Annulation de certains résultats des législatives pour fraude: Wodié rejoint Paul Yao N’Dré

Le 02 février 2012 par Notre voie - En annulant les résultats des élections législatives dans 11 circonscriptions électorales, Francis Wodié n’a rien fait d’autre

Francis Wodié.

Le 02 février 2012 par Notre voie - En annulant les résultats des élections législatives dans 11 circonscriptions électorales, Francis Wodié n’a rien fait d’autre

qu’agir comme l’avait fait Paul Ya N’Dré lors de la présidentielle de 2010.
Le Conseil constitutionnel a prononcé l’annulation des résultats des législatives dans 11 circonscriptions électorales sur 66 pour lesquelles il avait reçu 110 requêtes en annulation. L’institution que dirige le Pr. Francis-Romain Vangah Wodié avait été saisie par des candidats déclarés perdants par la Commission électorale dite indépendante (Cei), mais qui ont estimé avoir été victimes de fraude.
Près de deux mois après ce que le Fpi, le parti de Laurent Gbagbo avait qualifié de mascarade, Francis Wodié et ses camarades conseillers ont décidé d’annuler le vote dans 11 circonscriptions sur les 66 concernées par les réclamations. Le constitutionnaliste Wodié a évoqué plusieurs raisons pour fonder la décision d’annuler le vote dans les 11 circonscriptions. Selon lui, des dozos (chasseurs traditionnels, une milice du pouvoir actuel) et des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) ont été utilisés dans le processus par certains candidats contre leurs adversaires. Ces éléments armés qui, normalement, devraient être loin des bureaux de vote se sont érigés en acteurs de premier plan dans ces dernières élections. Tout naturellement, ils ont lésé des candidats en influençant considérablement les résultats.
Le président du Conseil constitutionnel a, par ailleurs, relevé que des morts ont voté le 11 décembre 2011. Des absents ont, eux aussi, miraculeusement pris part au vote et, dans certaines circonscriptions, le nombre de votants est largement supérieur au nombre d’inscrits. Ce qui fait penser aisément au bourrage des urnes. Le Conseil constitutionnel a également justifié sa décision par l’utilisation des moyens de l’Etat par des candidats. Une pratique qui, de l’avis de Francis Wodié, est contraire à l’égalité des chances des candidats et constitue une négation de la séparation des pouvoirs. Par ailleurs, souligne le Conseil constitutionnel, des candidats ont fait campagne au-delà du temps imparti.
Se fondant sur toutes ces raisons, l’institution a vidé le contentieux électoral en invalidant certains résultats proclamés par la Commission chargée des élections dans les circonscriptions où les cas de fraude ont été constatés.
Au nombre des élus touchés par la décision du Conseil constitutionnel pour fait de fraude massive, se trouvent deux ministres Rdr : Kaba Nialé (Bouna) et Alain Agnima Lobognon à Fresco. Le cas de ces deux personnalités membres du gouvernement appelle quelques observations. Si des ministres se livrent à la fraude à une élection, alors comment peuvent-ils être intègres à la tête des départements ministériels qu’ils ont en charge ? Quelle garantie morale donnent-ils au citoyen ? Au Rdr, ils ne sont pas les seuls à être épinglés. Il y a aussi Flanizara Touré (Duékoué). En outre, l’élection de Coulibaly
Issa, Directeur général des douanes de Côte d’Ivoire, a été annulée pour fraude à Dikodougou. Ça veut tout dire. Sans oublier Kangouté Mamadou (Bouna) et Séa Jean Honoré, candidat du Rdr à Facobly, qui sont également touchés par la même mesure.
Quand on suit de près la démarche du professeur Francis-Romain Vangah Wodié, honnêtement, il n’y a pas de différence entre l’arrêt du Conseil constitutionnel dirigé par Yao N’Dré et la décision de la même institution que préside Francis Wodié.

Wodié ne donne pas tort
à Yao N’Dré
Les cas de fraude et d’autres irrégularités qui ont amené le professeur Paul Yao N’Dré à annuler le vote dans 7 départements à la présidentielle sont les mêmes cas de fraude qui ont guidé le professeur Francis Wodié à annuler le vote dans 11 circonscriptions électorales à l’issue des dernières législatives. Ne dit-on pas que les mêmes causes produisent les mêmes effets ? A l’élection présidentielle, pour des cas de fraude avérée, Yao N’Dré avait annulé les résultats dans 7 départements. En son temps, des voix se sont élevées pour dire que Yao N’Dré était sous les ordres de Gbagbo et qu’il a annulé les résultats dans 7 départements pour aider Gbagbo à se maintenir au pouvoir. Des langues ont vite accusé Yao N’Dré de s’être comporté en militant du Fpi quand, pour beaucoup, il était inconcevable d’annuler le vote dans 7 départements.
Notons bien qu’avec Yao N’Dré, il s’est agi de l’élection présidentielle qui se déroule sur toute l’étendue du territoire et dont les suffrages exprimés au niveau national reviennent à chaque candidat.
Pour les législatives, il est question d’élections locales pour lesquelles on apprécie le vote dans une circonscription bien délimitée. Wodié a annulé dans 11 circonscriptions l’élection des candidats déclarés élus par la Cei. Wodié rejoint ainsi son prédécesseur, Paul Yao N’Dré. L’actuel président du Conseil constitutionnel vient de donner la preuve que cette institution sous Yao N’Dré n’avait pas eu tort d’annuler le vote à la présidentielle. Le débat sur la vérité des urnes à la présidentielle est ainsi relancé. Si les candidats du Rdr ont fraudé sans gêne au point d’être recalés par Wodié, il y a donc des raisons de croire que Alassane Dramane Ouattara a triomphé par la fraude dans les zones dont le contrôle échappait totalement à Laurent Gbagbo. Sans le savoir peut-être, le constitutionnaliste Francis Romain Vangah Wodié, désigné à la tête du Conseil constitutionnel par Ouattara, vient de trancher en faveur de Gbagbo.

Benjamin Koré