Scandale/ À la Une: pris la main dans le sac
Par RFI - Scandale/ À la Une. Pris la main dans le sac...
L’ancien président de l’Assemblée nationale du Gabon, Guy Nzouba-Ndama a été interpellé samedi 17 septembre par les éléments des forces de sécurité avec des valises contenant la bagatelle de 1,9 milliard de FCFA (soit près de 2 millions d’euros), en provenance du Congo-Brazza.
Un billet de 10000 franc CFA de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC). L’ancien président de l’Assemblée nationale du Gabon, Guy Nzouba-Ndama a été interpellé samedi 17 septembre par les éléments des forces de sécurité avec des valises contenant la bagatelle de 1,9 milliard de FCFA (soit près de 2 millions d’euros), en provenance du Congo-Brazza. beac.int
Par :
Frédéric Couteau
Un homme politique gabonais arrêté samedi à la frontière entre le Gabon et le Congo Brazzaville avec des valises de billets de banque… C’est ce qui s’appelle en effet être pris la main dans le sac…
L’Union à Libreville relate la suite : « présenté devant les autorités judiciaires de Franceville, dans la province du Haut-Ogooué, pour répondre des faits qui lui sont reprochés, l’ancien président de l’Assemblée nationale, Guy Nzouba-Ndama, a donné des versions diverses lors de son audition avant-hier. Interpellé samedi dernier par les éléments des forces de sécurité avec des valises contenant la bagatelle d’1,9 milliard de FCFA (soit près de 2 millions d’euros), le président du parti Les Démocrates semble mal embarqué, pointe le quotidien gabonais. Si lors de son interpellation il avait déclaré aux agents de douanes que ses valises "contenaient des effets personnels de son épouse", c’est une version totalement différente qu’il aurait servie aux enquêteurs. Pour l’heure, ce que l’on sait, c’est que les fonds ont été reversés dans les caisses du Trésor public gabonais sous la surveillance du parquet de la République. »
Soupçonné de blanchiment
Le site Gabon Actu raconte la suite : « la procédure s’est accélérée hier. Guy Nzouba-Ndama a été transféré de Franceville vers Libreville pour répondre de l’accusation de blanchiment de capitaux. Son parti, Les Démocrates, dans une déclaration hier en fin d’après-midi, a exigé la libération de son président victime, selon lui, d’une détention illégale. Âgé de 76 ans, rappelle Gabon Actu, M. Nzouba-Ndama, ancien baron du pouvoir passé à l’opposition, poids lourd de la politique gabonaise, est l’un des possibles candidats à l’élection présidentielle prévue l’année prochaine. »
Alors désormais, précise Jeune Afrique, « l’ancien président de l’Assemblée nationale se trouve dans les locaux de la DGR, la Direction générale des recherches, dans la capitale gabonaise. Les enquêteurs cherchent à comprendre l’origine du milliard de francs CFA retrouvé dans ses valises. Selon nos informations, poursuit Jeune Afrique, Guy Nzouba-Ndama maintient que cet argent provient de ses propres comptes. Les images qui ont circulé sur les réseaux sociaux montrent des liasses de billets estampillées BEAC (Banque des États de l’Afrique centrale). Soupçonné de blanchiment, il pourrait maintenant être auditionné par la Cour criminelle spéciale. »
D’où viennent ces billets ?
En tout cas, s’interroge L’Observateur Paalga au Burkina Faso, « d’où provient ce magot avec lequel Guy Nzouba-Ndama tentait de passer la frontière en provenance du Congo voisin ? Provient-il de sa cagnotte personnelle qu’il a accumulée durant sa carrière politique et dont une partie a été planquée à Brazza ? Ces fonds lui auraient-ils été remis par les autorités de Brazzaville et à quelle fin ? Autant d’interrogations parmi tant d’autres auxquelles le président du parti Les Démocrates devrait répondre devant la justice de son pays. » Et « les partisans de l’opposition ont beau crier à l’acharnement politique, pointe encore L’Observateur Paalga, et critiquer les "dérives autocratiques d’un pouvoir qui ne sait pas préserver la dignité humaine", pour mettre hors-jeu un prétendant sérieux à la présidentielle de 2023, il faut reconnaître que même si tel est le cas, Guy Nzouba-Ndama a tressé la verge qui servira à le flageller. Car, en effet, on ne peut pas comprendre qu’une personnalité politique de sa trempe puisse tenter de traverser une frontière avec des mallettes bourrées d’argent, tel un trafiquant venu tout droit du crime organisé. »
ONU : Macky Sall prêche-t-il dans le désert ?
À la Une également, la 77e Assemblée générale de l’ONU qui s’est ouverte hier à New-York. « On y compte de nombreux dirigeants africains venus porter la voix du continent noir, relève Le Pays à Ouagadougou. Mais dans ce contexte de crise mondiale liée à la guerre en Ukraine qui polarise l’attention des Occidentaux, on se demande si au-delà des discours officiels, la voix de l’Afrique sera entendue. Le président sénégalais, Macky Sall, président en exercice de l’Union africaine, qui a été le premier parmi ses pairs présents à cette AG, à prendre la parole, a demandé au Conseil de sécurité de s’engager davantage dans la lutte contre le terrorisme. Mieux, il a demandé un mandat plus robuste et des moyens conséquents. Si ces préoccupations sont partagées par bien des Africains, notamment ceux du Sahel, il n’est cependant pas permis de tomber dans un optimisme béat. Macky Sall prêche-t-il dans le désert ? »
RFI