Arsène Dogba, politologue ivoirien: Côte d'Ivoire, L’ONU entre crédibilité de la CPI et soutien à Ouattara

Le 24 décembre 2011 par Correspondance particulière - La Court Pénale Internationale (CPI) vient de prendre dans son filet le prévenu qu’il ne lui fallait pas, vu que cette prise risque d’entacher sa «

Arsène Dogba.

Le 24 décembre 2011 par Correspondance particulière - La Court Pénale Internationale (CPI) vient de prendre dans son filet le prévenu qu’il ne lui fallait pas, vu que cette prise risque d’entacher sa «

crédibilité » dans l’opinion publique si ses juges font du procès qui débute le 18 Juin prochain un procès politique. Créer en 2002 pour juger – à travers le monde- les leaders politiques et autres acteurs de la vie publique qui commettent des crimes de guerres, des crimes contre l’humanité et autres abus des droits de l’homme, cette court basée à La Haye, au Pays-Bas, n’a eu jusque là sur sa table, que des dossiers des seuls dirigeants ou anciens dirigeants du continent Africain. Comme si l’Afrique était le seul continent où sont commis des crimes qui relèvent de sa compétence. Alors que sous nos yeux, notamment en Afghanistan, en Irak, en Palestine etc... Des crimes qui relèvent de la compétence de la CPI y sont commis presque quotidiennement. Malgré cela, seuls les pays africains restent, pour son procureur, Luis Ocampo, dans le viseur de la Cour.
Le continent noir est donc le seul visé sur les cinq que compte notre planète et ses dirigeants, les seuls à ce jour à être traduits devant cette institution. Ainsi, sept dossiers sont actuellement devant la CPI à la demande de son procureur raciste. Tous relatifs aux crimes qu’elle trouve relever de sa compétences et commis en Afrique. Il s’agit de l’Ouganda, RDC, République Centrafricaine, Lybie, Soudan, Kenya et Côte d’Ivoire.
Revenons au cas du président Gbagbo. En effet, depuis le 29 Novembre 2011, le président Gbagbo, vainqueur de la présidentielle du 28 Novembre 2010 en Côte d'Ivoire et perdant de la guerre que lui a, par la suite, livré le président Français Nicolas Sarkozy a été déporté à la CPI. Dans une procédure tout à fait illégale. Plus grave, Ouattara et son ami Ocampo ont violé impunément l’embargo de l’union Européenne sur les voyages du président Gbagbo dans les pays membres de l’Union.
En prenant la décision de déporter Laurent Gbagbo du nord de la Côte d’Ivoire, où il le détenait depuis le 13 Avril 2011, à La Haye, dans la pure tradition fasciste, Nicolas Sarkozy et Ouattara ont cru bien faire de se débarrasser ainsi d'un prisonnier qu’ils trouvaient de plus en plus gênant en Côte d’Ivoire. Presser d’éloigner un Gbagbo de plus en plus populaire, Ouattara, auteur indirect des crimes commis en Côte d’Ivoire depuis Septembre 2002, a rencontré incognito son ami Ocampo à Paris pour régler les derniers détails de la déportation du président Gbagbo à La Haye.
Ces deux personnages, Ocampo et Ouattara, qui n’étaient guidés que par leur volonté absurde d’éloigner Gbagbo du pouvoir d’Abidjan, ignoraient certainement qu’à travers leurs manœuvres, ils jouaient davantage avec le destin d’une nation ivoirienne déjà traumatisée par l’enlèvement du président qu’elle a élu démocratiquement. On le sait, le procureur raciste et le sanguinaire d’Abidjan n’avaient rien à foutre avec les conséquences d’une telle décision. Pourvu que Nicolas Sarkozy, leur maitre, soit heureux et que les intérêts de la France soient assurés et jalousement protégés.
Ces ennemis de la Côte d’Ivoire et du peuple africain n’ont donc considéré que le pouvoir qu’allait exercer le gouverneur français Ouattara à Abidjan. Ils n’ont pas pris en compte la popularité sans cesse grandissante du président Gbagbo en Côte d’Ivoire et en Afrique. Ils n’ont pas prévu, non plus, la réaction des Ivoiriens et des Africains.
Ocampo, Sarkozy et Ouattara n’ont pas cru en la constance de la mobilisation des africains autour de l’idéale Gbagbo. Une mobilisation qui mettrait en péril la réconciliation nationale. Ils n’ont pas mesuré les conséquences du triomphe de l’injustice sur la justice qu’ils prônaient ainsi. Parce qu’ils sont restés fidèles à eux-mêmes ; c’est-à-dire à leur conception de l’Afrique, un continent dont, selon eux, les peuples sont incapables de prendre leur destin en main devant les gesticulations impérialistes de l’occident. Ils ont cru en une Afrique longtemps complexée devant l’homme blanc. Par la grâce de Dieu, les bourreaux des Ivoiriens ont, depuis le 11 Avril 2011, devant eux des enfants d’un continent désormais débout. Oui les Africains et amis de l’Afrique sont plus que jamais déterminés pour réclamer et obtenir la justice et l’égalité entre tous les peuples de la planète terre.
Mais face aux intérêts de la France, rien, absolument rien, ne pouvait arrêter le trio Sarkozy/Ocampo/Ouattara. Pas même le bon sens et/ou l’humanisme. Ainsi, ils ont violé les droits humains du président Gbagbo en le gardant dans des conditions inhumaines en prison à Korhogo et en le déportant à La Haye. Dans leur cabale contre Gbagbo, ils ont aussi marché sur les lois ivoiriennes et internationales. Leur seul but : s’accaparer les ressources naturelles de la Côte d’Ivoire avec Ouattara au pouvoir.
Malheureusement pour ces trois personnages aux desseins lugubres, un procès politisé contre Gbagbo à La Haye mettra en jeu la crédibilité de l'institution (CPI) qu’ils veulent utiliser pour écarter définitivement le vainqueur Gbagbo. Face aux juges de la Cour, l'occasion sera donc donnée au président Gbagbo de dire la vérité dans le complot international dont lui et son pays sont victimes depuis Septembre 2002.
Les procès étant retransmis en direct par plusieurs chaînes de télévision à travers le monde, l'avantage du prisonnier de Sarkozy et Ouattara sera de s’adresser directement au monde entier sans que ses propos ne soient déformés ou occultés par les medias (de) mensonges comme ce fut le cas tout au long de la crise.
Après l’audience de première comparution du 5 Décembre 2011 au cours de laquelle Gbagbo est brillamment intervenu, Nicolas Sarkozy et son gouverneur doivent à présent se mordre les doigts pour lui avoir offert une tribune mondiale. Le président a saisi l’occasion pour prévenir qu’il ira j« jusqu’au bout » avec ceux qui ont renversé son régime et tués les Ivoiriens. Il y aura donc beaucoup de preuves de la défense qui accableront la chambre d’accusation de la CIP. Preuves parmi lesquelles il y aura celles données par Amnesty International, Human Rights Watch et même par plusieurs missions de la section Droits de l’Homme de l’ONU.
Ce choix de déporter le président Gbagbo à la CPI constitue vraisemblablement une menace pour le régime dictatorial de Ouattara parce qu’il mettra la communauté internationale - jusque là pro-Ouattara - dans l’obligation de choisir entre la crédibilité de la CPI et le soutien désormais très gênant à Ouattara. En d’autres mots, les Nations Unies auront le choix d’opter, soit pour l’impartialité des juges, ce qui rendra crédible la CPI, soit pour une justice des vainqueurs, et dans ce cas, ternir définitivement l’image de cette institution judiciaire internationale.

(Par Arsène DOGBA, politologue ivoirien)