Après la boucherie des FRCI à Vavoua : La hiérarchie doit prendre ses responsabilités

Publié le mardi 20 décembre 2011 | Le Patriote - Après la boucherie des FRCI à Vavoua la hiérarchie doit prendre ses responsabilités.

Soldats Frci dans un village.

Trop, c’est trop ! Il est sans doute temps de siffler la fin de la recréation. Les FRCI doivent être stoppé net dans cette course frénétique et aveugle contre

la quiétude des Ivoiriens. La dérive n’aura que trop duré. L’avènement des Forces républicaines de Côte d’Ivoire, il est vrai, avait suscité plein d’espoir au sein de la population.

Car, pour beaucoup d’habitants de la Côte d’Ivoire, la mise en place de la nouvelle armée par le président Alassane Ouattara sonnait la fin des pratiques antirépublicaines qui avaient cours dans l’ancienne armée. Mais, sept mois après, force est de reconnaitre que les comportements de certains éléments des FRCI amènent aujourd’hui la population à regretter l’ancien ordre.

Pas un seul jour ne passe sans que des abus et les exactions commises par des hommes en armes ne soient décriés. Les dernières en date font vraiment mal au cœur à tous ceux qui croient en une armée à cheval sur les vertus régaliennes et réconciliée avec son peuple. Le mercredi 14 décembre 2011, la préfecture de police est envahie par des éléments des FRCI lourdement armés. Ils se dirigent vers le violon principal du siège de notre police nationale. Sous la menace de leurs armes, ils commandent à l’officier chargé de gérer les détenus d’ouvrir les portes du violon.

Deux de leurs camarades seraient parmi les détenus. Refus poli, mais ferme de l’officier. L’officier est battu à sang et laissé pour mort. Les assaillants réussissent à lui soutirer les clés du violon et libère leurs camarades cueillis la veille dans un fumoir de drogue à Adjamé. Pour couvrir leur retraite, les éléments des FRCI tirent dans tous les sens. Les autres détenus qui n’en demandaient pas mieux, profitent de la situation de confusion pour se faire la belle. Deux jours plus tard, à Yopougon, dans une affaire dont les contours sont encore flous, les FRCI font encore parler d’eux négativement. Des échanges de tirs entre éléments entre eux sèment le trouble et la panique au sein de la population encore traumatisée par les violents affrontements qui ont eu lieu d’avril à mai dernier, après la chute de Laurent Gbagbo. A peine les Ivoiriens commencent-ils à oublier ces actes regrettables qu’à Vavoua l’irréparable se produit.

Si pour les deux tristes événements cités un peu plus haut, il n’y a pas eu de pertes en vies humaines, ce n’a pas été le cas dans cette localité située au centre-ouest de la Côte d’Ivoire. A Vavoua, cinq familles pleurent leurs enfants, par la faute d’individus qui n’ont pas encore compris la noblesse du métier qu’ils exercent. On ne l’écrira jamais assez, l’armée est au service du peuple et non le contraire. Le fait de porter des armes ne confère pas des droits exorbitants à celui qui les détient.

L’armée doit entrer dans la nouvelle vision que le président de la République a décidé de donner à la Côte d’Ivoire. Le chef de l’Etat, en y procédant à de nouvelles nominations, entend voir une armée disciplinée et vraiment républicaine. Pas cette armée mexicaine qu’il est donné aux Ivoiriens de voir ces derniers temps. Il appartient donc au chef d’Etat-major et son équipe de montrer au président Ouattara, qui est le chef suprême des armées, qu’il ne s’est pas trompé en leur confiant la gestion de la grande muette, qui fait trop de bruits en ce moment. Toute chose qui n’est pas faite pour attirer les bailleurs de fonds vers la Côte d’Ivoire. Car, c’est connu: l’argent n’aime pas le bruit.

Jean-Claude Coulibaly
NB : Le titre est de la rédaction

Vavoua : Le calme après les affrontements du week-end

Publié le mardi 20 décembre 2011 | Le Patriote
Des populations vaquant à leurs occupations habituelles, les commerces ouvert et les véhicules de transport, comme à l’accoutumée ronronnant en des va-et-vient incessants. La vie semble avoir repris son cours normal dans la ville de Vavoua, au lendemain des affrontements meurtriers qui ont coûté la vie à cinq civils. En tout cas, c’est ce qui nous a été donné de constater lorsqu’aux environs de onze heures, dans la matinée d’hier, nous avons pris pied dans la ville.

Les stigmates des heurts violents du dimanche dernier étaient encore visibles le long de l’artère principale qui mène de la gare routière à l’hôpital central de la ville, à la sortie nord, vers Séguéla. 100 mètres avant l’entrée principale du CHR, en bordure de route, le camp de commandement des FRCI grouille de militaires, armes au poing. Dans la cours, des renforts de troupes venus de Gagnoa, Issia, San Pedro et même d’Abidjan, la veille, pour venir s’enquérir de la situation et rassurer les populations, sont présents. Le bâtiment principal, qui servait de poste opérationnel, lui, est totalement ‘‘nu’’ : Fenêtres et portes emportées, bureaux et documents incendiés.

Vandalisé qu’il a été, la veille, par des manifestants furieux. Le bitume, aux abords de la bâtisse, porte encore les stigmates de pneus et autres bois incendiés la veille. Le poste de contrôle, à l’entrée du camp, réduit en cendres, n’a pas non plus, échappé à la furia des manifestants. Ce triste décor constaté, nous décidons de rendre une visite au préfet de département, Diané Bassirima, dans ses bureaux. Mais sur le chemin, nous marquons un arrêt au domicile de la famille Sangaré, non loin de la préfecture.

Là-bas, l’humeur n’était pas du tout joyeuse. Le dimanche dernier, leur fils Issa Sangaré a été tué lors des manifestations de protestation. Il règne un calme dans la cour. Sous les deux bâches dressées, les vieux et des jeunes ont le visage fermé. Des femmes en sanglot sont assises, regroupées à quelques pas de là. L’heure est au recueillement. « Issa était tout pour nous, c’est lui qui s’occupait de toute la famille. Aujourd’hui, nous ne savons plus que faire, sinon nous en remettre à Dieu… », nous raconte sa mère en larmes. Du côté des jeunes, la tension reste palpable, à voir les mines toujours graves.

A en croire le frère aînée du défunt, Sangaré Brahima, l’atmosphère tendue est exacerbée par le fait que les corps des cinq personnes tuées n’ont toujours pas été remis à leur familles respectives et sont encore conservée, à la morgue du CHR. « Ce matin, les autorités militaires préfectorales et communales nous ont rendus visite pour présenter les condoléances et soutenir la famille. Maintenant tous ce que nous demandons, c’est que les corps nous soient remis afin que nous puissions les enterrer dignement », explique-t-il. Pour le préfet Diané Bassirima, que nous avons pu rencontrer après cette escale, tout ceci aurait pu être évité. Il a, par ailleurs, regretté qu’une banale affaire de ‘‘pétards’’ jetés dans une cours ait pu conduire à tant de morts.

Toutefois, il a appelé les populations au calme et à la sérénité. Tout comme lui, le capitaine Delta, commandant en second de la GR, dépêché dès les premières heures par le chef d’état- major, Soumaila Bakayoko, a dit, pour sa part, avoir pris les dispositions afin que ce genre de situations ne se reproduise plus. Aussi, a-t-il promis que les responsables de ces actes, qu’il a qualifié d’ignobles, seront sévèrement punis. « Il est inconcevables que des militaires dignes de ce nom, puissent commettre de telles atrocités. Ce sont des actes contraires à l’éthique militaire. Protéger les populations et non tirer sur elles pour des futilités.

Le caporal Doumbia Yaya (le chef adjoint des FRCI de Vavoua) et 5 de ses camarades ont été remis à l’état-major de Daloa et seront poursuivis devant la justice pour leurs actes. Cela doit servir d’exemple», a-t-il assuré. Avant de prendre congé de nos hôtes, nous avons sillonnés quelques points chauds de la ville, pour nous rendre compte que le calme est vraiment revenu à Vavoua, grâce sûrement à la promptitude des autorités qui ont pris les mesures idoines afin d’apaiser les cœurs et les esprits.

Jean Claude Coulibaly