Affaire Ouattara gère le pays»: Que veut nous cacher le régime ?

Par LE TEMPS - Que veut nous cacher le régime ?

Les griots modernes du régime ont pris la «trompette» et chanté : «Ouattara gère le pays»; «Il enchaîne les audiences avec ses ministres», après Compaoré, Faure Gnassingbé, Sassou Nguesso et Yayi Boni annoncés à Abidjan, lit-on à la Une du confrère Le Patriote du vendredi 7 mars 2014. En se lançant dans cette opération de sensibilisation à travers nos confrères, le régime veut tranquilliser les populations qui s’interrogent de plus en plus sur l’état de santé réelle de Ouattara. Après ses déclarations à l’ambassade de la Côte d’Ivoire en France, puis à son
arrivée à l’Aéroport Félix Houphouët-
Boigny, affirmant sa parfaite santé, le chef de l’Etat ne
rassure pas vraiment l’opinion. On
se rend compte que sa gaieté et l’assurance affichées relativement à sa santé ne relevaient que d’une opération
de communication pour dissimuler
une souffrance privée. Car on a constaté les difficultés qu’il a eues
à descendre de l’avion et le poids de
son élan. Mais plus, comment un chef d’Etat qui a déclaré être en parfaite
santé, n’a pu depuis lors regagné son bureau, le Palais présidentiel,
pour y exercer ses fonctions depuis plus d’une semaine ? Personne n’a obligé Ouattara à déclarer qu’il
se portait comme un charme et qu’il ne sentait aucune douleur. Ces idées étaient sorties de lui-même. Personne mieux que lui-même ne pouvait savoir exactement ce qu’il
ressent au plus profond de lui comme gêne ou douleur. Mais alors pourquoi deux Conseils de gouvernement ont-ils pu se tenir, sans être suivis par des Conseils de ministres comme la norme le recommande ?
Un Conseil de gouvernement le mardi et un autre le jeudi, présidés par le Premier ministre Daniel Kablan
Duncan. Cela est un signe que le chef de l’Etat n’a pas la force de se déplacer pour aller jusqu’au Palais de la Présidence. Si Ouattara a demeuré à sa résidence, sans mettre les pieds dehors et y reçoit, c’est que sa convalescence n’est pas achevée et qu’il n’est pas, pour l’instant, en mesure de s’asseoir le temps d’un Conseil des ministres. Or, à domicile, il peut se relever rapidement, enfiler une tenue, recevoir aussitôt
un visiteur devant les caméras et replonger sur son lieu de repos. Mais est-ce cela, la vie de travail d’un chef
d’Etat en «pleine forme» ? Est-ce cela, «gérer le pays» ? Combien de temps Daniel Kablan Duncan va-t-il jouer les solitaires pour des Conseils
de gouvernement sans Conseil de
ministres ? Ou le chef de l’Etat va organiser les Conseils des ministres à sa résidence pour calmer encore les inquiétudes de la population ? Que veut cacher le régime à travers son opération de communication ?
Les hommes qui défilent au domicile du chef de l’Etat, ne viennent-ils pas pour autre chose que le travail ? Ne viennent-ils pas pour s’enquérir de sa santé et lui apporter leur soutien? Pourquoi n’enchaîne-t-il pas les audiences avec les ministres hors de son domicile ? Pourquoi un homme pressé de reprendre le «boulot», qui a déjà perdu assez de temps, a du mal à se détacher de chez lui pour booster les grands dossiers qui l’attendent…?

Germain Séhoué
gs0589444@yahoo.fr