelle», a-t-il informé. Avant de réclamer la libération de tous les détenus. « Mais il faut le dire, notre joie n’est pas complète parce que bon nombre de vos enfants dont le plus illustre, Laurent Gbagbo, et son épouse Simone sont encore dans les liens de la détention. Et nous continuons de réclamer leur libération pour une Côte d’Ivoire apaisée, réconciliée, fraternelle et solidaire», a déclaré Henry Dacoury-Tabley aux parents de Gbagbo. «En ce qui me concerne, j’ai considéré mon incarcération comme un vol, un braquage de ma liberté, d’un bien. Aujourd’hui que ce bien m’est rendu, je le prends naturellement et je continue de crier haut et fort afin que le braqueur restitue leur liberté à toutes les autres victimes», a-t-il asséné.
Soro dit avoir sauvé la vie à Gbagbo, des mensonges selon Dacoury-Tabley
Le gouverneur Dacoury-Tabley refuse de se taire.
Le gouverneur Dacoury-Tabley refuse de se taire.
Parlant du fondateur du Front populaire ivoirien, l’ex-gouverneur de la Bceao a
tenu à rétablir la vérité sur les propos tenus par Guillaume Soro qui soutenait qu’il avait sauvé la vie à Gbagbo lors de son arrestation le 11 avril 2011. «Je voudrais commencer en vous parlant brièvement des circonstances de notre arrestation. Nous étions avec le président Gbagbo à la résidence du Chef de l’Etat. J’ai vécu en compagnie du président la semaine de bombardement intense de sa résidence. Je ne parlerai pas de Bunker parce que ce terme ne peut s’appliquer à cette résidence ordinaire qui a juste un sous-sol tout aussi ordinaire… Les obus, les bombes incendiaires et autres projectiles déversés sur la résidence n’étaient pas des munitions de pacotilles et encore moins des balles à blanc. C’étaient de vraies munitions lancées pour détruire la résidence et tuer aveuglement le président Gbagbo, sa famille, ses enfants, ses petits-enfants, ses amis, ses collaborateurs et tout le petit personnel de la résidence. Et quand j’entends quelqu’un [Soro, ndlr] dire que c’est lui qui a donné des instructions pour que Gbagbo ne soit pas tué le 11 avril 2011, je voudrais demander s’il avait aussi donné ces mêmes instructions aux obus et aux bombes incendiaires et aux gaz tirés sur cette résidence ? En effet, aucun être humain ne peut se prévaloir d’avoir évité la mort au président. Seul Dieu a sauvé Gbagbo Laurent et certains de ceux qui étaient avec lui dans cette résidence. Tout a été mis en œuvre pour que personne n’en sorte vivant», a rectifié Dacoury-Tabley.
Au Golf Hôtel, Gbagbo était enfermé avec 10 autres personnes dans la chambre d’un militaire
Il a également fait remarquer qu’une fois au Golf Hôtel, Gbagbo n’était pas logé dans la chambre de Soro comme le président de l’Assemblée nationale a tenté de le faire croire à Gagnoa. «A l’Hôtel du Golf, le président a été enfermé avec 10 autres de ses compagnons d’infortune dans une chambre précédemment occupée par un militaire et non un civil. Ce militaire par la suite est revenu
récupérer certains de ses effets personnels, uniforme et chaussures rangers», a-t-il rappelé. Aussi, l’ex-gouverneur de la Banque centrale a dénoncé l’instrumentalisation de l’assassinat de son frère le Dr. Benoît Dacoury-Tabley au début de la rébellion du 19 septembre 2002 à des fins politiques puisque Guillaume Soro a demandé pourquoi le peuple de Gagnoa ne demandait pas pardon à la famille Dacoury-Tabley qui n’avait pourtant rien à avoir avec cette disparition. «Chers parents, dans le registre de la déformation de l’histoire récente de notre pays, je voudrais revenir sur quelque chose de douloureux pour moi et dont je ne parle pas souvent même en privé et encore en public (…) L’Histoire vient de bégayer et comme en octobre 2002, on veut encore se saisir du lâche assassinat du Docteur Dacoury-Tabley Benoît à des fins de politique politicienne», s’est-il insurgé.
Anderson Diédri