Chronique diplomatique : Assemblée nationale - cette fois c’est la plus mauvaise complaisance de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire
Publié le lundi 19 mars 2012 | L'intelligent d'Abidjan - Le nouveau président de la nouvelle Assemblée de Côte d’Ivoire, s’appelle Soro Guillaume, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Mais, quand je regarde le parcours du député de
Publié le lundi 19 mars 2012 | L'intelligent d'Abidjan - Le nouveau président de la nouvelle Assemblée de Côte d’Ivoire, s’appelle Soro Guillaume, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Mais, quand je regarde le parcours du député de
Ferké, président de l’Assemblée nationale ivoirienne, la Côte d’Ivoire subit la plus mauvaise complaisance de son histoire politique. Déjà, à voir la ‘’manière’’ dont les députés ont procédé au vote et à l’élection de Soro Guillaume, sous l’œil amusé de toutes les chancelleries africaines et européennes, s’appelle à mon avis une intronisation. J’ai vu les votants, mais je n’ai pas vu le vote, aisément camouflé par des consignes de vote. Le résultat était déjà connu. A mon avis, on a outragé le texte intérieur de l’Assemblée nationale et la constitution ivoirienne et consolidé la ‘’maldémocratie’’ en Côte d’Ivoire : Soro Guillaume plébiscité, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Cette ‘’maldémocratie’’ renferme, à mon avis, deux messages : un ‘’hommage’’ à Soro Guillaume, père spirituel du Mpci, des Fafn, aujourd’hui Frci. Tout le monde connaît la suite. Le deuxième message est une vibrante nostalgie pour l’esprit du parti unique et de la pensée unique. Dans ce cas de ‘’maldémocratie’’, il n’y a plus de débats face aux projets du gouvernement. Des députés qui n’ont de repères que Bédié et Ouattara comme guides et éclaireurs pour décider sûrement des lois très impopulaires. Regardez bien le ‘’contenu’’ de la nouvelle Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Je ne sais pas qui est député d’opposition et député de la majorité présidentielle. Dans ce cas de ‘’maldémocratie’’, il sera très difficile à la nouvelle Assemblée nationale de s’exprimer correctement, dans le sens du devoir, sur la réforme de l’armée, sur la réforme de la justice. Et je suis sûr qu’aucun député ne protestera une virgule sur l’accord de partenariat de défense entre Paris et Abidjan. En toute honnêteté, la nouvelle Assemblée nationale n’aura que des réflexes de complaisance, suscitant du coup les conditions de sa propre inefficacité et particulièrement entachée d’une indulgence en faveur de Bédié ou Ouattara. C’est bien cela la ‘’ maldémocratie’’ ; et une mauvaise complaisance de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire. En vérité, je vous le dis, une Assemblée nationale sans opposition est loin de remplir sa mission de vérité ou de devoir. Autrement dit, une Assemblée nationale incapable d’exprimer les angoisses des populations. J’assume mon constat : la Côte d’Ivoire actuelle est malmenée par une ‘’maldémocratie’’ qui se trémousse dans une nostalgie de parti unique. Je sais que l’avenir démocratique de la Côte d’Ivoire est encore loin. Même si Guillaume Soro, président d’une Assemblée nationale sans opposition, parle de ‘’rassembler’’. Mais ‘’rassembler’’ qui ? 253 députés, dans une masse tranquille totalement résolue pour le pouvoir du président Ouattara ? Qu’on ne se trompe pas. Les projets de lois ou de gouvernement sont déjà votés et adoptés. L’Assemblée nationale n’aura pas de réflexes, coincée entre Bédié et Ouattara… et une classe politique ivoirienne mal informée des lois républicaines, de la fonction première de l’Assemblée nationale : un appareil de débats et d’éclairage. J’ai vu, il y a quelques années, l’article 11 de la constitution ivoirienne, combattu par des cadres du Pdci, qui faisait de Henri Konan Bédié à l’époque, le successeur de Félix Houphouët-Boigny. La Côte d’Ivoire ne sait plus redresser comme une république démocratique ambitieuse par la faute d’une classe politique bafouant sa propre constitution. Et, c’est bien cette classe politique rajeunie qui revient à l’Assemblée nationale actuelle, avec les mêmes mauvais sentiments : le non respect de la démocratie institutionnelle. En toute sincérité, la Côte d’Ivoire ne doit pas disparaître de l’histoire politique, démocratique et institutionnelle des Etats modernes. Guillaume Soro et l’Assemblée nationale actuelle seront crédibles, s’ils dénoncent le renforcement du cabinet du président Ouattara, qui fait d’une coquille vide le gouvernement du Premier ministre Ahoussou Jeannot Kouadio. Autrement dit, ce qui s’est passé à Yamoussoukro, va donner du sens à ce que je crois : des députés pas de devoir… dans un Etat Rhdp.
Par Ben Ismaël