Afrique: Quelle est en fait la politique économique de la Côte d’Ivoire, Par Dr Kock Obhusu

Par Ivoirebusiness/ Débats et Opinions- Quelle est en fait la politique économique de la Côte d’Ivoire, Par Dr Kock Obhusu.

Dr Kock Obhusu.

AU FAIT, QUELLE EST, EN FAIT, LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE DE LA CÔTE D’IVOIRE ?

Quelle est la politique économique de la Côte d’Ivoire. Bien malin, qui pourrait répondre clairement à cette question.

Et pourtant, c'est une question très simple. Nous la posons parce qu'au-delà de sa simplicité, elle reste pour nous cruciale dans un débat démocratique et ouvert sur la conduite de l’action économique dans notre pays. C’est un pendant du débat politique. Nous faisons ici volontairement le choix de ne pas faire une analyse technique de type universitaire.

Cela n'a aucun sens et découragerait par ailleurs le lecteur. Nous allons nous attacher donc à pointer quelques éléments factuels pour montrer que le pays nage au milieu de gros nuages dans l’attente du déluge et d’un naufrage à venir si l’on y prend garde.

Rappelons rapidement et simplement avant tout, ce qu'il faut entendre par politique économique. Par politique économique la science économique entend un ensemble de décisions et d'actes des pouvoirs publics ayant une cohérence entre elles. Ces décisions et ces actes sont accompagnés par des instruments et visent des objectifs de long terme. A partir de là, il est clair que toute politique économique s'inscrit dans un cadre interventionniste structuré et qui avant tout, se doit d'être structurant pour le public que ce soit collectivement ou individuellement.

De fait, une politique économique dans un pays comme la Côte d'Ivoire qui n'est encore qu'un pays en voie de développement ne peut déroger à la définition d'un projet de clairement consigné et rendu public. Beaucoup de pays comme par exemple les « Dragons » du pacifique que sont la Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, Singapour et même le Japon qui ont connu un développement rapide ces dernières années sont tous passés par là. Les « Tigres » à savoir la Thaïlande, la Malaisie, l'Indonésie, le Viêt Nam et les Philippines qui aujourd’hui marchent du même pas sont dans les même dispositions techniques. Ils ont un document repère qui sert de boussole au public.

A partir d'une telle définition, il faut dire toute suite que la politique économique vise deux finalités majeures que sont l'amélioration de la qualité de vie et la réduction de l’inégalité sociale. Toute politique économique renferme deux volets à savoir, un volet conjoncturel et un volet structurel. Le premier vise à travailler au maintien voire au rétablissement des grands équilibres économiques et sociaux portant par exemples sur le marché de l'emploi, le marché des biens et des services ainsi que celui de l'équilibre extérieur. Ce volet s'appuie sur un appareil statistique fiable et intègre.

Le second vise à modifier la structure d'ensemble de l'économie en induisant un tissu industriel à l'intérieur duquel les différents secteurs interagissent. Il doit viser dans sa structuration le marché local et les marchés régionaux. Une politique économique connue et lisible permet au citoyen de comprendre clairement ce que fait le gouvernement. Mais surtout elle permet de savoir là, où ce gouvernement le conduit en tant que personne humaine.

C'est pourquoi elle doit être consignée dans un projet de société. C'est ce projet qui fixe les limites dans lesquelles la politique économique doit être conduite. Malheureusement, malgré la communication intense du gouvernement la politique économique menée depuis plus de dix ans en Côte d'Ivoire est obscure. Ses contours sont à l’image de ceux des années soixante et soixante-dix. Le concept d’“Émergence" a été de toutes les bouches et non des moindres.

Qu'en est-il exactement. Rien si ce n'est qu'il est resté vaseux, creux, vide, au stade d’un simple slogan. Tout est fait en Côte d'Ivoire au gré des vents portés essentiellement par l'intérêt de partenaires extérieurs en quête de marchés pour la vente de leurs produits et l’offre de leurs services contre espèces sonnantes et trébuchantes. Et c'est une situation préoccupante. C'est très inquiétant de conduire économiquement le pays de la sorte.

A titre d'illustration, prenons l’exemple d’un événement récent, la réunion de la cop15. L'on constate que la réunion de la Cop 15 contre la désertification qui a eu lieu du 9 mai au 20 mai dans le pays a été marquée par de grandes déclarations sans aucune décision majeure et significative. Nous avons assisté à des spectacles sans substrats. Pour pousser plus loin, on pourrait même dire sans tête ni queue. Les discours ont vite fait de prendre le dessus sur les actes avec un vocable des plus savants délibérément truffé d’expressions en anglais comme "Planting". Tout au long des échanges, il n'a nullement été question de la gestion des flux migratoires.

Or, dans ce pays tout le monde sait qu'ils contribuent énormément à la déforestation sauvage et à l’appauvrissement des sols. La Côte d’Ivoire aurait depuis 1960 à ce jour perdu 80% de son couvert forestier. Cette perte a connu une accélération spectaculaire ces dix dernières années. Il n'a pas été non plus question de l'orpaillage qui pollue les sols et les cours avec l’utilisation incontrôlée de produits chimiques comme le mercure et autres et de fait génère des situations sanitaires préoccupantes. Des contrats ont été signés avec des partenaires européens des milieux affairistes à grands frais pour dit-on "mesurer l'impact des bonnes pratiques sur le développement économique". Rien que çà pour des facturations à des milliards de francs CFA.

Depuis 2012, la Côte d’Ivoire a remonté sa production pétrolière en enregistrant une progression de plus de 50% de ses exportations de produits pétroliers confirmant la position du pétrole comme premier secteur pourvoyeur de devises devant le cacao. Mais la communication là-dessus est faite en sourdine voire de façon confidentielle. On se demande pourquoi.

Chaque compartiment de l'économie doit être inscrit dans un cadre unique. Ce cadre est généralement appelé projet de société. Quel est donc le projet de société actuel de la Côte d’Ivoire. Les citoyens n'en savent rien. Les ivoiriens sont menés au jour le jour au rythme d'une communication intense, agressive au point que toutes les initiatives y comprises les farfelues passent pour être des meilleures. Il y a vraiment beaucoup à dire de la façon dont le pays est dirigé actuellement mais nous allons ici plus nous limiter à une approche d'alerte en soulignant quelques limites de la conduite actuelle de l'action publique en matière économique qu'à une analyse exhaustive.

Parlons de la politique monétaire. S'agissant de la question du franc CFA, par exemple, le parlement ivoirien a été invité à voter sans qu'aucune étude sérieuse préalable le passage à l'ECO. Il n'y a aucune étude sur les questions techniques relatives de ce qui fait la viabilité et la vitalité d'une monnaie à savoir: la convertibilité avec les autres devises, la fabrication, la sécurisation, les ères de sa circulation, etc. Mais la question de fond est de savoir si on peut bâtir une économie développée en faisant résider son support qu’est la monnaie à l’extérieur.

Cette question est très importante. Son importance tient au fait qu’elle conduit à dépasser les considérations exclusivement conjoncturelles qui caractérisent l'économie ivoirienne. Elle nourrit une vision plus large et donc plus pertinente du développement. En cela, tout débat autour de la politique monétaire à adopter permettrait de favoriser l’éclosion d’actions de mobilisation de logiques d’un développement durable et à la dimension des ressources du pays. Dès lors, il nous paraît important de sortir la question monétaire d'un angle exclusivement financier et d'une conception étriquée qui limite le débat à de fallacieux indices statistiques plus destinés à rassurer des bailleurs et partenaires. Il faut s'interroger sérieusement si on veut avoir une politique monétaire harmonieuse et en phase avec le nécessités d'un développement économique soutenue et fort car l’efficacité de toutes politique macroéconomique repose sur une logique de régulation qui a pour axe central la monnaie.

Pour pouvoir par exemple assurer une régulation efficace des grands équilibres, toute politique économique doit être fondée sur une adéquation permanente entre la masse monétaire en circulation et le niveau acceptable des autres données et plus particulièrement le niveau général des prix. C’est même une praxie libérale dans laquelle la Côte d’Ivoire s’est inscrite et qu’on ne peut contester. Au regard de cette orthodoxie libérale, n’apparaît-il pas nécessaire à l’échelle de la zone franc d’intégrer le fait qu’en se privant du plus élémentaire des pouvoirs de régulation économique, il ne saurait y avoir d’industrialisation solide ?
Tous les pays qui connaissent le développement aujourd’hui ont été en grande partie colonisés. Cependant, ils se sont affranchis rapidement de la tutelle coloniale pour battre leur monnaie et assurer leur développement. Pourquoi avons-nous peur ? De quoi avons-nous peur ?
En Côte d'Ivoire, les responsables politiques pensent à tort que c'est en ayant recours à un endettement massif ou en invitant en désordre les investisseurs étrangers qu'on peut valablement assurer le développent du pays. Sans une politique monétaire maîtrisée de l’intérieure: comment peut-on raisonnablement définir des évolutions favorables à la décélération de l’inflation. Comment peut-on efficacement améliorer les soldes extérieurs et procéder à des ajustements du crédit interne et structurer au mieux les différentes contreparties.

Comment assurer de façon optimale des concours aux institutionnels et aux ménages. La Côte d'Ivoire ne peut dans les conditions actuelles d’extraversion de sa politique monétaire parvenir à bâtir des industries capables d’épouser à la fois l’évolution des dynamiques de consommation intérieure, régionales et mondiales dans le mesure où elle ne peut décider selon un rythme maîtrisé de l’intérieur, de la variation de la masse monétaire adaptée, variation qui conditionne incontestablement toutes les autres logiques des économies modernes.

La rationalité du mécanisme actuel, celui du franc CFA, est complètement dépassé et ne peut donc plus être porteur d’efficacité économique. Il faut vraiment le refondre complètement.
Parlons de la vie des ménages au quotidien. La vie quotidienne se rythme avec des réactions au coup par coup selon l'humeur du gouvernement et des complaintes des familles dans les marchés d'Abidjan. Cette vie est marquée par une flambée des prix des biens de consommation courante. Et tout ce que le gouvernement fait c’est des visites sommaires à Abobo, à Adjamé pour dit-on contenir les prix. Franchement ! Les robinets d’eau courante s'assèchent durant des jours, des semaines, parfois des mois. On peut toujours accuser le réchauffement climatique parce qu’il a bon dos mais le mieux serait qu’on élabore un programme d’investissement et d’équipement clair avec un calendrier lisible des populations.

Quand il pleut, les inondations créent d’énormes dégâts et de nombreuses pertes en vies humaines et animales. Il n’y aucune politique d’anticipation des événements encore moins de plan d’évacuation et de mise à l’abri des populations. Pour toute solution on ne trouve rien de mieux que des pancartes avec des slogans : « mieux vaut partir que de mourir ». On demande aux personnes les plus exposées de partir sans leur dire où partir et comment partir. L’urbanisation d’ensemble est faite sans qu’il y ait de réflexions sérieuses en matière d’adressage et d’identification des habitants, etc. Il en est de même pour l'électricité qui est chaque jour rationnée. On fait du clientélisme là-dessus. Si un village ou une zone d’habitation obtient un poteau électrique, on demande aux populations de remercier le président qui dit-on leur fait un cadeau du fait de sa gentillesse. Il ne faut faire du clientélisme auprès des populations en matière d’électrification.

L’électrification répond à une nécessité des populations, des entreprises, des commerces. C’est donc un besoin de développement économique. Et elle doit donc être inscrite dans un registre de programmation claire et nette en dehors des attaches politiques des élus locaux. Elle ne doit pas être l’objet de clientélisme politique, ethnique ou tribal.
Parlons de la santé. Sur le plan sanitaire, la prise en charge des malades est le moins que l'on puisse dire dégradée au point que d'aucuns disent que les hôpitaux ivoiriens sont malades. Si l'on prend l'exemple de l’infection au V.I.H., le taux de séroprévalence nationale est estime à 12%. C’est énorme. Cela signifie qu’en moyenne sur 100 personnes, il y a 12 qui sont infectées. Il est le taux le plus élevé de la sous région.

Cependant, il y a très peu de structures en capacité d’offrir des services de conseils et de dépistage. Il y a sur l'ensemble du territoire moins de dix structures. On construit dans les quartiers des dispensaires et on clame pompeusement à la suite qu’on construit des centres hospitaliers. Dans ces dispensaires, il n’y a aucun médicament, même pas de paracétamol, le matériel disponible est des plus rudimentaires. Les médecins et infirmiers vagissent dans l’ennuie absolue. Cette façon de faire n’est pas une politique de développement économique en matière de santé. Les hôpitaux ivoiriens sont devenus de vrais mouroirs tant les prises en charges y laissent à désirer.

Quand tu es admis à l’hôpital en Côte d’Ivoire, il faut que ta famille commence à prier pour toi et surtout à s’organiser pour l’achat de ton cercueil. L’hôpital en Côte d’Ivoire est aussi malade que les malades qu’il reçoit au point que les professionnels qui y évoluent n’ont plus l’énergie nécessaire pour exercer leur métier à l’image de l’école.
L'école en Côte d’Ivoire est elle-même perdue. Elle-même, ne sait plus trop ce à quoi elle forme les élèves et les étudiants. L'écart entre les besoins réels de l'économie et le système scolaire est énorme. A titre d'exemple, il n'y a pratiquement pas de plombiers dignes de ce nom en Côte d'Ivoire. L’école ivoirienne est tout aussi malade que les structures hospitalières. Elle est gravement malade à l’image de nombreux secteurs économiques et sociaux du pays.

L’école ivoirienne manque d’enseignants. Elle manque de tables bancs. Elle manque de salle de classes. Elle manque cruellement de personnels d’encadrement. L’effectif moyen par salle de classe à l’école primaire en Côte d’Ivoire avoisine les 80 élèves. Il est impossible pour un enseignant d’y faire son métier correctement quelle que soit sa motivation. Le 27 avril 2019, près de 59.000 candidats ont pris d’assaut 120 centres d’examen dans le cadre du concours d’instituteurs organisé par le ministère de l’éducation nationale. La principale condition pour concourir est d’être simplement titulaire BEPC. Oui, le brevet des collèges.

A l’issue, les lauréats vont pouvoir bénéficier d’une période probatoire de deux ans avant toute procédure de leur recrutement définitif. Le salaire qui leur est promis est de 100.000 francs CFA. Mais avec 100.000 francs CFA de salaire, quelle vie vont-ils avoir ces instituteurs émergeants ? S’attend-t-on avec un tel salaire de misère, qu’ils fondent des familles ? S’attend-t-on à ce qu’ils aient suffisamment de motivation pour faire leur travail correctement ? Pour rappel, la directrice des examens et concours annonçait un recrutement dans l’enseignement secondaire de 10.300 enseignants contractuels dont les salaires sont de 125.000 francs pour les enseignants de collège et 150.000 Francs pour ceux de Lycée. Un professeur qui va toucher 150.000 francs CFA. Le salaire d’un répétiteur à la maison. Pauvre jeunesse ivoirienne. Quel loyer ce professeur est-il en capacité de se payer en ville pour élever une famille ? Tout cela est l’illustration d’un désordre indescriptible qui s’est emparé du secteur éducatif de notre pays. C’est l’illustration de l’impréparation et le manque de professionnalisme de ceux qui, après avoir été « ethniquement rattrapés » ont été portés aux responsabilités.

Des responsabilités qui les dépassent en dehors d’un verbalisme fort, haut et creux qui voile la vue de nombre de concitoyens. L’école est avec la famille le lieu où s’opèrent les pas de l’action éducative de base et de la socialisation. C’est la clé de toute société qui se construit dans la modernité et le respect. Elle est le premier élément de reflet d’une société qui aspire au développement. Quand l’école est à ce point malade cela signifie que la société est véritablement gangrénée. On le voit bien la société ivoirienne est gangrénée et le nivellement par le bas de son école en est le reflet saillant. Il n’est pas étonnant de voir que la Côte d’Ivoire est aux premières loges des pays africains dont la jeunesse brave par désespoir le Sahara et la mer méditerranée se livrant ainsi en pâture aux nostalgiques des temps de l’esclavage et autres négriers des temps modernes.

C’est vraiment pitoyable pour la jeunesse ivoirienne qui mérite mieux que cette politique éducative sans perspectives. Cette jeunesse mérite mieux que çà. D’aucuns diront que c’est mieux que rien. Mais on n’a pas à donner à notre société, surtout à sa jeunesse le choix entre rien et une politique éducative de bas niveau. Ce type de choix n’est pas un choix. C’est une pénitence. Il va davantage enfoncer la jeunesse dans l’abîme. Dans ce pays, on glose à satiété sur une dynamique économique portée par une croissance à deux chiffres. On glose sur les pluies de milliards qui se déversent à longueur de journée sur le pays. Des pluies qui ne mouillent qu’une poignée d’individus et leurs amis de l’extérieur qui les aident à faire du lobbying auprès des bailleurs. Les signatures de protocoles d’endettement sont annoncées chaque jour. Mais où va cet argent ?

Que donne cette croissance dont on nous rebat les oreilles ? On endette le pays. Çà c'est une certitude. Mais cet endettement se fait sans l’engagement d’une politique susceptible de créer un élan de développement capable de sortir la population de la misère. Elle consiste essentiellement, répétons-le, à permettre à des amis essentiellement étrangers et de réseaux occultes de trouver des contrats à leurs entreprises. Et peu importe ce qu’ils font et comment ils le font. On a promis à ce pays l’émergence. Mais ce qu’on constate c’est plutôt un processus d’immersion sans précédent à côté duquel, on voit émerger du jour au lendemain une minorité de gens portée par le verbe très haut, très creux, très fort et criard et la Kalachnikov en bandoulière. Ils s’enrichissent comme jamais à coups de projets complètement fallacieux au grand dame et pour le drame de la population. Avec cette politique éducative au rabais, on se demande où va la Côte d’Ivoire dans sa politique économique.

Enfin,
Tout ce décor en miette est l'illustration de la fragilité de l'équilibre entre le social et l'économique en Côte d'Ivoire, du fossé énorme entre les gouvernants et les citoyens. Et cela pose un véritable problème pour l'avenir du fait de l'endettement colossal qui s'opère en arrière plan sans que l'on sache ce qui en résulte en termes d'infrastructures industrielles. De fait, la question que nous posons vise à induire un débat sérieux sur le processus économique actuel du pays.

Ce débat doit être conduit loin des invectives et autres diversions. Cette question invite toute personne en responsabilité à sortir du champ des réponses lapidaires et des formules en images toutes faites pour apporter des clarifications sur la politique économique du pays parce que nombreux sont les ivoiriens qui se demandent ce qu’est la politique économique de la Côte d’Ivoire .

DR KOCK OBHUSU
Economiste, Ingénieur